Les habitants de la commune Ntega en province Kirundo, notamment les sympathisants d’Agathon Rwasa, accusent les Imbonerakure de les maltraiter sous l’œil complice de l’administration et la police. Ces dernières réfutent.
«Les autorités administratives et policières sont de leurs côtés», accusent les habitants de la colline Rukore, commune Ntega en province Kirundo. «Ils nous maltraitent sous leurs yeux. Parfois, ce sont eux qui leur donnent des ordres.» A Ntega, la peur se lit sur les visages des habitants. Selon les informations recueillies sur place, les Imbonerakure malmènent les gens lors des rondes nocturnes. «Ils se sont substitués à la police. Ils arrêtent des gens pendant la nuit et les torturent.» Selon ces habitants, les plus visés sont les sympathisants d’Agathon Rwasa. Ils sont souvent accusés de battre campagne pour le non au référendum constitutionnel. «Passage à tabac, rançons, harcèlement… On n’en peut plus. Les autorités doivent prendre en main cette question.»
Le dernier cas en date est celui de Samson Wizigiyimana, habitant la zone Rushubije en commune Ntega. Selon ses voisins, ce sympathisant d’Agathon Rwasa a été arrêté par Emmanuel Rwasa, le chef de zone, accompagné par des Imbonerakure, dans la nuit du 5 janvier 2018. «Ils l’ont amené sur le lac artificiel appelé Kabamba, construit par les Chinois, et l’ont torturé à mort.» Ces mêmes sources indiquent qu’ils lui ont versé de l’eau dans les oreilles. « Pendant ce temps, ils lui disaient d’appeler Agathon Rwasa pour le sauver. Pour le moment, il est mal en point.» D’après les habitants de Rushubije, les Imbonerakure s’adonnent souvent à ce genre d’exactions.
Onze personnes en détention
«C’est un tissu de mensonges. Je ne peux pas faire ça», s’exclame Emmanuel Rwasa. Selon lui, ceux qui disent cela ont d’autres visées cachées. Le chef de zone balaie du revers de la main les accusations portées contre les Imbonerakure : «Certains habitants ne veulent pas appliquer la politique de moralisation de la société du chef de l’Etat. Lorsque nous allons arrêter ceux qui rechignent à se marier officiellement, ils crient à la maltraitance.»
Le jour du réveillon de la Saint-Sylvestre, des échauffourées ont éclaté sur la colline Rukore de la commune Ntega. D’après les habitants de cette localité, un groupe d’Imbonerakure composé de Sendegeya, Gifaro, Ntambuka, Bikwemu, Ndereyimana, Buhungu, Kagabo, Kagomba et Musegenya s’invite vers 19h30 chez Samuel Mugisha, sympathisant de Rwasa, alors qu’il fête le nouvel an avec des voisins et amis. «Ils avaient des gourdins et agissaient sous les ordres de Damascène Karuhura, le chef de colline Rukore.» Ils leur ont intimé l’ordre de mettre fin à la fête. Ces derniers refusent d’obtempérer. Ces Imbonerakure commencent à les tabasser et une bagarre générale se déclenche. Quatre parmi les Imbonerakure sont blessés et un sympathisant de Rwasa du nom de Bayadonde est grièvement blessé.
S’en suivent alors des arrestations. 11 fidèles d’Agathon Rwasa sont interpellés. D’autres prennent la fuite. «C’est le chef de colline qui était derrière ces arrestations. Même ceux qui n’étaient pas à la fête ont été arrêtés parce qu’ils sont sympathisants de Rwasa.» Ils sont pour le moment incarcérés dans les cachots de la commune Ntega. Les habitants de la colline Rukore se demandent pourquoi les Imbonerakure n’ont pas été arrêtés alors que ce sont eux les agresseurs. «C’est incompréhensible ! C’est quoi cette justice?»
