Des habitants de la commune Kibago ont été engagés début février par l’INECN pour planter des milliers d’arbres. Depuis, ils attendent d’être payés. Les responsables de l’institut parlent d’un retard du versement des fonds par le PNUD.
<doc3545|left>Colline Nyakazi, zone Bukeye de la commune Kibago. Déogratias Nimbona ne cache pas sa colère : « Nous avons été engagés par l’INECN (Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature) pour planter des arbres mais nous attendons toujours d’être payés deux mois après le travail. » Selon ce père de quatre enfants, 480 personnes ont planté des milliers d’arbres du 31 janvier au 14 février. Ils attendent d’être régularisés.
L’affaire remonte au début de 2012. L’INECN démarre un projet de restauration des paysages de la commune Kibago. Il engage à cet effet Dan Ford Niyidufasha, chef du site Nyakazi pour le recrutement des exécutants dudit projet. Celui-ci choisit plus de six cents rapatriés et résidents de la colline Nyakazi pour mettre en place une pépinière de 43.000 arbres. « Après cette tâche, nous avons été payés », se souvient Déogratias Nimbona.
Il ajoute que vers la fin du mois de janvier, l’INECN est revenu pour démarrer le projet de plantation. L’institut promet alors à chaque personne un salaire de 2000 Fbu par jour. «On nous a signifié que nous toucherons cet argent toutes les deux semaines », se rappelle Evariste Niyintunze, chef de la sous-colline Gituguta.
« Tout s’est brusquement arrêté »
Les habitants se mettent alors à creuser, chacun, 60 trous et plantent 60 arbres par jour pour pouvoir gagner les deux mille Fbu. Mais deux semaines après, un coup de théâtre se produit. Les travaux s’arrêtent sans aucune explication. « Nous venions de planter plus de dix mille arbres sur un espace de 8,5 hectares quand ils ont décidé de tout suspendre sans aucune explication. »
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{Selon des sources sûres, il était prévu de planter plus de 60.000 arbres dans la commune Kibago dans le cadre du projet de restauration des paysages. Chaque famille a reçu plus de 180 arbres de différents types à planter chez elle. Mais seule la moitié des arbres a pu être plantée sur différentes routes et autour du site.}
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Ces travailleurs demandent alors demandent des explications à Dan Ford Niyidufasha qui se nue dans un silence. Actuellement, l’espoir d’un léger mieux qui avait été suscité par ce travail a fait place à une colère sans nom. Certains n’hésitent pas à parler d’un détournement de leurs salaires vu le manque de communication qui entoure cette affaire.
D’autres comme les rapatriés du site Nyakazi ne savent plus à quel saint se vouer. Ils indiquent qu’ils viennent de passer plusieurs mois sans aucune assistance alors qu’ils sont rentrés de la Tanzanie en 2008. « Malheureusement, même ceux qui nous embauchent, ne veulent pas nous payer », regrettent-ils.
Après plusieurs jours sans être payés, ces habitants se sont plaints auprès de Caritas Irakoze, administrateur communal de Kibago. Celle-ci leur a répondu qu’elle n’était pas au courant de ce projet. Elle leur a seulement promis de suivre de près ce dossier.
Interrogée, le numéro un de Kibago n’a pas caché son irritation. Selon elle, lors de la mise sur pied des pépinières, l’INECN lui a mis au courant et tout s’est bien passé. Mais elle s’étonne qu’il ne lui ait pas communiqué le début de la plantation.
« Dès que nous aurons ces fonds, ils seront régularisés »
Avant de se demander pourquoi, cet institut est passé par Dan Ford Niyidufasha directement, au lieu de se référer à l’administration comme il est d’usage : « Je ne connais même pas la liste totale de ceux qui ont été engagés pour planter ces arbres. » Concernant le versement des salaires, Madame Irakoze fait savoir qu’elle a soumis la question aux responsables de l’INECN à Makamba pour régler cette question rapidement.
Onésime Nyandwi, l’un des responsables de l’INECN dans cette province tranquillise aussi ces populations. D’après lui, personne n’a détourné leurs salaires. Il explique que le PNUD a financé ce projet par tranches et qu’ils attendent le versement de la troisième tranche pour pouvoir payer ces populations. « Dès que nous aurons ces fonds, ils seront régularisés », soutient-il.
Jimmy Nzobakenga du bureau du PNUD, antenne de Makamba n’y va pas aussi par quatre chemins : « Le chèque est disponible depuis mardi de la semaine passée. Nous avons déjà communiqué la nouvelle aux responsables de l’INECN. » Avant d’ajouter que la balle se trouve actuellement dans le camp de cet institut.
En attendant le versement de ces salaires, l’INECN devra résoudre un autre problème et non des moindres. D’après Dan Ford Niyidufasha, 411 personnes ont travaillé durant la plantation des arbres alors qu’Evariste Niyintunze parle, lui, de plus de 480 individus engagés. Mais cela est sans doute une autre affaire.