Près de deux semaines sans carburant dans le pays. Ce 10 août, le journal Iwacu avait fait le tour de certaines stations. Reportage…
Voitures particulières, camions, taxi-moto et taxi-voitures font une longue queue devant les pompes de la station Top One Petrol Compagny. Tout près du rond point des Nations-Unies. Les klaxons sont étourdissants. Certaines voitures essayent de se frayer un chemin pour être servi plus rapidement : « J’ai eu mon essence et je m’en vais », lance un jeune chauffeur avec un grand rire.
« Ils nous disent qu’il n’y en a pas. Si tu as la chance de faire le plein, ne la rate pas. C’est une honte pour notre pays. Comment va-t-il se développer ? » Rajoute un chauffeur qui vient d’attendre 2h pour être servi. Et si tu es un ami du gérant, tu es servi rapidement.
« Ma famille est à Gitega et je viens de passer deux jours à attendre de faire le plein de mon bus », se lamente George Iciza, père de six enfants, qui fait le transport Bujumbura- Gitega. Ils ne leur donnent pas d’explication sur cette carence. Soudain, il décroche le téléphone pour parler à sa femme. « Allo ! Oui ! … J’espère avoir du carburant. Au revoir », répond-t-il avec incertitude.
Un autre bus un peu plus derrière a eu une panne bête. Le chauffeur, son convoyeur et deux de ses amis essayent de pousser péniblement le véhicule.
Léonidas Niyomvo, gérant de la station affirme que chaque client peut avoir autant de litres qu’il veut. Au milieu des motards, des voitures et de ceux qui viennent chercher le pétrole dans de petits bidons, il lance un appel : « Nous souhaitons par contre que d’autres clients viennent s’approvisionner chez nous. » Il regrette qu’après avoir servi certains clients, ils revendent le carburant à 3.000 voire 4.000Fbu le litre.
A la station Kobil située sur le boulevard du 28 novembre, cela fait deux jours que les pompistes servent du carburant. Les voitures attendent le long du boulevard sur une distance d’environ 200 mètres.
Le stock avoisinait les 7 milles litres. Il n’en reste que presque 400 litres à servir. Mais à cause des clients qui en profitent et revendent le carburant, Aloys Ndikumana, gérant de la station Kobil interrompt la distribution : « Je ne veux plus voir ces gens avec des bidons. Ils vont le revendre le carburant à 50 mètres de la station. J’en ai surpris un à son troisième tour », crie-t-il du haut du balcon de la maison qui abrite la station. Hélas pour lui, le camion d’essence, qu’il vient d’envoyer à Bururi, a été mélangé à de l’eau. Il vient de l’apprendre par téléphone.
Un des nombreux taximen qui y garent n’en peut plus : « Depuis le matin que je suis ici. Il est 11h et si je ne travaille pas ma femme et mes six enfants ne vont pas manger. » Pour la plupart des chauffeurs, leurs voitures étaient tombées en panne bête : « Ils refusent même de me donner deux litres pour dépanner la voiture de ma patronne qui se trouve en ville », se plaint un vieux chauffeur d’une cinquantaine d’années.
Aux autres stations, disent des chauffeurs, il n’y avait aucune goutte de carburant. Le gouvernement a revu à la baisse de 30Fbu le prix de tous les types de carburant.