Dans plusieurs points de vente de la boisson Sapor, aucun carton la contenant n’est visible sur les étalages. La boisson est vendue en cachette. Les vendeurs disent qu’ils sont obligés de la vendre en toute discrétion. Ils soulignent aussi que les policiers qui font les fouilles sont les premiers à la consommer. Des parents sont inquiets pour leurs enfants en vacances.
Le 16 juillet 2024, le Bureau burundais de normalisation et du contrôle de la qualité (BBN) a sorti un communiqué interdisant la vente de la boisson Sapor wine juste après la mesure du maire de la ville de Bujumbura suspendant sa vente dans la capitale économique. Mais, sa consommation, quoiqu’en cachette, reste de mise. Les vendeurs, de peur de perdre leur argent et ne sachant pas quoi faire des cartons qui restent dans leurs stocks, préfèrent servir les consommateurs clandestinement.
Craignant les fouilles des policiers, les vendeurs ont adopté des stratégies pour qu’ils puissent écouler leur marchandise. « Nous ne servons pas n’importe qui parce que les policiers peuvent aussi s’habiller en civil. Bien plus, nous ne laissons pas nos clients accros à la boisson la consommer au vu et au su de tout le monde. Cela peut nous compromettre », raconte un vendeur. Ils ajoutent que les boissons prises pendant les fouilles profitent aux policiers.
Un vendeur qui a requis l’anonymat dans le quartier INSS de la zone urbaine de Mukaza dit que les policiers qui ont raflé chez lui deux cartons contenant les bouteilles de Sapor n’ont pas fait 50 m de sa boutique avant de commencer à les consommer. « Je me demande s’il y a un stock destiné aux produits pris pendant les fouilles. Sinon, je ne comprends pas pourquoi les policiers ne les acheminent pas là où ils devraient être acheminés », se lamente-t-il.
Un contenu dans un autre contenant
Dans un quartier du nord de la capitale économique, la consommation de la boisson Sapor n’a jamais cessé. Même si les stocks se vident progressivement, les consommateurs savent par où passer pour s’en procurer et la manière de s’y prendre pour ne pas induire en erreur leurs fournisseurs. « Les boutiques qui ont des stocks sont connues. Si vous en voulez, vous me le dites. A condition que vous m’en achetiez une bouteille aussi », raconte un consommateur visiblement sous l’effet de cette boisson.
Il fait savoir que les vendeurs prévoient des bouteilles de « Energy » ou celles des produits Brarudi dans lesquelles ils versent la boisson pour ne pas éveiller la curiosité. « Les tenanciers des boutiques qui vendent Sapor wine nous connaissent. Quand je me pointe devant un comptoir, je n’ai pas à commander ou à dire quoi que ce soit. Il suffit de brandir 2 000 BIF devant nez du boutiquier. Il s’éclipse pour me la verser et l’affaire est close », témoigne-t-il.
Pour ce consommateur, si les stocks venaient à s’épuiser complètement, il va se rabattre sur Susuruka wine. Seulement, il regrettera le goût de Sapor. En outre, il estime que les produits moins chers qui remontent le moral ne manquent pas. « On trouve dans presque toutes les boutiques les boissons de rechange comme Susuruka wine, Hozagara, Savana wine, Terama wine et même le Kick », précise-t-il.
Des mesures qui profitent aux policiers
En plus de vendre clandestinement la boisson Sapor interdite sur le marché, les boutiquiers accusent les policiers de vendre la boisson après l’avoir prise durant les fouilles. « Allez dans la zone urbaine de Musaga. Ce sont les policiers qui vendent Sapor. Après une rafle, les policiers les vendent à 1 000 BIF la pièce alors que normalement la bouteille coûte 2 000 BIF », témoigne un vendeur.
Ce vendeur dit ne pas comprendre pourquoi quand les produits illégaux, y compris Sapor, sont saisis, ils sont, dans la plupart des cas, une aubaine pour certains policiers. « Nous avons acheté ces Sapors pour les vendre et gagner de l’argent. S’ils sont bannis du circuit, cela nous fait mal de voir qu’ils procurent de l’argent à ceux qui n’ont rien investi pour pouvoir en profiter », se lamente-t-il.
Un autre vendeur accuse les policiers qu’ils improvisent eux-mêmes des fouilles sans l’ordre de leurs chefs hiérarchiques. « C’est normal que ces policiers fassent leur travail. Mais, si les fouilles étaient commandées par leurs chefs, les produits saisis comme Sapor arriveraient à leurs postes d’attache », précise-t-il. Contacté à ce sujet, Désiré Nduwimana, porte-parole de la Police n’a pas décroché son téléphone.
La crainte des parents pour leurs enfants va grandissant
Un parent habitant dans l’un des quartiers du sud de la capitale économique se dit inquiet pour les jeunes en vacances. « On a applaudi la mesure de suspension de cette boisson, mais cela ne semble pas aller comme on l’avait espéré. Tout d’abord, ceux qui sont chargés de surveiller l’exécution de cette mesure, non seulement ils font partie des consommateurs mais aussi ils écoulent ce produit à un prix qui arrange les jeunes », se lamente-t-il.
Les autres boissons aussi nocives que le vin Sapor, selon un autre parent, devraient également être bannies tant au niveau de leur production que de leur vente. « La prolifération des vins locaux a pris un rythme inquiétant et leur accessibilité cause des problèmes. Les jeunes ne passent leur temps qu’à consommer ces boissons et leur avenir est compromis », s’inquiète-t-il.
L’Etat, selon les parents, devait prendre des mesures drastiques pour juguler ce comportement des jeunes en pointant du doigt la Police des mineurs qu’ils qualifient d’inactive.
En pratique, les marchandises non écoulées par les vendeurs pour diverses raisons (retrait volontaire et/ou forcé du marché, dates de péremption, défaut de fabrication ou autres risques comme la contamination, la non-conformité, injonction judiciaire, etc.) sont retournées chez le fabricant pour correction ou remboursement. Si cela n’est pas le cas, il faudrait revoir les lois et les règlements en vigueur en la matière.
La police ou tout autre autorité ne devraient s’immiscer dans ce type de processus que s’il y a des vendeurs qui ne respectent pas la procédure de retour, c’est-à-dire qui continuent de vendre un produit prohibé… ET uniquement avec un document essentiel : « UN MANDAT DÉLIVRÉ PAR UN JUGE »!
En Afrique ,avec les histoires de ma part le mot développement nous demeurons l’entendre sur les médias.
le pays ne peut pas se développe lorsqu’on empêche les investiteur de produire et de vendre traquilement leurs produits.
la question je me pose toujours ,est ce que ces policiers n’ont pas la même sante que les consommateurs???
Akajagari !!!
Quand l’ordre sera-t-il établi à tous les niveaux ?
Quelque chose dans l’organisation des services cloche !!!
Bonne chance