Lundi 23 décembre 2024

Société

Kirundo : Kuruyoka, bienvenu à l’îlot des pêcheurs

28/12/2021 3
Kirundo : Kuruyoka, bienvenu à l’îlot des pêcheurs
L’îlot Kuruyoka, vu de loin.

Dans les eaux du lac Rweru, commune Busoni en province Kirundo, se trouve un îlot. Plus de 60 familles y vivent. Une terre fertile, un site touristique en puissance.

En forme d’un grand serpent en mouvement, Kuruyoka est à plus ou moins 5 km de la colline et zone Gatare, commune Busoni. De loin, cet îlot semble une terre inhabitée entourée par les eaux du lac Rweru. Cependant, plus on approche, plus le spectacle de maisonnettes de fortune s’offre au regard. Elles sont pour la plupart couvertes de paille et quelques-unes en tuiles. Elles sont très étroites.

Arrivé à Kuruyoka, on est accueilli par des champs verdoyants de maïs, de haricot, de sorgho, de pommes de terre. Une terre très fertile étendue sur plus ou moins 20 hectares. Et son occupation est récente : « C’est lors de la crise de 1993 que les premiers occupants s’y sont installés. Ce sont majoritairement des Batwa. Partis pour faire la pêche, d’autres les ont rejoints », raconte Albert Hatungimana, gouverneur de Kirundo. Aujourd’hui, 267 personnes y habitent, réparties en 67 ménages. Elles vivent à plus de 90% de la pêche. A cela s’ajoute l’agriculture et l’élevage. Autour de leurs maisons, de petites étables de chèvres, de porcs et de petites volailles sont installées.

Une vie rude

Sans école, sans centre de santé (CDS)… le quotidien de ces populations n’est pas facile. Pour bénéficier de soins, étudier, etc, aller au marché, ils doivent monter à bord d’une pirogue. « En cas de maladie, on se rend à Vyanzo ou Nyagisozi. On doit traverser le lac à l’aide d’une pirogue », confie Gérard Karemera, chef collinaire, qui souligne que la médecine traditionnelle a aussi une place de choix : « Toutes ces plantes sont des médicaments. Avant de penser aux centres de santé, nous nous servons d’elles pour nous soigner.»  

« Chaque matin, des enfants prennent le même moyen de transport pour se rendre à l’école. Ce qui fait que beaucoup d’entre eux préfèrent rester à la maison », déplore-t-il.

Dans les environs, il y a l’Ecofo de Vyanzo, Muhimbuzi, Nyagisozi et Nakiganaga ainsi que les lycées communaux de Munazi et Nyagisozi. Ces habitants n’ont pas encore compris la nécessite d’avoir des lieux d’aisance. Ils se soulagent dans le lac Rweru qui leur fournit de l’eau à boire, pour la lessive et la cuisson.

Les cas de noyade sont quasi permanents, déplore le gouverneur de Kirundo. Il signale la noyade d’un pasteur, lors du transport du matériel pour la construction de la seule église Pentecôte sur place.

Des inondations récurrentes ont occasionné des dégâts. Le gouverneur Hatungimana rappelle qu’en 2019, quinze maisons ont été détruites, suite aux inondations : « Quand j’étais encore administrateur de la commune Busoni, en 2019, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation d’évacuer toutes ces personnes vers Gatare et Gatete. »

Ils ne sont pas aussi à l’abri des attaques d’animaux aquatiques. « On est souvent attaqué par des hippopotames », confie un des habitants de la localité. Et pour y faire des campagnes de vaccination, le gouverneur signale qu’ils doivent se servir des équipements de la marine burundaise.

Les dures conditions de vie créent la solidarité entre les enfants de cet îlot. « Pour se rendre à l’école, le matin, ils ne laissent personne derrière. Tous les enfants montent à bord des pirogues. Ce sont les plus âgés qui prennent les rames », raconte un parent de la localité. Idem pour l’heure du retour. Il assure que l’on enseigne aux enfants à être solidaires, à s’entraider.

Malgré cette solidarité, Alexis Ninziza, chef de la zone Gatare, affirme que ces enfants font face à plusieurs défis. « Ils arrivent à l’école étant fatigués, stressés. Ce qui a des répercussions négatives sur leurs résultats. Il est vraiment salutaire de les délocaliser.» Une préoccupation pour les autorités provinciales. M.Hatungimana indique qu’un programme de délocalisation définitive est en cours de préparation : « Ils seront installés dans le village de Vumbi et sur le site de Gikubajoro. »

Un atout aussi pour Kirundo

« De tels genres d’îlots ne sont pas nombreux au Burundi. Ils peuvent constituer des sites touristiques très intéressants et attrayants », analyse un expert en matière de tourisme. S’exprimant sous anonymat, il assure qu’après son aménagement, le site pourrait attirer du monde : « Des gens peuvent y aller passer des week-ends, se détendre. On peut même y installer des concerts, des soirées dansantes, etc. Il suffit qu’il y ait la sécurité et la volonté de développer le secteur touristique. » Et de déplorer que la plupart des investisseurs burundais ne sont pas créatifs : « On fait du copier-coller.»

Un fort potentiel touristique qui n’a pas échappé au gouverneur de Kirundo d’où son appel aux investisseurs : « C’est une zone susceptible de constituer un excellent site touristique. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Novat Nintunze

    Des concerts, des soirées dansantes, un hôtel …. Ce serait catastrophique pour ces îlots. Tel que décrit dans l’article, on peut conclure que ces îlots font partie d’un système écologique délicat. Même les occupants actuels sont une menace pour cet environnement qui pourrait être valorisé autrement. Par exemple en y plantant des arbres qui abriteraient les nombres oiseaux migratoires qui dans le temps formaient des larges colonies dans cette partie du Burundi. Les oiseaux sont un trésor à valoriser, et une source potentielle de revenus touristiques. Les concerts, les soirées dansantes, les hotels … peuvent être programmés sur ‘la terre ferme’. Des exemples de ce type de tourisme sont présents dans la région (Lac Bunyonyi, Ouganda, …). Des ornithologues amateurs viennent des quatre coins du monde pour observer ces oiseaux, dont certains ne sont pas faciles à voir nulle part au monde. Mais, de grâce, pas de structures dures sur ces îlots.

    • Bavuga

      Bwana Nintunze, ivyo uvuze nivyo. Jewe ivyo vya tourisme avec concerts, soirées dansantes, n’amahoteli ntavyo nshigikiye. Hamwe bobishiraho, iryo zinga rizoca riba iry’igicumuro cane cane abakunda kurenga ibwirizwa rya gatandatu. Iyo tourisme ntakindi izozana atari ingeso mbi ku bantu bari bibereye mumahoro kandi bifitiye ingeso nziza.

  2. Mujos

    Est-ce que cette occupation est légale?? Pas de toilettes pas d’eau potable, un endroit sans sécurité ! C’est de l’anarchie ces hommes devraient vider les lieux !!

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