Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Kayanza : l’interdiction du commerce du petit bétail levée, mais…

16/07/2019 Commentaires fermés sur Kayanza : l’interdiction du commerce du petit bétail levée, mais…
Kayanza : l’interdiction du commerce du petit bétail levée, mais…
Célestin Nzobonimpa : « Durant ce mois de juin, nous avons encaissé un manque à gagner énorme. »

Depuis le 3 juillet, sur toute l’étendue de la province Kayanza, la commercialisation des chèvres et des moutons est autorisée. Mais, la suspension de ces activités a plombé les revenus des commerçants, des rôtisseurs, de même que les recettes communales.

Lundi 8 juillet. Il est 10h dans la ville de Kayanza. Sur RN1, devant les bars, un homme avec un bouc attaché à la main marchande avec une femme. Il s’agit de Léonard Bucumi, commerçant originaire de la colline Canzara et Consolate Nyabenda, rôtisseuse de la viande de chèvre. Après une dizaine de minutes, ils s’entendent sur le prix. Ce commerçant des chèvres cède cette bête à 48 mille BIF. La joie se lit sur ce visage. Ce dernier ne cache pas sa joie : « J’empoche un gain de 5000 BIF. Je l’ai acheté à 43 mille BIF »

Il se réjouit qu’il va utiliser 3000 BIF pour acheter la farine de maïs,  les haricots, l’huile de palme  et le sel. Le reste sera mis de côté pour rembourser la dette.

Ce père de huit enfants déplore que l’administration provinciale  ait interdit la commercialisation des chèvres et des moutons, depuis le 3 juin. C’était pour prévenir la propagation de la peste qui sévissait dans la province Ngozi. Sourire aux lèvres, il fait savoir que le gouverneur, Anicet Ndayizeye, a levé cette décision le 3 juillet.

Cependant, ce quadragénaire fait savoir que cette mesure lui a coûté cher : « Je viens de recommencer à zéro.  » A cause de cette mesure, regrette-t-il, j’ai utilisé tout le capital pour subvenir aux besoins quotidiens de ma famille. A la veille de cette décision, ce commerçant de chèvres indique qu’il avait un capital de 100 mille BIF.

Ce fond générait au moins 3000 BIF par jour. Pour recommencer, il a dû s’endetter. Un ami lui a prêté 50 mille remboursables sur 5 mois. M. Bucumi espère que d’ici trois mois, il remboursera ce prêt.

Du côté des rôtisseurs de la viande de chèvre, le constat est qu’ils ont également encaissé un manque à gagner. Le mois de juin a été, pour eux, une dure période.

Le manque à gagner est énorme

Pour Consolate Nyabenda, cette mesure a plombé son revenu. Avant cette décision, elle pouvait gagner au moins 7000 BIF. Cette femme tient à préciser qu’elle a perdu plus de 210 mille BIF. « J’étais inquiète pour l’avenir de ma famille». Cette rôtisseuse soutient qu’elle n’a pas croisé les bras face à cette situation. Elle s’est rabattue sur la vente de la viande de vache. Mais, cela n’a pas marché, explique-t-elle, tous mes clients savaient que je ne vends que de la viande de chèvre. « N’eût été l’appui de mon mari, je ne pouvais pas nourrir mes trois enfants et payer le loyer comme d’habitude ».

Pour le moment, elle indique s’être lancée dans ce commerce même si les clients ne sont pas nombreux comme avant. Certains clients sont partis parce que leur plat préféré n’était plus disponible. « Je ne peux pas abandonner le métier qui m’a donné l’argent pour m’acheter une parcelle».

Célestin Nzobonimpa, le propriétaire du bar restaurant « Kumugumya », soutient que la situation était intenable. Durant tout le mois de juin, ce commerce était déficitaire. Ce commerçant emploie huit ouvriers qui travaillent dans le restaurant. Il les loge et les nourrit. Salaire compris, chaque employé lui coûte au moins 100 mille BIF. « Durant ce mois de juin, nous avons encaissé un manque à gagner énorme. Imaginez dépenser plus 800 mille BIF sans rentrer dans la caisse », fait remarquer Célestin Nzobonimpa

En outre, il fait savoir qu’il vend entre 5 et 10 chèvres par jour. Une chèvre lui rapportait un gain variant entre 7 et 10 mille BIF. En moyenne, ce commerce lui procurait entre 30 et 35 mille BIF par jour. Selon lui, grâce à la levée de cette mesure, les clients reviennent peu à peu.

Toutefois, cette décision ne frappe pas seulement les commerçants et les tenanciers de bistrot. Les recettes communales ont diminué, notamment pour les communes qui ont des abattoirs et les marchés des petits ruminants. C’est le cas de la commune de Kayanza. Selon Jean-Marie Manirakiza, l’administrateur de cette commune, les recettes communales ont diminué au mois de juin.

Cet administratif confie que grâce au marché et l’abattoir des petits ruminants, la commune encaissait entre 500 et 700 mille BIF par semaine. Ce responsable estime qu’au cours du mois dernier, la commune a perdu entre 2 et 3,5 millions BIF. Et de soutenir qu’avec la levée de la mesure, la caisse commune sera renflouée.

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