Fermé le 20 décembre 2018 sur injonction du gouverneur de la province, le méga SSD n’a pas encore rouvert. Pour assurer la distribution de ses produits à Karusi, la Brarudi a donné le droit à d’autres distributeurs. La propriétaire compte porter plainte.
« Une violation flagrante du contrat. Tant que la Brarudi n’a pas encore résilié le contrat qui nous lie, de droit, hormis la commune Gihogazi, la tâche de distribuer les boissons Brarudi dans la province Karusi me revient », proteste la propriétaire du méga SSD. Mine évasive, quelque peu fébrile des yeux. Théodosie Cishahayo n’est plus la même. D’habitude joviale, depuis peu, la propriétaire dudit méga SSD dissimule à peine son incompréhension. « Des fois, je pense tout laisser tomber, mais, une voix de l’intérieur me dit de m’accrocher et d’aller jusqu’au bout », raconte-t-elle non sans peine. Face à la situation qui perdure, sans autre recours, elle confie s’être résolue à intenter un procès contre la Brarudi. « Je ne peux rester assis sans rien faire. Autant que la justice tranche ».
Avec un contrat d’exploitation du méga SSD de trois ans, au lieu d’œuvrer pour la rétablir dans ses droits, elle s’étonne que la Brarudi se soit empressée à lui trouver des remplaçants.
D’après Me Fabien Segatwa, son avocat, une violation flagrante du contrat en vigueur. « A aucun moment la Brarudi ne lui a signifié d’un quelconque manquement pour qu’elle la retire le droit de vendre ses produits à Karusi ».
Pour lui, une preuve que derrière ce délit, il y a même avec une volonté explicite de nuire à sa cliente. «A plus d’une fois, Mme Cishahayo a demandé qu’elle récupère ses bouteilles et casiers ou que ses véhicules de transport lui soit restitués. Mais, chaque fois, le délégué commercial de la Brarudi à Karusi a torpillé l’opération ».
Depuis, Mme Cishahayo craint qu’à cause des intempéries, elle ne trouve ses bouteilles cassées.
Peur du lendemain…
Mme Cishahayo ne cache que la peur du lendemain, des fois, effleure son esprit. « Quand tu te vois dépouillée, en tant que mère, l’on commence à penser si la scolarité de tes enfants n’est pas comprise.» Pour « précaution », elle révèle qu’elle a dû fermer le bar qu’elle tenait à son domicile.
Du côté de la Brarudi, la sérénité totale. « La priorité est la satisfaction de nos clients. Dans le cas échéant, nous travaillons d’arrache-pied pour qu’une issue favorable soit trouvée », assure Rémy Ndayishimiye, en charge de la communication.
Pour la propriétaire du méga SSD, des berceuses à tue-journée inutiles « Dans l’entretemps, mes bouteilles cassées se comptent par centaine et le taux d’intérêt de mon crédit bancaire ne cesse pas de croître suite au retard de paiement …. »
D’habitude bruyant, le centre urbain de Karusi cède peu à peu à la platitude. Les petits bars des alentours souvent bondés les après-midi sont quasi déserts. La cause: si ce ne sont pas le prix des boissons qui montent en flèche, ce sont les boissons qui manquent.
Des conséquences incommensurables
Dans l’après-midi de ce lundi 22 juillet, les quelques personnes rencontrées tous sont unanimes. « A notre péril, la situation doit changer », clament en chœur non sans humour. Ils affirment qu’il est désormais impossible de distinguer un mini bar simple et celui d’un standing VIP.
« Si dans des endroits pareils, le prix de la Primus est de 1700BIF, celui d’un Amstel 2500BIF, quelle est la différence avec les autres bars fréquentés par les ‘’intellectuels’’ ? »
Pour les grossistes, c’est une situation intenable, difficile à expliquer. Contraints désormais de s’approvisionner soit à Gitega ou à Muyinga, ils ne cachent pas qu’à cause du prix du transport élevé, ce sont les consommateurs qui en font les frais. « C’est contre nous si non l’on travaillerait à perte », indique Consolate, vendeuse de boissons dans un dépôt.
Pour elle, la Brarudi doit vite trouver une solution. « Parce qu’il est inconcevable qu’un casier d’Amstel s’achètent à 24500BIF, alors que du temps où le méga SSD était fonctionnel, il s’achetait à 19500BIF ».
Contactée pour savoir à quand la levée de la mesure, Mme Calinie Mbarushimana, gouverneur de Karusi, sans vouloir faire trop de commentaires, indique que les produits Brarudi sont disponibles. Il n’ ya pas à s’alarmer, selon elle.