Ancien joueur de l’équipe Prince Louis dans les années 80, aujourd’hui journaliste pigiste à la VOA service Afrique, nous parle de son parcours, évoque ses souvenirs.
A 54 ans aujourd’hui, Christophe Nkurunziza, alias Kijigo, se souvient de ses aventures avec l’équipe de football de Prince Louis comme si c’était hier. « J’ai commencé à taper dans le ballon très jeune, dans l’équipe B, junior, puis dans l’équipe A de Prince Louis. Il y avait des échelons à suivre», raconte ce père de 3 enfants.
En 1982, Kijigo passe de la deuxième division à l’élite : la première division. Les portes de la sélection nationale lui étaient ouvertes. « Je me souviens d’un voyage que nous avons fait avec l’équipe nationale en 1984 pour représenter le Burundi en Russie », raconte l’ancienne star.
« Nous avons joué 3 matches, un match contre le club de METALIST de Moscou qui nous a battus. Mais les deux autres matches nous les avions gagnés contre deux équipes moscovites par 2 à 1 et 1 à 0 pour les Intamba de l’époque. C’était une fête dans les rues de Moscou, nous avons bu quelques bières avant de retourner à notre hôtel », dit Kijigo en rigolant derrière ses petites lunettes.
Kijigo jouait dans le milieu de terrain. « J’étais un peu partout sur le terrain. Je jouais le milieu défensif et offensif de manière à animer le match », affirme Kijigo de 1,82m avec 100 kg.
Dans le bureau de la BBC où nous l’avons rencontré l’ancienne star égrène les souvenirs. Christophe Nkurunziza regrette la décision du pouvoir de Jean Baptiste Bagaza de débaptiser le stade Prince Louis Rwagasore. « Avec cette décision politique, je quitte le club. Une année après, je rejoins mon club par une autre décision politique ». Il quittera son club vers Inter FC. « Avec le coup d’Etat du 3 septembre 1987, Buyoya ramène l’appellation de Prince Louis et je retourne dans mon ancien club » dit Kijigo.
Un ancien coéquipier de l’Inter FC se rappelle son passage au sein de ce club. D’après François Ngendabanka, Kijigo jouait en milieu de terrain, au numéro 6. Sa mission était de casser et surveiller le meilleur joueur de l’équipe adverse. D’où son surnom de ‘’double poumons’’ au sein de Prince Louis comme à l’Inter FC ».
La plus grande fierté de Christophe Nkurunziza avec le football est d’avoir joué à plusieurs reprises avec la sélection nationale. « Un jour lors d’un match avec le Rwanda nous les avons battus et j’avais eu 25000 Fbu à l’époque. J’ai acheté des pagnes pour ma mère, des habits pour moi et mes frères ».
Kijigo a raccroché ses crampons vers le début des années 90.
La plus grande frustration a été de jouer pendant des années sans être premier dans le championnat national de football. Nous jouions très bien.
Nous battions Vital’O et c’était la fête mais jamais nous avons battu Inter FC. Le meilleur match c’était d’égaliser. « Avec les amis qui sont éduqués, tout le monde, mes anciens coéquipiers nous faisons la fête autour d’un verre pour discuter » me confie Kijigo. Et tous ceux qui le connaissent confirment : Kijigo sait faire la fête !
Des stades au studio
Christophe Nkurunziza, licencié en Histoire de l’Université du Burundi, est attiré par le journalisme. En 1992, la Radio Télévision Nationale du Burundi veut recruter des journalistes pour les préparer à la couverture des premières élections multipartites de 1993. « Sur 39 candidats, nous étions 7 jeunes candidats journalistes. Certains intègrent le service des programmes, moi la rédaction française comme présentateur de journaux », précise Kijigo.
Après deux ans à la RTNB, il vire vers le Studio Ijambo financé par l’ONG américaine Search For Common Ground. Des reportages sur le terrain l’ont amené à sillonner le Burundi profond. Il est fier de son travail de journaliste. Il se souvient d’un reportage à Ruyigi à Gasanda. La tension est à son comble entre deux communautés qui ne s’aimaient pas vraiment. « La population a compris que l’ennemi n’est pas l’autre, mais l’information qui ne circulait pas », affirme fièrement Christophe Nkurunziza. Il quittera SFCG après 10 ans de service pour la BBC en 2006.
Il regrette que le Burundi ait beaucoup de talents en football mais « il n’ y a pas des académies pour former ces juniors qui, demain vont jouer dans les équipes séniores ». Au sujet de son métier, il déplore la méfiances des politiciens à l’égard des journalistes : « Les politiciens sont nos frères, le politicien a besoin du journaliste, comme le journaliste a besoin du politicien. Pourquoi considérer un journaliste comme un ennemi ? »
La nature et les couleurs de la vie.
Dans la tendresse
des illusions le
souffle du soleil,
consciemment,
décrit la pâleur
qui chante l’harmonie
de la neige
solitaire.
Francesco Sinibaldi