D’après des témoignages recueillis à Rukore, le chef de colline Rukore fait la pluie et le beau temps. «Il est derrière les mauvais traitements infligés à la population», confie un habitant de Rukore. Contacté, Damascène Karuhura n’a pas voulu s’exprimer sur ces allégations : «Je ne sais rien de tout ça.»
«J’espère que les responsables seront traduits devant la justice»
«Comment dans un pays où on nous chante la paix à longueur de journée, des Imbonerakure peuvent attaquer des personnes qui partagent paisiblement un verre chez elles?», s’interroge Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa. Selon lui, les Imbonerakure ont visiblement remplacé la police. « Ce sont eux qui arrêtent les innocents et donnent des ordres à l’administration et à la police.» La preuve, poursuit-il, c’est ce qui s’est passé à Ntega. «Nous exigeons la libération immédiate de tous les Burundais emprisonnés à cause de leur opinion politique.»
Interrogé, Philippe Ngabonziza, l’administrateur communal, réfute les accusations de ceux qui parlent d’arrestation des sympathisants d’Agathon Rwasa : « Ceux qui ont été arrêtés sont affiliés à des partis politiques différents. Il y a même des membres du Cndd-fdd. Les comités mixtes, dont des membres ont été blessés, proviennent également de différents partis politiques.» Faux !, rétorquent certains militants de l’opposition. «Seuls les fidèles de Rwasa sont en prison. De plus, ces comités sont composés par des Imbonerakure uniquement.»
L’administrateur communal explique que les faits se sont déroulés vers minuit : «Les membres des comités mixtes de sécurité ont intimé l’ordre à ceux qui fêtaient de rentrer chez eux à cause de l’heure avancée. Les concernés déjà ivres, au lieu d’obtempérer, les ont tabassés.»
Concernant la suite réservée à cette affaire, Philippe Ngabonziza dit qu’il suit le dossier de près car, selon lui, on ne peut pas fermer les yeux sur des actes d’une telle barbarie. « Vu les blessures qu’ils ont affligées aux victimes, ils doivent être punis. J’ai appris que les enquêtes sont toujours en cours et j’espère que les responsables seront traduits devant la justice.» Et de conclure que personne ne fait la pluie et le beau temps à Ntega contrairement à ce qu’avancent certains : « Tout le monde est soumis à la même loi et celle ou celui qui la viole est puni. » Même son de cloche de la part de Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique. Contacté, il indique que le dossier suit son cours normal et qu’il sera transmis au parquet le moment venu.
1. Samuel Mugisha, celui qui avait organisé la fête
2. Rukara
3. Jonathan
4. Nsabimana
5. Minani
6. Nkurikiye
7. Ndacayisaba
8. Nzinahora
9. Fidèle Bizimana
10. Faida Widongo
11. Évariste Rwabira
Niyongere et Mugema sont en fuite
Des gens ont décidé de s’en prendre à d’autres gens parce qu’ils faisaient simplement une fête?
Pour prouver que cette bagarre était politiquement motivée, il faudrait prouver que seuls les partisans d’Agathon Rwasa étaient les seuls invités à cette fête.
Ce qui reviendrait sand conteste à démontrer que cette fête était aussi à son tour également politiquement motivée!
Au Burundi, avec la proximité des gens les uns des autres, il serait inconcevables d’inviter les seuls gens de son propre parti sans être soupçonné de conconcter des projets suspects aux yeux des rivaux! Seulement pour la simple raison qu’on trouve des personnes partisanes de différentes formations politiques dans une même famille.
Pour moi, je trouverais suspect si mon cousin ou un ami proche, avec qui j’ai grandi, s’en va dans une fête de Bonne Année et ne m’invite pas, simplement parce que je suis membre d’une formation politique différente de la sienne!
Faites une analyse des causes réelles de cette bagarre et ne cherchez pas à démontrer si tel ou tel a été blessé parce qu’il fait partie des sympathisans ou membres du « parti » de Rwassa!