Le Lion kenyan est entré en scène, un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités. Le président Uhuru Kenyatta s’est rendu, lundi 11 mars, à Kigali et Kampala et, ce faisant, il s’est positionné comme médiateur entre les frères d’armes d’hier.
« Le Congrès national rwandais (RNC) reçoit le soutien d’Ougandais. Nous ne voyons pas pourquoi le RNC devrait faire partie d’une équation entre le Rwanda et l’Ouganda. Nous n’y voyons aucune logique, mais il opère toujours en Ouganda », a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, Richard Sezibera, mardi 5 mars.
« Il est faux de dire que l’Ouganda abrite des éléments combattant le régime au Rwanda », a rétorqué son homologue ougandais, Sam Kutesa, dans un communiqué rendu public, le même jour.
La tension était aussi montée d’un cran par des menaces de part et d’autre. Le président Museveni avait lancé cet avertissement : « Ceux qui veulent déranger l’Ouganda, ils connaissent notre capacité. Notre capacité est grande. Une fois que nous nous mobilisons, vous ne pouvez pas survivre. » L’homme fort de Kigali l’a superbement balayé d’un revers de main, se contentant de déclarer avoir entendu parler de personnes ayant exprimé leur volonté de ne pas être déstabilisées, tout en ajoutant que ces mêmes personnes « ne devraient pas déranger les autres ».
Axe Nairobi-Kampala-Kigali en péril
Last but not least, l’héritier du père fondateur de la nation kenyane est intervenu une semaine après la fermeture par le Rwanda de son principal point frontière avec l’Ouganda, dans la ville de Gatuna. « De manière cruciale, cette frontière relie également le Rwanda au Kenya, où entre 5 et 15 autobus et des dizaines de camions transportent des centaines de passagers et des tonnes de marchandises entre les deux pays », détaille David Kwalimwa, journaliste au Nairobi News, dans un article publié mardi 12 mars.
S’agissant du contentieux burundo-rwandais, un « sommet extraordinaire sur le conflit ouvert entre le Burundi et le Rwanda » avait autant de chance de se tenir que de voir le vent glisser sur une lueur de bougie. Kigali clame haut et fort qu’il n’a pas de problème avec son voisin du sud. Et de surcroît que la crise politique en cours au pays des mille et une collines est burundo-burundaise. La médiation entre le Burundi et le Rwanda est dès lors inenvisageable. Et ce d’autant plus que le chef d’Etat rwandais est devenu le président en exercice de l’EAC, depuis vendredi 1er février 2019.
Ce grave contentieux rwando-ougandais met du plomb dans l’aile de l’axe Nairobi-Kampala-Kigali, et partant pourrait hypothéquer l’avenir de cette communauté sous-régionale. On peut ignorer un wagon, pas la locomotive.