Les chiffres des dépistés de la malaria au centre de santé de Gitaramuka font état d’une recrudescence de cette maladie. La population appelle à la distribution régulière des moustiquaires. D’après le médecin provincial, les mois de novembre et de décembre connaissent toujours une flambée de cette maladie.
L’ampleur de la malaria est inquiétante dans la province Karusi, depuis les deux derniers mois.
Lundi 4 février. Vers 11h. Une présence fortement féminine est remarquable dans la cour du centre de santé de Gitaramuka. Une bonne partie est assise dans un local sous un toit. Le climat est bienveillant.
Toutes enceintes, elles sont venues particulièrement pour l’examen de l’état de la grossesse. La malaria les préoccupe également. Au retour, chacune a droit à une moustiquaire pour protéger son enfant.
Dans la cour intérieure, la fréquentation est plutôt mixte. De jeunes femmes et enfants dominent. Le nombre y est aussi impressionnant. Dans une petite chambre non loin de la pharmacie, le dépistage de la malaria est en cours. Deux infirmiers sont à l’œuvre. Ils sont éreintés, suent, etc., en raison du grand nombre de leurs hôtes.
A quelques mètres, ceux dont le dépistage a donné un résultat positif attendent des médicaments. Ils entrent un à un dans une pièce voisine. Pendant que l’un d’entre eux est à l’intérieur, les autres échangent. Ils disent en chœur que la malaria sévit sur les collines. Un phénomène qu’ils trouvent habituel. Cette maladie est très récurrente pendant la saison des pluies.
Différentes causes en sont à l’origine d’après Léandre Ntunzwenayo, titulaire adjoint du centre de santé Gitaramuka. Il rappelle que durant la période pluvieuse, les moustiques abondent. Or, on remarque un peu partout des eaux stagnantes.
En plus, les moustiques se multiplient dans les champs de culture. Particulièrement dans les champs de maïs et la riziculture très pratiqués dans les marais. Ceux-ci leur servent de champs de prolifération.
Accès difficile aux CAM
Ce jeune infirmier parle aussi de l’insuffisance alimentaire. Les gens manquent de quoi manger pendant les mois de décembre, de janvier, etc. Ils attendent la récolte de la saison culturale précédente. N’ayant pas de provisions en suffisance, les femmes et les enfants sont généralement sujets à la malaria.
L’ignorance y est aussi pour quelque chose. Enock, jeune âgé de 20 ans, habitant de la commune Buhiga, soutient que les moustiquaires sont faites pour les enfants. «Je suis assez grand pour dormir dans une moustiquaire». Cependant, il reconnaît une recrudescence des cas de malaria dans les environs de chez lui.
Marthe Ntakimazi, femme issue de la communauté Batwa âgée de 40 ans, évoque des difficultés d’accès à la carte d’assurance acceptée à ce centre. Les possesseurs des cartes d’assurance maladie (CAM) ne sont pas les bienvenus à cet établissement. Celui-ci exige une mutuelle de la santé (Munasa).
Avec la présentation de cette carte, il faut 500 BIF pour une personne adulte et 800 BIF pour un enfant dont l’âge est compris entre 5 et 13 ans. Les enfants de moins 5 ans sont soignés gratuitement en raison de la mesure du gouvernement. Faute d’argent, il lui est difficile de se faire soigner.
Etienne Ndihokubwayo, 55 ans, appelle à la distribution régulière des moustiquaires. Celles qu’ils ont acquises en 2017 se sont vite usées. Cela est dû à l’état délabré de leurs maisons d’habitation. «Certains d’entre nous font la cuisine à l’intérieur de leurs maisons. Les fumées entraînent rapidement l’usure. Par manque de nouvelles, certains les recousent en vue de l’utilisation».
Des tests rapides dans les ménages
Pour faire face à cette maladie, des agents de santé communautaire soignent les gens chez eux Ils font le dépistage par de tests rapides et envoient au centre de santé les dépistés positifs. Ces agents ont été formés par l’ONG World vision.
Diomède Ndayisenga, l’un d’entre eux, indique que les agents de santé communautaire apprennent aux habitants des environs du centre notamment la bonne utilisation des moustiquaires. Ils ont organisé au mois de janvier des visites dans des ménages pour une sensibilisation sur l’importance de dormir dans des moustiquaires. Il espère que les chiffres vont diminuer avec les mois à venir.
Léonidas Nzisabira, médecin provincial à Karusi, tranquillise : « C’est une recrudescence périodique toujours en augmentation vers les mois de novembre et de décembre.»
Comme le titulaire adjoint du centre de santé de Gitaramuka, il explique cette recrudescence par de fortes précipitations et les flaques d’eau dans lesquelles se multiplient les moustiques.
M. Nzisabira assure que des sensibilisations sont en cours entre autres dans la commune de Gitaramuka : «Elle est la plus peuplée par rapport à d’autres communes dans toute la province». La pulvérisation en commune Gitaramuka a eu lieu respectivement au mois de novembre 2017 et d’août dernier.
La couverture sanitaire du centre de santé (CDS) Gitaramuka porte sur 11.775 personnes soit 2658 ménages. Ce sont des habitants en provenance des collines Rubuga, Gitaramuka et Kibenga. Toute la commune Gitaramuka comprend 26 collines réparties en 5 CDS.