L’incitation à la violence provoque des conflits à grande échelle et porte préjudice à la cohésion sociale. Les habitants de la colline Ciri, en commune Kiremba de la province de Ngozi appellent au compromis et à la retenue.
Le message d’incitation à la violence propage, encourage ou promeut la discrimination et la violence. Les membres ou leaders d’un groupe donné appellent à faire du mal ou à commettre des crimes contre les membres des autres groupes ou catégories comme en témoignent les habitants de la colline Ciri.
H.G dénonce par exemple des messages d’incitation à la violence propagés surtout dans certaines situations problématiques et de tension politique. « Il y a une haine entre des gens aux convictions politiques différentes. Un individu est accusé de vol d’une banane. Les gens diront alors qu’il mérite la mort. La population peut procéder ainsi à la justice populaire », indique-t-elle.
Emelyne Ndayizeye fait aussi presque la même lecture. Elle fait savoir en effet qu’un individu peut être accusé de commettre une infraction à tort ou à raison. Des gens exagèrent, déplore-t-elle, pour qu’il subisse de l’injustice. « Il devait être puni conformément à la loi sans aucune autre considération qu’elle soit politique ou ethnique ».
D’après un autre habitant, il y a quelques temps, ces messages d’incitation à la violence étaient monnaie courante entre les militants du CNDD-FDD et ceux du CNL. Des partisans du parti au pouvoir cherchaient des prétextes pour faire emprisonner ceux du CNL. Ils partaient de leurs convictions politiques pour leur faire du mal.
Les habitants de la commune Kiremba trouvent que les conséquences sont désastreuses. L’incitation à la violence provoque, disent-ils, des divisions entre les frères d’une même nation, des conflits à grande échelle et des guerres. Elle débouche, naturellement, sur des violences de masse. « Il faut que les conflits qui surviennent soient résolus pacifiquement par un compromis », propose-t-il.
La vie d’un individu est irremplaçable
Evariste Munyarushatsi, conseiller chargé des questions politiques, juridiques et administratives à la commune Kiremba reconnait ces faits. « Un jour, des jeunes Imbonerakure ont rencontré ceux du CNL dans un bistrot à 19 h et ils les ont accusés de tenir une réunion non autorisée. Ils les ont attaqués pour récupérer un carnet qu’ils avaient. Ils les ont tabassés et ont déchiré leurs habits », raconte-t-il.
Il précise que l’administration et la police sont intervenues et ont trouvé que les accusations portées contre les membres du CNL n’étaient pas fondées. « Nous avons essayé de les réconcilier et la situation est redevenue calme ».
Cet administratif considère que si certains veulent que les autres soient tués ou exilés suite à leurs convictions politiques, cela amène des malheurs. « Quand de telles situations arrivent, on organise des réunions de réconciliation sur la bonne cohabitation et cohésion sociale », souligne-t-il.
Selon Alain Désiré Bukeyeneza, expert en résolution pacifique des conflits, le contexte d’une situation difficile et de précarité est propice à des messages d’incitation à la violence. « Par haine, dans une société, des gens appellent à la condamnation à mort de certains membres de la même société. La violation des droits fondamentaux et sociaux économiques s’en suit », indique-t-il.
Il donne l’exemple de la récente pénurie des carburants dans notre pays qui a engendré des messages violents. « Certains prônent des peines très fortes jusqu’à proposer qu’une personne accusée de détourner, de cacher ou de frauder ces produits soit condamnée à mort. Cela ne peut pas résoudre le problème, mais plutôt provoquer des violences dans la communauté ».
D’après Alain Désiré Bukeyeneza, la vie d’un individu est irremplaçable. Si quelqu’un est coupable, il doit être puni conformément à la loi au lieu d’être traité injustement. Il estime que les injustices ne résolvent jamais les problèmes.
Il explique que prôner la violence contre un groupe donné n’apporte jamais de solutions. Il indique que les messages de haine tenus par une autorité ou une personnalité publique sont plus graves que ceux tenus par un citoyen lambda.
Cet expert appelle à tout un chacun d’éviter des propos ou langages incitant à la violence. Il invite également les autorités à trouver des solutions aux problèmes du moment au lieu de passer par des raccourcis pour échapper à leur responsabilité.