Lundi 23 décembre 2024

Politique

Kirundo : Qui sont les vandales ?

20/07/2019 Commentaires fermés sur Kirundo : Qui sont les vandales ?
Kirundo : Qui sont les vandales ?
Antoine Rwasa : « Pourquoi sommes-nous toujours malmenés alors que nous sommes reconnus par la loi?»

Les militants du Cndd-Fdd et ceux du CNL de la zone Murungurira, commune Ntega, en province Kirundo, se regardent en chiens de faïence. Des maisons ont été vandalisées dans la nuit du dimanche 14 juillet. Les deux camps se rejettent la responsabilité. L’administrateur rassure.

Selon Philippe Ngabonziza, administrateur de Ntega, six maisons ont été saccagées sur la colline Murehe. Cinq appartiennent aux membres du parti au pouvoir tandis que la restante est une propriété d’un membre du Congrès national pour la liberté(CNL). La plupart de ces maisons ont eu leurs toitures en tuiles endommagées et les fenêtres et les portes démolies. Sur l’identité des auteurs, M. Ngabonziza n’y va pas par quatre chemins. Il pointe du doigt un groupe de militants du CNL : « Ils ont profité des heures durant lesquelles les chefs de ménage font des rondes dans le cadre des comités mixtes de sécurité pour faire leur sale besogne. »

Pour brouiller les pistes, explique l’administrateur, ils sont allés refaire la même chose chez le domicile de l’un des leurs. Cependant, il assure que ce fut peine perdu. M. Ngabonziza soutient que ce sont leurs compagnons de lutte qui les ont dénoncés. D’où l’arrestation de quatre militants, le lendemain. Il s’agit de Paul Ndayisaba, Anicet Niyonzima, Alexandre Ntirandekura et Gahungu, fils d’Uwayabonye. Tous membres du CNL, ils ont été amenés au cachot de la police au chef-lieu de la commune Ntega.

Les Inyankamugayo ne sont pas coupables

« C’est un montage ourdi par les Imbonerakure pour discréditer les Inyankamugayo », lâche Pascal Mushengezi, responsable du CNL en zone Murungurira. Il réfute les allégations de l’administrateur et donne sa version des faits. Tout remonte au dimanche 14 juillet. La direction provinciale de leur parti a organisé une réunion avec les militants venus de toutes les communes au chef-lieu de la Province. De retour à Murungurira, les militants du CNL décident d’étancher leur soif dans un bar de la place. Cependant, les Imbonerakure les en empêchent.

Philippe Ngabonziza : « Ce n’est pas parce qu’une dizaine de personnes s’est chamaillée que la situation devient insupportable.»

Face à cette provocation, ils en viennent aux mains. «J’ai reçu un coup de fil aux environs de 20h me disant que les Imbonerakure et les Inyankamugayo se sont chamaillés », fait savoir M. Mushengezi. Après les échauffourées, ils sont tous rentrés à la maison. Le lendemain matin, Philippe Ngabonziza, l’administrateur communal, Jean-Marie Mugumyankiko alias Sindyibigori, secrétaire communal du parti Cndd-Fdd et des Imbonerakure vont faire une descente dans cette zone. C’est à cette occasion que les quatre militants, accusés d’avoir vandalisé des maisons, sont arrêtés. Depuis ce jour, plusieurs militants vivent la peur au ventre. Par crainte de représailles, certains partisans d’Agathon Rwasa ne passent plus la nuit chez eux, depuis ces incidents. A l’instar de Gérard Mberamiheto qui dort désormais dans les bois. « J’essaie d’éviter de rencontrer des Imbonerakure, sinon si je tombe nez à nez avec eux, j’aurais affaire à eux  » Il y a deux mois, fait-il savoir, alors qu’il sirotait sa bouteille de vin de banane, il a été battu par des Imbonerakure. Ils l’ont accusé d’être un membre du CNL. L’éternelle antienne. Ces bourreaux ont été arrêtés, puis relâchés. Des séquelles sont visibles. Des cicatrices sur la tête et sa démarche titubante.

Antoine Rwasa, quant à lui, se terre dans sa maison. Lui et sa famille subissent des menaces jour et nuit de la part d’Imbonerakure. « On m’accuse de faire partie du groupe qui a saccagé les maisons alors que j’étais malade. C’est un prétexte pour me persécuter parce qu’ils savent que je ne serais jamais des leurs ». M. Rwasa s’était réfugié en Tanzanie, au mois de mai, pendant deux semaines. Il a reçu un coup de fil lui signifiant que l’administrateur avait assuré à sa famille qu’il ne sera pas poursuivi. Il craint que les promesses de l’administratif restent lettre morte. «  Pourquoi sommes-nous toujours malmenés alors que nous sommes reconnus par la loi ? », se demande ce père de 7 enfants.

Pas de torchon qui brûle

M. Mushengenzi déplore le comportement du secrétaire communal du parti au pouvoir : « C’est lui qui est à la base du climat délétère qui prévaut dans notre zone. Il ne veut pas entendre parler de partisans du CNL. Nos membres sont tabassés sur ses injonctions. » Lui aussi ressortissant de la zone Murungurira, Jean-Marie Mugumyankiko y réside. Contacté pour répondre à ces accusations, il n’a pas voulu s’exprimer. A ce propos, l’administrateur prend plutôt sa défense. Il assure que le secrétaire communal est un homme responsable. Il ne peut aucunement tremper dans des bavures susceptibles de déstabiliser sa zone. En outre, il appelle les Inyankamugayo à ne pas s’alarmer pour rien car la cohabitation entre les différents partis politiques est globalement bonne dans sa commune. « Une zone est peuplée par plus de 2500 habitants. Ce n’est pas parce qu’une dizaine de personnes s’est chamaillée que la situation devient insupportable».

Au moment où nous mettons sous presse, les quatre militants du CNL arrêtés lundi 15 juillet ont été transférés au parquet de Kirundo.

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