Exonérés des droits de douane, les boissons alcoolisées abondent actuellement dans le marché burundais. Les consommateurs de bière sont satisfaits. Mais, ils exigent un contrôle sérieux au niveau du BBN sur le volet qualité, une surveillance des prix par le ministère du commerce.
<doc4314|left>Il suffit de faire le tour de la capitale Bujumbura, dans différents bars pour se rendre compte de l’intégration régionale même dans la bière. Des panneaux publicitaires pour des marques de bière comme Tusker (bière du Kenya), Skol (du Rwanda), Senator, Mutzig… sont affichés ici et là, sur les murs des bistrots.
Les consommateurs de ces boissons sont contents : « Nous sommes heureux que les différents boissons alcoolisés des autres pays de l’EAC puissent aussi être vendus dans notre pays », se réjouit A. K. Il explique que parfois, ces boissons complètent l’action de la Brarudi (brasserie locale) : « D’habitude, je prends l’Amstel, mais cela ne m’empêche pas de prendre de la Skol quand je n’en trouve pas. Ils ont tous les deux presque le même goût, sauf que le prix de la Skol est élevé.»
C’est aussi la satisfaction pour C.B., fan du Senator : « Je souhaite que ces boissons continueront à venir en abondance au Burundi pour qu’ils puissent concurrencer les produits de la Brarudi au niveau du prix et de la qualité. » Pour lui, le fait que la Brarudi fonctionne en tant que monopole sur le territoire burundais a des conséquences sur la montée des prix de ses produits : « Une fois la bière de l’EAC devenue très abondante au Burundi, les prix des produits de la Brarudi chuteront. Mais aussi, cette usine pourra se performer qualitativement et quantitativement. »
D’autres consommateurs interrogés indiquent qu’ils ont choisi de continuer à boire la bière locale. Certains affirment qu’ils ressentent des maux de tête quand ils consomment les bières importées. D’autres vomissent. « Je ne prends que la bière locale, car les autres ne sont pas de mon goût.», précise, A.N. Et il y a ceux qui ne peuvent pas aborder leurs prix. « Moi je n’oserai pas acheter ces boissons car les prix d’achat sont élevés que ceux des produits BRARUDI», fait savoir N.K, prenant sa bière « Primus »
Les vendeurs sont aussi satisfaits. « Le stock pour ces boissons de l’EAC s’écoule facilement. Nous avons un bon nombre de clients qui ne prennent que ces bières. Et il n y a pas de rupture de stock comme on peut le constater pour certains produits de la Brarudi», indique, D.N. L’approvisionnement est aussi facile pour lui. « Nous passons nos commandes par téléphone et on nous amène les boissons dans nos lieux de vente », indique-t-il.
<doc4317|right>Oui la concurrence, mais la réglementation !
Le président de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO), Noël Nkurunziza, soutient cette présence de boissons alcoolisés de l’EAC sur le marché burundais, mais réclame une réglementation au niveau de la consommation. « Oui, la diversité des produits facilite le consommateur dans son droit au choix. Mais il ne faut pas que les Burundais deviennent des soûlards », souligne-t-il. En outre, il déplore le fait que la jeunesse burundaise s’adonne beaucoup à l’alcool sans qu’il y ait un contrôle gouvernemental. Ainsi, il dénonce certains cas de tricherie observés sur les emballages de ces boissons. « Sur certaines boissons, par exemple, on mentionne sur l’emballage que le degré d’alcool est de 12%. Mais, lorsqu’on les consomme, on trouve que c’est de l’eau ! Que l’on nous garantisse au moins sur la qualité de ces boissons ! », insiste-t-il.
A cet effet, M. Nkurunziza doute de la véracité des dosages d’alcool mentionnés sur les différents emballages des boissons, ce qui peut avoir des effets néfastes sur la santé des gens.
Outre ces recommandations, le président de l’Abuco appelle le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme à surveiller l’application des prix sur l’ensemble des produits commercialisés localement et les boissons importées, pour qu’il n y ait pas exagération. « Le gouvernement devrait s’assurer que les marges bénéficiaires soient légales. Le code du commerce exige l’affichage des prix, mais ce n’est pas fait ! Il appartient aux inspecteurs du commerce de le faire », signale-t-il.
<doc4315|right>" La Brarudi n’a pas peur d’être concurrencée "
Face à cette introduction de la bière en provenance des pays membres de l’EAC au Burundi, d’aucuns pensent que les sociétés qui produisent cette bière vont prendre le marché à la Brarudi. Mais, Alexandra Sindahebura, chargée de la communication à la Brarudi, fait savoir que son entreprise n’a point peur de cette concurrence : « La concurrence est très positive, car elle amène les gens à s’améliorer. Et au niveau de la Brarudi, nous cherchons toujours à satisfaire notre consommateur à chaque fois qu’il exprime son besoin. » Elle précise que chaque année, la Brarudi engage des études auprès des consommateurs pour savoir leur tendance. « C’est comme ça que nous avons introduit la Mutzig, dernièrement. Aussi, nous continuons à investir beaucoup pour éviter la rupture de stock de nos produits, sinon nos consommateurs aiment nos produits », assure-t-elle.
Quant à la question de la certification de ces boissons made in EAC, le Bureau Burundais de Normalisation (BBN) est à pied d’œuvre. « Nous vérifions que tous les paramètres de qualification sont respectés», affirme Damien Nakobedetse, directeur de la BBN. Et pour les propos du président de l’ABUCO dénonçant les cas de tricherie sur les proportions de l’alcool mentionnées sur l’emballage, M. Nikobedetse rassure : « Nous comptons ouvrir un numéro vert pour que les gens puissent nous signaler d’éventuelles fraudes. Et nous saurons quelle attitude adopter, selon les cas dénoncés. »
Concernant la question des prix pratiqués, le porte-parole au ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, Dismas Baradandikanya, a une réponse péremptoire : « C’est la loi de l’offre et de la demande qui détermine le prix de ces produits. »