Vendredi 22 novembre 2024

Environnement

Kigobe-Sud&Mugoboka au bord du gouffre

Autour de la rivière Ntahangwa, des salles de classe, des habitations sont menacées d’écroulement. Certaines routes sont devenues impraticables. Les riverains et la police de Protection civile en appellent à l’aide.

Kigobe-Sud, plus les travaux tardent, plus le ravin de la Ntahangwa s’élargit
Kigobe-Sud, plus les travaux tardent, plus le ravin de la Ntahangwa s’élargit

« On ne sait plus quoi dire ? A qui ? Nous avons crié, en vain », se lamente un habitant de Mugoboka, zone Rohero, commune Mukaza. Cet homme évoque certains dégâts : « L’avenue Sanzu n’est plus praticable, une partie des locaux de l’Ecofo Mutanga Sud s’est déjà écroulée. Des maisons menacées d’effondrement, d’autres présentent des fissures, etc ». Des glissements de terrain sont devenus quasi permanents, raconte une autre femme croisée aux environs du terrain de basketball, à Mutanga-Sud. Des arbres qui servaient de soutien aux berges de la rivière Ntahangwa tombent l’un après l’autre. « Nous sommes désespérés et certains ont déjà abandonné leurs maisons », ajoute-t-elle.

A Kigobe-Sud, un grand ravin s’est formé et s’élargit au jour le jour sous les yeux impuissants des habitants. Là, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Certaines maisons se sont déjà vues amputées de quelques chambres, d’autres sont lézardées. Huit maisons sont actuellement plus exposées que les autres. L’avenue Mukarakara n’est plus praticable. Que ce soit à Mutanga-Sud ou à Kigobe, les habitants réclament des travaux de réhabilitation.

Antoine Ntemako, directeur général de la police de protection civile, signale qu’une commission a déjà statué sur ce dossier. Et un rapport a été fourni au gouvernement avec un coût des travaux estimé à 1, 8 milliards de Fbu. Malheureusement, fait-il remarquer, l’Etat s’est retrouvé sans liquidités et un plan B est en cours d’analyse. « Comme l’Etat dispose de machines, de main-d’œuvre, nous avons proposé qu’on puisse chercher 500 millions de Fbu pour le carburant et le paiement des ingénieurs.»

Vu l’urgence de la situation, M.Ntemako espère que le gouvernement va bientôt débloquer cet argent. « Sinon, des experts parlent d’une fissure au-delà de l’avenue Mukarakara, et une 3ème fissure risque d’emporter le Boulevard du 28 Novembre. D’où l’urgence des travaux quel que soit le coût pour éviter le pire.»

Une préoccupation mais les moyens font défaut

« Différents projets ont été proposés pour sauver la situation. Il y a une proposition de ramener la terre du côté Nyakabiga et de faire le compactage avec des machines sur la partie Kigobe-Sud », indique Amissi Ntangibingura, directeur général de l’Urbanisme. Une autre étude proposait des aménagements entre les deux ponts : Pont de la République et celui sur le Boulevard du Peuple Murundi. Mais elle a été rejetée. La 3ème préconisait de canaliser de nouveau les eaux de la rivière Ntahangwa et de restaurer son ancien lit. « Et toutes ces études ont été soumises au gouvernement, qui, à son tour, considère les moyens à sa disposition. S’il n’en a pas, pas d’autre choix que d’attendre. » Mais M. Ntangibingura se veut optimiste : « Si cela n’a pas été fait en 2016, il espère que les fonds seront disponibles en 2017. »

Concernant l’origine de ces destructions, il est catégorique : « L’action humaine est à la base d’une accélération des destructions et des ravages de nos rivières.» Il signale que durant les dix dernières années, il y a eu une extraction abusive des moellons. La Ntahangwa se venge pour ainsi dire sur les maisons et d’autres infrastructures.

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. vuvuzela

    Igihugu cose kiranyiganyiga, kigiye kubona ivyo Peter nous a annonce. Iyo nimponjo.

  2. Non, mais attendez! Au Burundi la loi est violée par ceux qui devraient la protéger. Tout part toujours des gestionnaires des parcelles: Urbanisme et Environnement. En effet, les gestionnaires de ces services ont un appétit de parcelles et d’argent comparable à celui d’un chien affamé. Celui qui met de l’ordre est automatiquement remis à sa place à l’instar d’Emmanuel Niyonkuru, le défunt Ministre de l’Environnement victime de la folie de Génériques qui ne voient que des richesses démesurées acquises sans effort en contrepartie. Ntangibingura et ses paires devraient se taire car ils ne reculent jamais devant l’argent des commerçants quand ceux-ci le corrompent aux fins d’avoir des parcelles ou d’extraire les moellons.

