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Kiremba : questions sur un emprisonnement et zones d’ombre sur un procès

05/06/2013 Commentaires fermés sur Kiremba : questions sur un emprisonnement et zones d’ombre sur un procès

Rémy Nsabimana, président du siège lors du procès des deux assassins, a été conduit à la prison centrale de Ngozi sur ordre de Jérôme Ndaje, procureur général près la Cour d’Appel, ce lundi 6 décembre. Celui-ci accuse ce magistrat d’avoir volé des procès-verbaux du jugement rendu dans le dossier sur l’assassinat de deux expatriés, le 27 novembre, à Kiremba. <doc2304|left>Selon Jérôme Ndaje, Rémy Nsabimana se serait rendu au service, dimanche 5 décembre, et demandé les clés des bureaux des greffiers aux techniciens informaticiens, trouvés sur place qui installaient le réseau informatique. « Ces techniciens l’ont vu entrer dans les bureaux. C’est le lendemain que l’on a constaté que des pièces manquaient dans le dossier sur l’assassinat de Kiremba », explique-t-il. Jérôme Ndaje raconte que Rémy a reconnu s’être rendu au greffe civile, mais pour imprimer seulement son attestation de service. Ce qui est louche d’après le procureur. Mais Rémy Nsabimana nie les faits et explique qu’il est emprisonné pour avoir donné la parole aux deux élèves reconnus coupables du crime : « Ces PV ne m’auraient servi à rien même si je les avais volés. » Interrogé par Radio Publique Africaine(RPA), quelques heures avant son emprisonnement, le magistrat indique que le jour du verdict, le juge président lui a demandé pourquoi il avait accordé la parole aux deux élèves. C’est après, poursuit-il, qu’il a reçu une demande d’explication et s’est vu accusé d’avoir conduit une procédure anormale. En prononçant le verdict, constatent des spécialistes en droit pénal, le président du siège fait une simple déclaration qu’il pourrait même donner au prévenu en mains. Normalement, poursuivent-ils, ce prévenu ne peut plus faire une autre déclaration. Selon ces spécialistes, même s’il parvient à la faire, elle reste sans effet; les débats ayant été clôturés lors de la séance précédente. Mais le siège ne sera pas puni pour autant. Sur un autre plan, certains habitants de Kiremba, y compris Rangoni Luciano, un missionnaire resté sur place après l’assassinat de ses confrères, affirment que cette attaque n’était qu’un simple vol qui a mal tourné. Toutefois, des zones d’ombre subsistent et pas des moindres. 1/ Qui tirait les coups de feux entendus à l’extérieur pendant plus d’une demi- heure alors qu’au même moment les deux élèves exécutaient leur sale besogne au couvent des sœurs ? Visiblement ces tirs visaient à les couvrir. 2/ Pourquoi, le ministère public ou la police n’ont pas immédiatement interrogé des témoins à commencer par Sœur Carla, témoin oculaire, blessée par couteau lors de l’attaque ? 3/ Pourquoi la police ou le ministère public n’ont pas interrogé Adelard, le technicien appelé au couvent des sœurs par M. Francesco pour rétablir le courant quelques minutes avant le début de l’attaque ? Ce technicien a tout vu et l’a échappé belle. Les deux assaillants lui ont intimé l’ordre de se mettre à côté pour ne pas le tuer. 4/ Une source bien informée affirme que les deux malfaiteurs portaient des uniformes du personnel de l’hôpital Kiremba la nuit fatidique. Pourquoi le ministère public n’a interrogé personne sur ces uniformes. Qui a prêté ces uniformes aux assassins ? 5/ Des spécialistes s’accordent à dire qu’il aurait fallu une analyse balistique sur les deux armes utilisées lors de l’attaque dont un fusil de type FAL et un pistolet. Pourquoi cette analyse n’a-t-elle pas eu lieu ? D’où viennent ces armes utilisées ? Certains disent qu’elles proviennent de la Tanzanie pendant que d’autres pensent qu’elles sont du Burundi. Quelle est la vraie origine de ces armes ? 6/ Pourquoi n’y a-t-il pas eu de confrontation entre les deux meurtriers et des témoins pour vérifier s’il y avait eu préméditation ou si les deux élèves ne sont pas malades psychologiquement ? L’autre zone d’ombre est cette déclaration de Dieudonné Niyongabo, le dernier jour de l’audience, lorsqu’il accuse le député Jean Baptiste Nzigamasabo, alias Gihahe, d’être le commanditaire de l’assassinat moyennant une somme de 10 milliards de Fbu (une somme invraisemblable, tout de même!) Pour Jérôme Ndaje, procureur général près la Cour d’Appel de Ngozi, cette déclaration n’a aucun impact sur le jugement car survenue après délibération. Mais il n’en reste pas moins qu’elle dérange et mérite plus d’éclaircissements.

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