Le quartier Kiyange, zone Buterere, commune Ntahangwa est destinée à refléter la « belle » image de Bujumbura. Néanmoins, certains jugent l’endroit inapproprié.
Au regard de sa conception, sa localisation géographique et des exigences en construction, le Deuxième vice-président de la République, a qualifié le quartier Kiyange de « haut standing », lors d’une visite, en novembre dernier.
Joseph Butore est allé jusqu’à le considérer comme le « miroir de la ville de Bujumbura ». Et ce en raison de son emplacement sur la route menant à l’aéroport International de Bujumbura.
Des sources sur place disent que ces parcelles ont été attribuées à des parlementaires, de hauts dignitaires et à des diplomates accrédités à Bujumbura pour leur permettre de construire leurs ambassades non loin de l’aéroport.
Des particuliers ont aussi reçu des parcelles. « Construire une maison en dur et en étages était un des critères pour être éligible », confie I.K.
Sur place, certaines maisons sont habitées, d’autres en chantier. Des maçons, des « ingénieurs » s’activent.
En face de maisons ordinaires, des habitations à un étage. Rares sont celles à deux niveaux. Une sorte de copier-coller de certains plans de Carama, Gasekebuye, etc.
Des routes asphaltées ont été tracées. Le Deuxième vice-président a promis pour bientôt un raccordement en eau et en électricité. Et il y a une semaine, l’Urbanisme a déterré toutes les bornes de délimitation de parcelles dans un espace réservé aux jeux et loisirs.
Les habituels champs verdoyants de riz, de légumes comme les choux, les amarantes, les tomates… ont cédé la place aux habitations. Des palmiers à huile ont été déracinés.
Appelé également « quartier diplomatique », Kiyange longe la route menant vers l’aéroport International de Bujumbura. A l’est, se trouve le bureau zonal de Buterere et le centre Don Bosco. Et non loin de là, vers le sud-est, il y a les stations d’épuration des eaux usées de Buterere.
« C’est à l’Etat de jouer son rôle régalien »
Les anciens exploitants de Kiyange sont déboussolés. « On ne va plus trouver où cultiver », se lamente une mère, quadragénaire, rencontrée sur place. Elle affirme que cet endroit était très fertile pour les aubergines, les tomates, le maïs, la patate douce, etc. Simon, un autre agriculteur, renchérit : « On va mourir de faim. »
« Cet endroit n’est pas approprié », critique un environnementaliste sous couvert d’anonymat. Il s’agit d’une zone à risque et inondable. Il rappelle les inondations de 2014, à Carama.
Il suggère ainsi au préalable un plan de construction précédé par une étude du sol. « C’est ici que l’Etat doit jouer son rôle régalien en exigeant des infrastructures capables de résister aux intempéries éventuelles ».
Cet expert conseille aux acquéreurs de parcelles d’anticiper les effets du changement climatique. Il fait savoir que les zones proches d’un aéroport ne sont pas résidentielles. Et de souligner qu’elles ne sont pas favorables au repos, suite aux éventuels accidents liés aux problèmes de décollage et d’atterrissage des avions.
Juvénal Baransata, conseiller au cabinet du ministre des Travaux publics, n’y voit aucun problème si une étude du sol a été bien menée et que les propriétaires ont des moyens suffisants pour construire en dur.
Juvénal Baransata est expérimenté. Il faut écouter ses conseils prévisionnels.
Le site de Kiyange est une zone inondable. Toujours les mêmes erreurs, mettre la charrue avant les boeufs.