Une ordonnance du 7 février impose l’acquisition d’une Carte d’Assurance Maladie (CAM) à tout ménage non affilié à une mutualité d’assistance maladie et à toute personne ayant 18 ans révolus. L’Office Burundais des Recettes en fixe le coût à 3 000 francs burundais.
C’est une bonne politique sanitaire, une étape importante vers un système de protection sociale plus inclusif au Burundi. En effet, le coût des services de santé reste un poids lourd pour beaucoup de ménages. La Mutuelle de la Fonction publique ne couvre que les fonctionnaires et les salariés du secteur public et parapublic, qui représentent environ 10% de la population burundaise. Toutefois, l’initiative n’est pas nouvelle.
La CAM, créée en 1984 pour les populations du secteur informel, a connu plusieurs réformes. Ses fonds, initialement destinés aux soins, ont été détournés vers les besoins communaux, entraînant des dettes hospitalières. Par ailleurs, elle n’était opérationnelle que dans les centres de santé primaire et dans certains hôpitaux publics où les soins de santé sont minimes. En 2012, une CAM volontaire, ouverte à tout Burundais âgé de 21 ans, a été instaurée. Mais sa gestion centralisée par le ministère de la Santé, qui s’occupait de la vente, de la gestion des fonds et de l’évaluation a soulevé des critiques.
Certains craignent que la nouvelle CAM soit perçue comme une taxe plus qu’une assurance sociale. Un expert souligne que la CAM devrait répondre au principe de solidarité qui implique que chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon besoins. « Un système où tout le monde paie la même prime, indépendamment de ses revenus, risque d’être régressif et de pénaliser les plus pauvres. »
Un système d’assurance maladie efficace repose sur trois piliers : une gouvernance financière rigoureuse, une couverture étendue et des services de qualité, trois défis majeurs pour le Burundi.
Déjà, un habitant de Kayanza déplore le fait qu’une carte soit vendue à 30 mille francs dans certains endroits.
La santé est un droit fondamental. Or, une large portion de la population burundaise ne bénéficie toujours pas d’un accès aux soins de santé essentiels, aux services de santé de qualité au moment et à l’endroit où ils sont nécessaires. Le Burundi compte environ un médecin pour 20 000 habitants et les infrastructures sanitaires sont inégalement réparties sur le territoire. « Une assurance maladie ne crée pas instantanément des hôpitaux, des médicaments ou des médecins », dit un expert.
En définitive, la CAM pourrait favoriser l’inclusion sociale. Elle touche les secteurs d’ordinaire exclus, tels que les travailleurs ruraux, indépendants ou informels. Cependant, sa réussite dépendra de sa mise en œuvre. Sinon, l’histoire risque de se répéter (bis repetita…).
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