Plusieurs enfants sont morts pour cause de paludisme en commune Busoni, depuis deux semaines. Parents et personnel soignant se renvoient la balle.
<doc4624|left>Très en colère, Francine Mukandekezi, habitante du secteur Rwibikara en zone Gisenyi, ne mâche pas ses mots : « Nos enfants sont en train de mourir par manque de soins de santé, alors que le gouvernement a institué la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans. »
Selon cette mère de sept enfants, seuls les riches parviennent à se faire soigner au centre de santé de Marembo, alors que c’est un centre de santé public. Lorsqu’un malade s’y dirige, poursuit-elle, le personnel soignant lui consacre à peine du temps quand il n’a pas de quoi payer. « Les infirmiers te repoussent et te demandent de laisser passer ceux qui ont de l’argent », confie-t-elle.
Pour Janvier Ntamavukiro, un autre habitant du secteur Rwibikare, même lorsque des infirmiers daignent jeter un regard sur un enfant malade, ils ne lui donnent que deux ou trois comprimés et renvoient ses parents acheter d’autres médicaments à la pharmacie de la place. Faute de moyens, signale-t-il, des enfants souffrant de la malaria et de la typhoïde meurent en grand nombre, depuis quelques jours.
Le personnel soignant au centre de sante de Marembo réfute en bloc toutes ces accusations. D’après Jean-Marie Nizigiyimana, responsable adjoint audit centre de santé, ces allégations sont sans fondement : « Nous avons suffisamment de médicaments pour soigner tout le monde, car nous collaborons avec la CTB qui paie 65% des frais de la politique de gratuité de santé. Elle nous évalue chaque mois pour vérifier s’il y a une éventuelle rupture de stock. »
L’ignorance et la négligence, des maux de Gisenyi
D’après lui, les cas de décès enregistrés, ces derniers temps, sont essentiellement dûs à l’ignorance de la population de la zone Gisenyi. Pour lui, malgré les explications des infirmiers, la population pense que trois comprimés d’artésunate et amodiaquine ne guérissent pas le paludisme, alors que ce sont les prescriptions de l’OMS.
Il arrive même qu’au lieu d’administrer à leurs enfants ces trois comprimés, ajoute M. Nizigiyimana, des parents leur en donnent deux et réservent e troisième à un autre enfant qui vient d’attraper la malaria.
L’autre aspect, avance ce responsable, c’est la négligence des habitants de ce secteur : « Certains nous amènent déjà des enfants en manque de sang. » D’autres, poursuit-il, n’utilisent pas les moustiquaires à bon escient.
Pour preuve, le centre de santé de Marembo enregistre chaque semaine entre 450 et 500 cas de malades du paludisme. Et malgré la sensibilisation, poursuit-il, rien n’y fait, car la plupart utilisent ces moustiquaires comme poulailler.
Quant à l’allégation selon laquelle les malades sont envoyés à la pharmacie pour acheter les médicaments, Jean-Marie Nizigiyimana indique que ce cas arrive rarement lorsqu’il y a rupture de stock des sirops à administrer aux petits bébés. « Nous leur proposons d’attendre l’arrivée de nos propres sirops ou d’en acheter à la pharmacie », signale-t-il.