Ils ont été limogés depuis le 12 avril de cette année. Ils estiment que la décision est illégale. Pourtant, l’inspecteur du travail parle de fautes lourdes de la part de ces agents.
«Le KK Security vient de licencier abusivement 164 agents ayant des contrats à durée indéterminée », s’étonne K.D, un des employés. D’après lui, tout commence lundi 02 avril. Les gardes de nuit se réunissent comme d’habitude dans les zones de rassemblement. Curieusement, explique-t-il, les membres de la direction ne veulent pas ce rassemblement alors qu’il est exigé avant de regagner différents postes d’attache: « Ils craignaient des mouvements de revendication de la part du personnel. » K.D affirme qu’ils ont subi des menaces de leurs supérieurs : « Nous avons alors décidé de nous réunir au Training School à Rohero pour trouver une solution. » M.A, un autre garde de nuit de KK Security affirme que le directeur général de cette société, le représentant de l’inspection du travail et de l’Association des employeurs du Burundi étaient présents ce soir dans cette réunion. Les revendications portaient sur 14 points, ente autres le paiement des jours de récupération et jours fériés, l’octroi de la prime d’ancienneté, des allocations familiales et l’harmonisation des contrats de travail. Ils réclamaient également l’augmentation des salaires, la couverture des soins de santé, etc. Jeudi 12 avril de cette année, racontent-ils, Patrick Barwendere, directeur général de KK Security sort alors, à leur grande surprise, une lettre de licenciement. 164 agents sont concernés. 29 d’entre eux sont d’abord emprisonnés le même jour, puis relâchés samedi de la même semaine. Ces employés demandent au directeur de ne plus envoyer les éléments du Service National de Renseignements (SNR) pour les arrêter. « Nous ne pouvons plus tenir une réunion pour choisir un avocat parce que nous sommes menacés », déplorent-ils.
« Je suis un bouc émissaire »
Anatole Ndikumana, responsable de l’association des agents des sociétés de gardiennage et des veilleurs du Burundi se dit aussi menacé. Selon lui, le 2 avril, il a été arrêté sans mandat par un certain Célestin Mpozenzi, responsable du SNR en Mairie de Bujumbura : « J’ai été emprisonné au cachot de ce service et j’ai été libéré 5 jours plus tard. » Anatole Ndikumana révèle qu’il est accusé d’inciter les agents de KK Security au mouvement de grève. Il précise que les menaces pèsent toujours sur lui. Il demande aux responsables du SNR de ne plus le pourchasser, car il n’est pas agent de cette société. Interrogé par Iwacu, Célestin Mpozenzi nie les faits en nous renvoyant au porte-parole du SNR. Nous avons contacté Télesphore Bigirimana sans succès. Barnabé Nduwamungu, un des trois inspecteurs principaux à l’Inspection du Travail reconnaît que ces agents avaient le droit de faire des revendications. Il déplore cependant leur attitude : « Ils n’ont pas déposé le préavis de grève. Ce qui est contraire à l’article 214 du code du travail. » Pour lui, même le service minimum n’a pas été assuré, un autre manquement grave, selon lui. Barnabé Nduwamungue parle alors de fautes lourdes passibles d’un licenciement sans préavis. Toutefois, ces agents rejettent ces propos en affirmant que les gardes du jour ont assuré ce service minimum et qu’il ne s’agissait pas d’une grève mais une façon de refuser « l’inertie administrative ».
Une décision légale
Des sources proches de la direction générale de KK Security réfutent toutes les allégations portées contre elles. D’après les mêmes informations, ces agents sont fautifs pour avoir déserté leurs postes alors qu’ils gardent les gens et leurs biens. Nos sources ajoutent que toutes les revendications allaient trouver une issue favorable mais qu’un petit groupe a pris en otage le reste des agents. Selon ces sources, la direction n’est pas en train de poursuivre ces agents. Néanmoins, des sources dignes de foi font savoir que la direction a accordé à ces agents un mois pour la demande de réintégration. Et de préciser que plus de soixante personnes licenciées ont déjà rédigé des lettres de réintégration. La société Kenya Kazi Security existe il y a 45 ans. Elle est présente dans 7 pays en l’occurrence le Sud Soudan, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et la République Démocratique du Congo. Cette société est au Burundi depuis 2007 et compte plus de 800 employés.