L’un des principaux axes routiers de la province Karusi est paralysé depuis le mois d’avril, le trafic entre les communes Mutumba et Nyabikere a été arrêté, suite à l’effondrement d’un pont après de fortes pluies. Les travaux pour sa réhabilitation piétinent.
La route a été coupée dans les deux sens au niveau de la vallée de Nyakigezi, à des dizaines de kilomètres entre la commune Nyabikere et Mutumba à la suite de l’effondrement d’une buse en béton.
Cette route reliant les deux communes Mutumba et Nyabikere est le seul axe facilitant le transport par la densité du trafic. Plus souvent, le trafic vers la province de Gitega et Muyinga transitent aussi par cette route aujourd’hui coupée.
« On est en train d’enregistrer des pertes énormes à cause de ce pont qui s’est effondré. Nous ne trouvons aucun client de Nyabikere à cause de ce pont », a expliqué un fabricant des briques cuites de la commune Mutumba, rencontré dans la vallée de Nyakigezi.
D’après la population de Mutumba, ce sont les fortes pluies qui se sont abattues dans la zone au cours du mois d’avril, qui ont provoqué des inondations dans la vallée et tout autour du pont.
« Ce dernier n’a pas résisté, il s’est effondré rendant le passage des voitures ou des camions quasi impossible. Seuls les motos et les vélos peuvent traverser ce pont », rapportent les habitants de la commune Mutumba rencontrés.
« L’eau s’est infiltrée sous le remblai du pont, et la buse qui supportait les poutres et les madriers, s’est affaissée. Quand quelqu’un tombait malade, il était facile d’appeler une ambulance pour aller à hôpital de Karusi mais aujourd’hui aucune voiture ne s’aventure sur cette route», regrette une femme de la colline Sagara.
Suite à cette situation, le prix du transport par moto a été revu à la hausse et a été multiplié par trois. Plusieurs habitants de ces localités ont pris la résolution de faire le trajet à pied. Devenus très coûteux, les déplacements ont été réduits.
« Pour aller à Karusi, les taxi-motos nous exigent de payer 15.000 francs alors qu’avant c’était 5.000 francs burundais seulement. Avec nos moyens, il faut aller d’abord à Nyabikere à pied pour prendre ensuite la voiture. Ce qui est difficile si on est malade ou avec un enfant sur le dos », déplore une autre femme tout en affirmant être devenue casanière.
La mobilité entravée
Sans ce pont très utile, les usagers de cette route Mutumba-Nyabikere sont contraints de multiplier les détours, les pénalisant en termes de temps, de distance et de coût mais aussi en fonction des modes de transport auxquels ils pourront accéder, notamment en fonction de leurs ressources économiques.
Le pont sur Nyakigezi en tant que support de flux est également notable tant quantitativement par les volumes de trafic qu’il permet d’acheminer d’une rive à l’autre. Les conséquences sur la vie quotidienne de la population entre les deux communes sont énormes.
« Je me rendais régulièrement à Gitega pour vendre du haricot et du manioc sec, mais comment y aller alors que je suis obligé de faire des kilomètres et des kilomètres pour y arriver. J’ai peur qu’une fois arrivé au marché, le prix que je demanderais, serait très élevé alors que les autres vendent moins cher », a reconnu un commerçant de Kibande à Mutumba.
Ce n’est pas tout, un camionneur interrogé affirme refuser des chantiers à Nyabikere parce que le coût des déplacements et d’amortissement de son véhicule est trop élevé par rapport au montant escompté. Selon lui, suite aux problèmes de transport suite à la mauvaise route, le temps imparti pour un chantier se rallonge, ce qui est une perte.
« Mon camion à benne est immobilisé depuis un temps par manque de travail. Nyabikere est à 11 km mais aujourd’hui je dois au moins effectuer plus de 40 km pour y arriver et avec le prix que je demanderais personne ne peut payer, c’est cher », a avoué un chauffeur de camion.
Quant au conseiller communal chargé du développement à Mutumba, il indique que ce pont détruit entrave la mobilité entre les communes. « C’est un problème majeur entre nos communes. Nous avions déjà adressé une correspondance à l’Office des Routes pour réhabiliter ce pont mais nous attendons encore la réponse qui tarde à venir », a fait savoir Onesphore Nsabimbona.
Même son de cloche chez l’ingénieur communal. « Nos deux communes ne sont pas capables de reconstruire ce pont. Le devis de la construction avoisine les 50 millions de nos francs. Sans une aide quelconque, nous risquons d’être enclavés pendant très, très longtemps », a reconnu Eddy Ndayishimiye.