Mercredi 07 août 2024

Économie

Kiganda peine à électrifier ses localités

31/07/2024 2
Kiganda peine à électrifier ses localités
Certains habitants de la commune Kiganda déplorent les défis liés à l’électrification

Les habitants de certaines collines de la commune Kiganda en province de Muramvya déplorent que leurs localités ne soient pas électrifiées. Les autorités communales reconnaissent cette problématique et évoquent l’insuffisance de moyens.

En commune Kiganda, la population déplore le manque de courant électrique. Sur trois zones que compte la commune, deux sont alimentées en électricité, à savoir Gatabo et Kiganda. Toutefois, toutes les collines ne sont pas éclairées. On se limite seulement sur les centres. « En plus des coupures intempestives du courant sur la ligne existante, notre commune rate le développement car plusieurs localités n’ont pas d’électricité », déplorent certains habitants.

« Chez nous, personne ne peut tenir une cafeteria car le lait s’abime facilement. Nous devons également faire de longs parcours d’une zone à l’autre pour trouver un moulin. Nous manquons cruellement de farine alors que nous avons des céréales à la maison », se lamente un habitant de la colline Ruvumu.

Pour un autre, il est inadmissible que les fils conducteurs du courant électrique passent au-dessus de leurs centres et au-dessus des ménages et ne pas avoir de l’électricité.

De son coté, Jeanne Ndayizeye fait savoir qu’on ne peut pas parler de développement sans électricité. « Je viens de passer trois jours sans utiliser mon téléphone alors qu’il me facilite la communication avec mes enfants qui ne sont pas pour le moment tout près de moi. La commune doit résoudre cette problématique ».

E. N est une femme de la colline Ruvumu qui avait tenté d’ouvrir une cafeteria. Elle indique avoir perdu des quantités de lait à plusieurs reprises par manque d’électricité. « J’ai décidé d’abandonner », témoigne-t-elle.
Un administratif à la base de la colline Ruvumu se dit scandalisé. Il souligne que cette question n’est pas résolue au moment où elle est le nœud de toutes doléances de la population dans toutes les réunions. « L’administration communale ne veut pas prendre en considération cette question. On parle du manque de moyens dans la caisse communale. Il est incompréhensible que notre commune soit la moins électrifiée des autres », insiste-t-il.

Le chef-lieu de la commune Kiganda se trouve sur la colline Renga. Ce centre est éclairé mais les usagers déplorent des coupures intempestives de courant. Il fait savoir que cette situation met à mal leurs activités et leurs équipements. Et d’ajouter que cela leur cause d’énormes manques à gagner et qu’ils parviennent difficilement à subvenir aux besoins de leurs familles. Il demande une distribution du courant électrique sans coupure sauf en cas de panne.

« La distribution du courant électrique est un réel problème. Il s’observe des coupures à chaque instant. Cela nous amène à travailler à perte », confie un coiffeur.
« Je n’habite pas cette localité et j’ignore donc ce qui s’y passe la nuit. Mais, les coupures de courant y sont fréquentes même pendant la journée », explique une source anonyme avant d’indiquer avoir remarqué un certain changement le jour de notre passage sur le lieu. « Aujourd’hui, le courant n’a pas été coupé. On a pu bien travailler », se réjouit-elle.

Selon un habitant de la zone Kiganda, l’électrification rurale peut contribuer au développement humain à différents égards. Il avance que les problèmes d’accès à l’électricité freinent le développement économique et la fourniture de services publics tels que les soins de santé et la scolarité.

Des moyens colossaux

Fiacre Sinumvayaha, secrétaire exécutif permanant de la commune Kiganda reconnaît cet état de fait. Il explique le processus d’élaboration d’un projet communal. « Il est élaboré suivant les priorités des populations bénéficiaires. Ces dernières expriment les priorités par l’intermédiaire du Conseil collinaire de développement, CCD, ou dans les réunions avec la population locale ». Ce projet est ensuite soumis au Conseil communal pour approbation.

Il estime alors que l’électrification est un mégaprojet qui demande des fonds faramineux. On préfère, dit-il, réaliser des projets urgents et prioritaires dans les limites de leurs moyens. « Même si l’électrification est prioritaire, elle reste chère. Nous priorisons la réhabilitation des écoles, des centres de santé ainsi que l’adduction d’eau. Ainsi, toutes les zones disposent de centres de santé sauf en zone Gatabo où les activités sont en cours », précise-t-il.

Une préoccupation de l’administration

Il tranquillise toutefois la population que l’électrification tient à cœur l’administration communale. Cette question, précise-t-il, a été soumise à la hiérarchie afin qu’elle soit traitée. Pour y parvenir, il doit y avoir la contribution de la commune dans la limite de ses moyens, le financement du gouvernement et les appuis des partenaires au développement, souligne-t-il.

Cet administratif estime que tout développement doit être axé sur la population locale qui est l’un des acteurs principaux. Elle est écoutée et associée dans toute élaboration des projets car ce sont ses propositions et suggestions qui fondent le développement local.

Depuis le mois de mai 2021, le ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, en collaboration avec la Regideso, a démarré un projet d’électrification de 36 localités de l’intérieur du pays dont 23 chefs-lieux des communes et 13 centres jugés importants. Ce projet financé par la Banque africaine de développement, BAD, peine malheureusement à se réaliser pour répondre aux besoins énergétiques de la population et Kiganda n’en fait pas partie.

Selon les chiffres fournis par la BAD, le secteur de l’énergie au Burundi se caractérise par un faible taux d’accès à l’électricité et un important déficit de production d’électricité en raison de la faiblesse des investissements. Le taux d’accès à l’électricité au Burundi est l’un des plus faibles de la région de l’Afrique de l’Est. En 2019, ce taux était de 11% contre une moyenne de 47% au niveau régional. La situation est encore plus préoccupante en milieu rural avec un taux d’accès à l’électricité quasiment nul (2% en 2019).

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Stan Siyomana

    Quand le president Evariste Ndayishimiye fait ses tournees a travers le pays parfois il definit le developpement par le fait qu’il ne voit plus d’enfants qui souffrent de la malnutrition et par le fait que tout le monde est bien habille (si l’on compare avec la situation en 2005).
    Ici cette brave citoyenne Jeanne Ndayizeye vient de donner sa definition de developpement:« Je viens de passer trois jours sans utiliser mon téléphone alors qu’il me facilite la communication avec mes enfants qui ne sont pas pour le moment tout près de moi. La commune doit résoudre cette problématique »…

    • Le niveau d,acces a l,electricite de 11%de la population est TRES bas. L,energie et le transport sont deux facteurs incontournables du developpement. inutile de parler d,emergence qd l,energie manque. Les autorites devraient urgement investir dans ces secteurs

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