Mercredi 07 août 2024

Politique

Kiganda : la population fustige toute mobilisation sur base ethnique

07/08/2024 0
Kiganda : la population fustige toute mobilisation sur base ethnique
Certains habitants de la colline Ruvumu disent qu’il faut combattre les discours ethniques

Dans une société post-conflit, tous les moyens sont bons pour atteindre ses propres intérêts. Certains acteurs politiques font la mobilisation politique sur base ethnique. Des habitants de la colline Ruvumu, commune Kiganda de la province de Muramvya témoignent.

Pour les acteurs de la vie politique, partis d’opposition et ceux de la majorité, les chances de gagner les élections sont liées à la capacité de procéder à une socialisation politique des gens délégitimant ou légitimant les gouvernants. Ainsi, l’ethnisme est un outil de mobilisation politique très facile pour embarquer et embrigader.

Certains habitants de la colline Ruvumu, commune Kiganda, en province de Muramvya reviennent sur la mobilisation politique sur base ethnique. « Des politiques nous demandent de voter en leur faveur en nous caressant dans le sens ethnique. Mais, cela ne sera à rien. Il faut plutôt des projets de société efficaces », raconte un jeune de cette colline.

Une femme quinquagénaire fait savoir qu’il se passe beaucoup de choses lors des campagnes électorales. « J’ai été abordée par un mobilisateur du parti. Celui-ci me demandait de voter pour son parti afin de sauver notre ethnie. J’ai refusé de jouer son jeu », témoigne-t-elle.

Un autre abonde dans le même sens. Ils viennent et disent : « Tu es un Tutsi comme moi. Il faut me soutenir pour gagner et barrer la route aux Hutu. Peut-être que les autres tiennent aussi le même discours. Ils veulent profiter des postes pour nous oublier complètement par après ».

Un ancien policier à la retraite explique que certains politiciens sèment la division pour atteindre leurs intérêts politiques, électoralistes, économiques et symboliques. Il y a risque, dit-il, de mettre en cause la cohésion sociale alors qu’eux profitent tranquillement des avantages ainsi acquis.

« Nous devons combattre des discours ethniques lors la mobilisation politique. Un président ou un autre dirigeant ne sert pas son groupe éthique mais tout le pays. Il n’est pas là ni pour les Tutsi seulement ni pour les Hutu ni pour les Twa seulement. Je ne me laisserais pas embrigader dans cette manipulation politicienne », renchérit une femme qui fait partie des médiateurs collinaires.

Ces habitants indiquent qu’il faut tourner le dos aux manipulateurs. Ils considèrent que les Burundais ont une même ethnie, celle des filles et fils de la Nation. « Il faut voter les projets, voter l’avenir et non l’appartenance ethnique. On ne doit pas tomber dans le piège. »

Voter les projets de société

Fiacre Sinumvayaha, secrétaire exécutif permanent de la commune Kiganda explique que de tels messages ne sont pas fréquents dans sa localité. « La population ne vote pas en raison de l’appartenance ethnique. Les gens votent des projets de société. Certes, il y a eu des crises ethniques et des divisions dans le passé. Des gens ont été aujourd’hui sensibilisés pour transcender les différences ».
Cet administratif appelle à la responsabilité de chacun lors des campagnes électorales à venir pour un développement intégral. « Des gens doivent vivre l’unité dans la diversité », conclut-il.

Selon Jean Claude Nkundwa, expert en résolution des conflits et consolidation de la paix, une mobilisation politique sur base ethnique est possible quand il y a une éducation ethnique. « Il est alors facile que les gens soient gagnés aux divisions et aux diversions des politiques. J’insiste sur les stéréotypes, les émotions et les perceptions car, c’est via un processus de socialisation. »
Jean Claude Nkundwa donne l’exemple de ce qui s’est passé lors de la campagne de 1993. « On a eu des discours de chosification et de diabolisation échangés entre ceux qui étaient en compétition. Certains étaient appelés serpents et d’autres corbeaux. C’est une façon de déconnecter les compétiteurs de la masse ».

Il indique qu’aujourd’hui, certains considèrent que les défis du moment trouvent leur origine dans l’appartenance ethnique des dirigeants. « On dit que dans le passé, il y avait un groupe ethnique qui faisait mieux. C’est une façon de préparer l’opinion publique pour voter contre un Tel et voter pour un autre Tel. Que ce soit l’opposition ou la majorité, chacun peut en profiter pour gagner ».

Cet expert en résolution pacifique des conflits et consolidation de la paix prévient sur les conséquences. Il considère que la manipulation ethnique est la racine des crises cycliques au Burundi. Il faut réfléchir, dit-il, sur un avenir meilleur pour ne pas tomber dans le piège.

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