Lundi 23 décembre 2024

Économie

Karusi : plus de deux ans sans aucune station-service !

Malgré la route goudronnée qui a désenclavé la province Karusi, la population doit aller à Gitega et à Muyinga pour s’approvisionner en carburant. Ou accepter de l’acheter chez les trafiquants au grand risque de se ravitailler enmauvais carburant.

Un vendeur ambulant dépannant une voiture qui est tombé en panne sèche ©Iwacu

Il est 9h du matin au chef-lieu de la province, les détenteurs des boutiques et kiosques commencent à ouvrir leurs stands. Autour du marché, des bidons et des bouteilles d’eau minérale sont rangés devant les kiosques. Au premier regard, on dirait des bouteilles remplies d’eau. Mais elles contiennent du carburant. Les vendeurs scrutent tout nouveau visage qui est sur une moto ou dans une voiture en lui proposant essence et mazout. J’approche pour demander la provenance et le prix de ce carburant.

Apercevant mon micro, certains vendeurs se font très discrets pour s’éclipser suite à l’appareil photo et ma carte de presse. Je les rassure que je ne cherche pas à saisir leurs marchandises, mais plutôt à entendre leurs doléances. Un jeune homme s’adresse à moi en Kiswahili et dit qu’il peut vendre un litre d’essence à 2500fbu. A la question de savoir comment ils se débrouillent pour trouver autant de carburant alors qu’il n’y pas de station-service à Karusi, certaines indiscrétions affirment qu’une grande partie de ce carburant est vendue par les chauffeurs des poids lourd en provenance de la Tanzanie ou les chauffeurs des véhicules du gouvernement.

Les propriétaires des voitures et motos indiquent qu’ils font des acrobaties pour trouver de l’essence. S’ils ne l’achètent pas directement de Gitega ou de Muyinga, ils sont obligés de l’acheter par bidon de cinq litres aux commerçants qui font la contrebande. Malheureusement, comme ils l’indiquent, ce carburant contient parfois des impuretés et leurs véhicules tombent souvent en panne.

« Nous n’avons pas de choix .Quand on n’a pas assez d’argent pour acheter un bidon de 20litres à Gitega ou à Muyinga, nous utilisons celui que nous trouvons ici. 1 litre varie entre 2500 et 3 00 Fbu »,déplore Berchmans, propriétaire d’une voiture. Ces automobilistes partagent ce calvaire avec les propriétaires des moulins. D’après eux, leur travail n’est pas du tout facile suite à des pannes sèches répétitives.
La population de Karusi indique que ceux qui en tirent profit sont ces mêmes trafiquants, les mécaniciens et les vendeurs des pièces d’occasion qui réparent les véhicules, souvent en panne suite à ce carburant impropre. Quant aux voyageurs, ils font savoir que le ticket n’est jamais fixe.

Entre le marteau et l’enclume

Selon le commissaire provinciale de la police à Karusi, la gestion du commerce de carburant est très délicate. Selon lui, il est très difficile voire même impossible de lutter contre la contrebande. Pour lui, dans une province qui ne dispose d’aucune station-service et dont le park-automobile ne cesse d’accroître, il est difficile d’interdire ce genre de commerce. Entre la loi et la contrebande, les autorités choisissent de fermer les yeux malgré le danger que peut occasionner ce commerce des produits hautement inflammables. Elles déclarent qu’elles ont opté pour la tolérance tout en restant vigilants.

« Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’empêcher que les véhicules de l’Etat soient vidés par leurs chauffeurs. Nous expliquons aussi à la population de ne pas cacher ces produits dans leurs maisons ou de les exposer au feu », reconnaît Longin Sibomana, commissaire provincial de la police.

Quant au gouverneur de la province, Richard Nzokizwanimana, la situation a trop duré. Néanmoins, il reste optimiste et déclare qu’il a des promesses de la part des pétroliers pour la construction des stations-service.
Et de promettre : « Nous avons eu des contacts avec la société Kobil. Nous leur avons déjà octroyé une parcelle dans laquelle ils vont installer leur matériel. D’ici peu de temps, nous aurons au moins une station au chef-lieu de la province. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Ivy’i Karusi ni akananira bahinga… Vyose bizokorwa n’imvukira zayo zifatanije n’abahaba bose…
    Abakuru b’intara n’abayiserukira mu zindi nzego rero ni ukwikubita agashi bakaraba ingene kokworohereza imvukira n’ababa muri iyo ntara kugirango baze barakorerayo ibikorwa vy’iterambere… Niko no mu yandi maprovensi bigenda!

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