    Le gouvernement ne dira jamais qu’il n’a pas su. En effet, dans les années 90, des ingénieurs l’ont mis en garde sur une disparition pure et simple de Gikungu dans, au plus, 40 ans. Les membres des gouvernements successifs, y compris ceux qui ne cessent de pleurnicher au sein de ce qu’ils appellent opposition, ont continué à accumuler des bien mal acquis (comprenez détournements de fonds publics et corruption), siroter la Heineken le soir avant de finir dans la débauche sexuelle pour être complet dans l’immoralité socio-éthique. En outre, certains experts comme le Professeur J.M. Sabushimike n’ont cessé d’alerter sur l’irréversibilité des dégâts susceptibles d’être causés par ces rivières laissées à elles-mêmes au coeur d’une capitale gérée par des maires narcissiques, insatiables et incompétents. A cela il faut ajouter ces directeurs et directeurs généraux en charge de l’environnement, de l’urbanisme, et de l’aménagement du territoire qui sont réellement affamés et assoiffés de rang social meilleur. Vous entendrez souvent les gens dire: « Bamuhaye. » « Bamuhaye » est devenu un cauchemar étant donné que le poste nouvellement acquis est vu non pas comme une responsabilité de servir mais comme une boîte privée, une voie d’accéder à l’inaccessible, enfin une possibilité d’enfin pousser un soupir de soulagement. On a eu ce genre de gestionnaires depuis 1996 et, attachez vos ceintures, on en a pour longtemps et les maisons n’ont qu’à s’écrouler.

    • Bakari

      @J.L. Kalas
      « On a eu ce genre de gestionnaires depuis 1996… »

      Et avant 1996? Comment ça se passait?
      Comment faisait-on pour construire des villas?
      Comment faisait-on pour avoir des moellons utilisés dans la construction?
      Par extraction de pierres et concassage dans des carrières?
      Et où sont partis ces concasseurs?

      • @Bakari
        Franchement je sais que ce ce phénomène a commencé avec la construction des quartiers comme Gikungu et Kinanira II qui ont commencé aux alentours de 1994 et deux ans plus tard les gestionnaires de l’Environnement ont commencé è traire les rivières non pas en eau mais en sables, gravier et moellon. Avant les années 1990, les gens étaient corrompus et détournaient mais ce fléau était réservé aux gestionnaires des fonds publics directs (les liquidités), à la magistrature et à la police ainsi qu’à l’administration centrale qui monnayaient les services. Les autres léchaient le ciel et c’était fatigant. La période 1994-1994, période de la viabilisation et de la construction des quartiers que j’ai cités, a inauguré ce qu’on appelle « Impene irisha aho iziritswe. » Voilà, je n’ai pas dit que les gens étaient saints avant 1996.

      • KABADUGARITSE

        Ikinyica c’abarundi! Cette référence au passé, un triste passé et honteux. Et si vous choisissiez de vous référer à feu Emmanuel Niyonkuru, au prof Jean-Marie Sabushimike, à l’ex-Maire de la Ville Kanyenkiko qui n’avait pas hésité à faire démolir les bâtisses sis sur le terrain d’apprentissage auto-école à Kinindo appartenant au Major Sinzinkayo Eugène…

        Attendons encore un peu car les conséquences de la mauvaise gestion environnementale sont en route.-

        • @Kabadugaritse
          Rien n’est simple mais on ne devrait pas se comporter en « Ntahomfatwa nk’umwana ahiye mu kwaha. » D’une part on est injuste car on n’a pas évoqué le passé. D’autre part la référence au passé est une calamité, une honte. Kabadugaritse, en évoquant Niyonkuru, Sabushimike et Kanyenkiko, vous vous référez d’office au passé. Et on ne peut pas se détacher du passé. La meilleure idée serait de réconcilier ce passé avec les conditions d’un bon avenir.

  3. Jereve

    Laisser la situation dégénérer de cette façon et exposer les habitants au danger mortel est tout simplement criminel. Celui qui s’occupe de ce dossier devrait déposer le tablier. Parler de faillite généralisée n’est pas loin de la vérité.

  4. KABADUGARITSE

    Début des années 1990, Kigobe, anciennement appelé Kumatafari, avait été élue zone verte en Mairie et donc inconstructible de même que la vallée de la Kinyankonge à Mutakura. La folie meurtrière a commencé avec les dollars en provenance de Arusha et certains dignitaires ont fait pression sur les services de l’urbanisme pour son découpage en parcelles à construire.

    Dites-nous plutôt que la nature se venge sur nos comportements irresponsables.-

  5. Yves

    Kigobe-Sud est à l’image de tous le pays : il se fissure, s’affaisse et est en train de s’effondrer sous le poids de l’incurie de ses dirigeants … on ne change pas une équipe qui perd

    • Bakari

      @Yves
      En attendant j’espère que votre souhait de changer d’équipe n’est pas seulement animé par le sentiment de « Ote-toi de là pour que je m’y mette »!

  6. MANA

    « Concernant l’origine de ces destructions, il est catégorique : « L’action humaine est à la base d’une accélération des destructions et des ravages de nos rivières.» Il signale que durant les dix dernières années, il y a eu une extraction abusive des moellons. La Ntahangwa se venge pour ainsi dire sur les maisons et d’autres infrastructures. »
    Où était l’autorité lorsqu’il y avait des extractions abusives des moellons ? La question qu’il faut toujours se poser : à qui profite le crime ? Posez-vous de vraies questions aux nouvelles élections. J’espère que les propriétaires des maisons ont fini de rembourser les crédits au moins. Ainsi ils ne continueront pas à payer pour des maisons démolies.

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