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Société

La campagne de réintégration des enfants en situation de rue, un échec ?

31/03/2023 Commentaires fermés sur La campagne de réintégration des enfants en situation de rue, un échec ?
La campagne de réintégration des enfants en situation de rue, un échec ?
Ildephonse Majambere : « Le phénomène des enfants en situation de rue est complexe. »

Depuis que la politique de réintégration des enfants en situation de rue a été mise en place, une campagne a été lancée mais des enfants restent dans la rue. Des mineurs sont attrapés et parfois même emprisonnés. La FENADEB alerte et le ministère appelle à la mutualisation des efforts pour palier le problème.

Malgré la campagne lancée par le ministère en charge des Affaires sociales, les enfants ont regagné les rues et ils sont nombreux surtout tout autour des feux tricolores au centre-ville de Bujumbura.

Ils courent vers tout véhicule qui semble ralentir, avec des risques d’être percutés, pour quémander. Ils ont 5 ans et plus, la plupart sont des garçons mais, il y a également des filles rassemblées en petits groupes.

La police et l’administration effectuent des rafles des enfants et des mendiants adultes devenus nombreux dans les différents axes de Bujumbura. Ils sont chassés et embarqués pour les mettre dans des centres de réinsertion, mais après ils reviennent.

Les enfants raflés peuvent rester plusieurs jours dans les cachots avant de rejoindre les centres de réinsertion au quartier Jabe.

C’est le cas des enfants en situation de rue qui étaient au cachot du commissariat municipal en marie de Bujumbura, le 14 mars.

Certains venaient d’y passer plusieurs jours. Ayant des difficultés pour avoir de la nourriture, des âmes charitables leur venaient en aide. Un groupe de chrétiens s’est organisé pour nourrir les détenus au BSR, mais ils ne le font pas régulièrement.

« Nous collectons ce que nous pouvons, et une fois qu’on a ce qui nous semble nécessaire, c’est là qu’on décide d’y aller. On ne les assiste pas tous les jours, une semaine ou deux peuvent passer sans qu’on se rende là-bas », explique l’un d’entre eux qui explique que les enfants étaient dans des conditions déplorables.

Pour Ferdinand Simbaruhije, porte-parole de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (Fenadeb), la place de ces enfants n’est pas dans les cachots.

Il affirme qu’il a été informé de la situation carcérale de ces mineurs dans les cachots du commissariat municipal en mairie de Bujumbura.

« Quand nous avons reçu l’information, nous nous sommes rendus au BSR. 24 enfants y ont été détenus. Parmi ces mineurs, 18 sont des enfants en situation de rue, 6 autres ont commis un viol ou des délits tels que de petits vols. Nous avons demandé que ceux qui ne sont pas accusés de crime soient transférés dans des centres appropriés. », indique M. Simbaruhije.

Les enfants en situation de rue, un problème complexe

Pour M. Simbaruhije, l’administration et les forces de l’ordre doivent travailler en synergie pour que l’encadrement de ces enfants soit une réussite.

Il rappelle que ces enfants ne peuvent pas rester en prison alors qu’il y a des centres d’accueil et d’hébergement mis en place par le gouvernement. Même des enfants ayant commis des infractions, dit-il, il faut les transférer aux centres de rééducation pour mineurs.

Il déplore le retour de ces enfants dans la rue après leur retrait de la rue. Et de souligner que les initiatives ne prennent pas en compte les racines des problèmes. « La politique nationale de la protection des droits de l’enfance et la stratégie nationale de retrait des enfants de la rue et des mendiants adultes donnent des orientations claires. Ces documents prévoient des actions concrètes pour venir à bout de ce phénomène, mais ne sont pas mis en œuvre ».

Pour Ildephonse Majambere, porte-parole du ministère de la Solidarité, la police est une structure de sécurité qui intervient quand elle constate des personnes errant dans la rue. « Si des gens sont raflés, elle les identifie pour séparer les enfants des adultes mendiants. Elle nous appelle pour récupérer les enfants, tandis que, pour les adultes, la procédure judiciaire s’ensuit. ».

Selon lui, le cas des enfants qui ont été emprisonnés n’a pas été signalé à temps pour des interventions nécessaires. « Nous n’avons pas été informés. C’est une erreur d’appréciation, car nous avons des stocks pour les nourrir dans des centres mis en place par le gouvernement. La mendicité est punissable par le code pénal. Même les mendiants adultes, dont les dossiers ne sont pas encore prêts, sont pris en charge ».

Pour lui, l’objectif était d’abord de sensibiliser l’opinion sur la gravité de ce phénomène et ses méfaits. Il fait savoir que des actions étaient déjà en cours.

Depuis le début de la campagne, en juin 2022, 1455 enfants en situation de rue ont été réinsérés dans leurs familles après avoir passé dans des centres de transit.

Les défis restent

Le porte-parole du ministère de la Solidarité fait remarquer que le phénomène des enfants en situation de rue a des causes complexes. Il cite notamment la pauvreté qui se traduit par le manque de la nourriture, la dislocation familiale et la délinquance. « Pour réussir, il faut faire l’identification sur base des causes familiales, économiques et psychologiques ».

Il signale que des actions sont mises en œuvre pour juguler le problème mais exige une mutualisation des efforts. « Tous les intervenants sont à l’œuvre à travers ces orientations. Il y a beaucoup d’intervenants dans les quartiers périphériques de Bujumbura pour essayer de retenir les enfants, soit à travers des jeux, les activités génératrices de revenus pour soutenir les familles d’accueil », fait savoir M. Majambere.

Dans cette bataille, fait-il observer, les défis sont énormes. Et d’évoquer la santé financière des parents qui ont démissionné de leur devoir d’éduquer et les gens qui donnent de l’argent aux enfants. « Donner de l’argent aux enfants ne fait qu’aggraver le phénomène. Un enfant qui rentre avec 5 mille BIF par jour considère la rue comme une nourricière », a-t-il conclu.

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