Kidumu : « Je viens en paix et rien de plus»

Le chanteur Jean-Pierre Nimbona, alias Kidumu revient sur certaines critiques en rapport avec son séjour au Burundi, ses concerts et sur bien d’autres questions.

Quel est votre message aux Burundais ?

C’est toujours la paix. Il faut que le pays soit stable, que les réfugiés rentrent, que les prisonniers soient libérés. Je voudrais leur délivrer un message d’espoir. La crise politique se résout toujours par des négociations. Ce n’est pas une prophétie mais je sais que chaque fois qu’il y a une crise politique, ça signifie qu’à la fin il y aura des négociations, des accords à signer encore une fois. Mon message est donc simple : que le Burundi retrouve la paix et la stabilité, que le pays avance socialement et économiquement.

D’où vient votre optimisme alors que le dialogue externe semble au point mort ?

Lorsque la crise a éclaté en 1993, tout le monde a pensé que c’était la fin du monde mais nous avons vu par après que c’était juste question d’avoir un compromis et signer les accords de paix. Il y aura toujours des négociations et comme je l’avais dit sur VOA lors d’un débat avec Léonce Ngabo, le seul remède contre une crise politique, c’est de se mettre autour d’une table des négociations. Même s’il y a des problèmes, des blocages, ils finiront par s’asseoir ensemble et il y aura des accords. Tu seras mon témoin.

Certaines voix vous critiquent vous taxant d’être proche du pouvoir de Bujumbura. Que répondez-vous ?

Je ne suis ni proche du pouvoir ni proche de l’opposition. Mon travail est d’unir les gens. Si je commence à prendre position d’un côté ou de l’autre, ça sera un échec pour moi. Quand je suis allé au Rwanda pour des concerts au mois de juillet, certaines personnes à Bujumbura ont dit que j’avais été acheté par l’opposition, que je chante pour des gens qui ont voulu renverser les institutions au Burundi.

Il y a eu même des menaces que si je rentre, ils vont me faire du mal, etc. Pour vous dire que je reçois beaucoup de messages des gens contents et d’autres très fâchés. C’est tout à fait normal. Lorsque je viens au Burundi, ceux qui sont au Rwanda sont fâchés.

Je trouve cela égoïste car beaucoup de Burundais sont ici. Je m’attendais à tout sauf cela car j’ai eu le courage de venir ici alors que ce n’est pas le gouvernement qui m’a invité. C’est l’ambassade du Kenya à Bujumbura qui a pris l’initiative d’inviter un Burundais qui habite à Nairobi pour venir chanter au Burundi à propos de la paix et les échanges économiques entre les Burundais et les Kenyans.

Mais ces critiques dénoncent votre prise de parole disant que la paix règne, etc.

Mais que veulent-ils ? Avez-vous vu un seul membre du gouvernement venir m’accueillir à l’aéroport lorsque je suis arrivé ? Je suis étonné de voir certains proches de l’opposition commencer à se lamenter en disant que ce n’est pas encore le temps de venir chanter la paix au Burundi.

Et moi je dis que je veux la paix maintenant et pas demain. Les Burundais ont besoin de la paix aujourd’hui si c’est possible, il ne fait pas attendre demain. Ces histoires de leurs différences d’opinion seront étudiées par le président Mkapa, le médiateur. Je me charge d’apaiser les cœurs brisés à travers ma musique. Ils se trompent d’ennemi.

Pourtant l’on dit que vous avez refusé d’aller chanter au camp des réfugiés burundais de Mahama.

J’ai voulu moi-même aller visiter mes frères et sœurs burundais du camp de Mahama mais arrivé au Rwanda j’ai trouvé que cela demandait beaucoup de procédures. Concernant le concert sur place, il y a eu tentative de manipulation. Ceux qui voulaient que j’aille chanter là-bas se sont heurtés à celui qui avait payé mon billet d’avion, mon hôtel, fait des publicités, loué des instruments et ils ont voulu en profiter pour se faire passer pour des humanitaires. J’ai refusé catégoriquement et c’est de tant mieux.

Vous avez une garde policière aujourd’hui, vous sentez-vous en danger ?

Au Burundi tout commence par des rumeurs et après les choses se réalisent. Et le gouvernement prend les affaires de la sécurité très au sérieux. Même si je n’aime pas cette escorte policière, je m’y fais car je ne veux pas remettre en question cette décision du gouvernement. Je pourrais les chasser mais si une chose de grave m’arrive, des manipulateurs diront que le gouvernement vient de tuer Kidumu. Le gouvernement dira, à son tour, que l’opposition vient de tuer Kidumu. Et je ne veux pas que cela soit une source des tensions de plus.

Votre participation au lancement de la campagne ’’Flambeau de la paix’’ à Ngozi aux côtés du président Pierre Nkurunziza n’est-ce pas une preuve que vous soutenez le pouvoir?

Quand le secrétaire général des Nations-Unies, Ali Bongo, Samantha Powell, Mkapa, etc viennent au Burundi, ils rencontrent qui ? N’est-ce pas le président Nkurunziza ? Lorsque tu arrives à l’aéroport, c’est la photo de qui dans le hall ? Si tu poses la question à Obama qui est le président du Burundi aujourd’hui, il te répondra quoi ? Qui signe les décrets ? Qui envoie les militaires en Somalie ? Il faut que les gens arrêtent l’hypocrisie. On connaît la vérité mais on essaye de passer à côté. Mais parce qu’un Burundais de Kinama, simple musicien va voir un homme que tout le monde visite, cela devient un problème et des critiques fusent. Je ne comprends pas franchement.