Poursuivi pour « outrage envers les dépositaires de l’autorité publique » et « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », le blogueur Kenny-Claude Nduwimana, qu’une certaine opinion qualifie de sulfureux avec des propos frôlant des messages de haine, a comparu ce jeudi 2 mai devant le Tribunal de Grande Instance de Mukaza. Selon le Code pénal burundais, ces crimes sont passibles d’une peine d’emprisonnement de plus de 20 ans.
L’audience a débuté vers 11 heures. Les membres de sa famille, le président de l’Olucome (Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques), et certains journalistes étaient venus assister à ce procès. Kenny-Claude était bien escorté par des policiers.
Dès le début de l’audience, une consigne formelle du juge président tombe : interdiction de prendre des photos ou des images de Kenny-Claude Nduwimana. Un journaliste de la radio Isanganiro en a fait les frais, il a été même mis dehors pour une tentative de prendre quelques images.
Néanmoins, le procès a été programmé pour le mois de juillet prochain à cause de l’absence de son coaccusé Médard Muhiza, l’ancien chef des affaires à l’ambassade du Burundi à Kinshasa, qui est en liberté provisoire. C’est pour une deuxième fois que le procès se retrouve reporté suite à l’absence de ce dernier.
Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome se dit indigné de la manière dont le blogueur Kenny-Claude Nduwimana est traité. « L’un est en prison, l’autre est en liberté provisoire alors qu’ils sont accusés des mêmes infractions, il est clair que Kenny-Claude Nduwimana est emprisonné d’une manière qui n’est pas claire », a-t-il confié.
Il est important, poursuit-il, que ce blogueur qui se dit journaliste soit considéré ou traité de la même manière que son coaccusé. Le président de l’Olucome a également déploré le comportement du président du Tribunal de Grande Instance de Mukaza envers les journalistes.
« C’est impossible, chacun doit faire son travail. C’est un métier qui n’est pas fait par des gens illettrés mais des intellectuels qui savent de quoi ils sont en train de faire”. Et de marteler : ”D’une manière générale, emprisonner un journaliste pour moi, c’est vraiment emprisonner l’information”.
Kenny-Claude Nduwimana est détenteur d’une carte de presse délivrée par le Conseil national de la communication (CNC), il se dit journaliste indépendant, directeur du Journal Izuba et du journal en ligne JAYC TV, il a été arrêté le 3 octobre 2023 avec comme codétenu un certain Médard Muhiza, un ancien chargé d’affaires à l’ambassade du Burundi à Kinshasa. Ces derniers étaient accusés d’escroquerie, d’imputation dommageable et d’atteinte à l’honneur des institutions.
La police leur reprochait d’agir ’’sous de faux comptes sur les réseaux sociaux notamment sur X’’. A titre d’exemple, explique la police, Médard Muhiza a fait passer un message sur ce réseau social que le Chef d’État-Major Général est aux arrêts au palais présidentiel, ce qui s’avérait être faux car le palais présidentiel n’est pas une prison.
La police affirme avoir découvert que ces deux individus travaillaient en groupe derrière des comptes anonymes comme Yigenga ou King Umurundi. ”Ils se font passer pour des lanceurs d’alerte alors qu’ils cherchent à ternir l’image du pays et des institutions’’, fait savoir la police sur le site du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.
Des sources proches de Kenny-Claude Nduwimana nous indiquent toutes les reproches formulés contre lui, ont été ’’fabriqués de toutes pièces’’, estimant qu’il ne fait que son métier.