Les latrines du marché de Kinama sont hors d’usage depuis six mois. L’administration les a complètement fermées. De plus, les usagers ont transformé la façade Nord-est du marché en un dépotoir d’immondices et les commerçants commencent à déserter les lieux.
<doc2782|left>Sous anonymat, un responsable du marché indique que ces latrines ont été mal construites : « Elles ne peuvent pas être fonctionnelles deux mois d’affilé sans qu’il y ait un vidange. »
Ce qui, explique-t-il, coûte énormément à la municipalité. Pourtant, chaque personne paye 50 Fbu après usage. Mais les commerçants, principaux ‘clients’, fuient les lieux, l’un après l’autre. C’est le cas d’Annonciate, une commerçante d’huile, qui a changé d’emplacement car, incapable de supporter cette odeur suffocante et aux mouches en provenance des latrines et qui grouillent autour de sa marchandise.
D’après le même responsable, cette situation très embarrassante fait honte. Les commerçants qui ont la chance d’habiter à proximité du marché sont obligés d’abandonner leurs échoppes pour utiliser les toilettes de chez eux. Ceux qui habitent loin se débrouillent : « Les moins résistants commencent à se soulager n’importe où et à faire leur petit besoin sur la clôture du marché », déplore-t-il.
Il indique que pendant la nuit, quand les veilleurs se rendent dans le quartier en quête des lieux d’aisance, les bandits en profitent pour voler dans ce marché: « Ce qui favorise un banditisme dont on a même pas les moyens de venir facilement à bout », se plaint ce responsable anonyme.
En ce qui concerne les immondices, il est dépassé. « J’ai fait appel à l’administration. Elle ne réagit pas», s’insurge-t-il en pointant du doigt une façade de l’immense dépotoir où les gens viennent ajouter le drame au drame en déposant leurs matières fécales dans des sachets noirs.
Le cri des commerçants et de la commune
<doc2783|right>Pour certains commerçants, ce problème de saleté perdure suite à la négligence des autorités administratives. Ils se demandent comment un problème mineur comme celui des latrines bouchées ou celui de trouver des lieux pour jeter les déchets peut bloquer l’administration pendant six mois alors qu’ils paient des taxes : 6000Fbu par mois ou 200Fbu par jour. Selon le commissaire, cet argent est conduit directement à la Mairie de Bujumbura, les communes urbaines n’ayant pas encore une autonomie de gestion.
Approché, Thierry Ndabonekewe, administrateur de la Commune Kinama située à quelques mètres du marché, indique que ces deux questions ont longtemps été soumises aux services concernés, à la Mairie. Il souligne que même le conseil communal s’y est penché mais déplore la lenteur des services municipaux pour le traitement du dossier.
Ainsi, l’administrateur craint que des maladies dites des mains sales comme la diarrhée et le choléra, s’attaquent à la population surtout pendant l’actuelle saison pluvieuse. Il rappelle à la population de faire beaucoup plus d’efforts en matière d’hygiène.