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Karera : les chutes de la discorde

05/05/2013 Commentaires fermés sur Karera : les chutes de la discorde

Les communes de Musongati et Mpinga Kayove se disputent la propriété des chutes de Karera depuis deux ans pour des raisons de taxes communales. Pour l’INCEN (institut national pour l’environnement et la conservation de la nature), c’est un faux débat puisque la gestion de ces chutes appartient au gouvernement via l’institut.

<doc7779|left>Zone Shanga, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la province Rutana. Au milieu d’une nature à couper le souffle, depuis le haut d’une falaise, dévalent les chutes appelées Karera ou Shanga. En tout, elles sont quatre : Nyakayi 1, Nyakayi 2, Mwaro et la plus grande d’entre elles dite Karera.
Pourtant sur place, les lieux sont peu aménagés pour en faire un véritable lieu touristique. Quelques bancs ont été installés pour permettre aux visiteurs de s’asseoir et contempler ces eaux qui se jettent en produisant un son doux. Côté gauche des premières chutes, une sorte de maisonnette a été construite, visiblement pour abriter les visiteurs en cas de pluie.

Une route accidentée, et impraticable lorsqu’il pleut, longe les lieux et deux barrière se dressent devant les visiteurs. La première est celui de la commune de Musongati ou toute personne verse 1000 Fbu comme taxe communale pour accéder aux chutes. La seconde, celui de l’INCEN où chaque étranger paye 10000 Fbu et les nationaux 4000 Fbu.

Et c’est là, l’objet du conflit qui oppose Musongati et Mpinga Kayove depuis 2011. Chacune des deux communes revendique la propriété de ces chutes pour enfin encaisser les taxes communales. Selon une source proche de la comptabilité de la commune Musongati, ces taxes peuvent rapporter entre 100 et 200 mille Fbu pendant les saisons sèches et entre 50 et 100 mille Fbu en saison des pluies. Ces taxes sont d’autant plus convoitées par la commune Mpinga Kayove que d’après les statistiques de l’Isteebu (institut de statistiques et d’études économiques du Burundi), cette commune fait partie des plus pauvres du Burundi.

<doc7778|right>Un dialogue de sourds

Arthémon Nyankirubusa, conseiller chargé du développement à la commune Musongati n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, ces chutes se trouvent dans sa commune car elles se jettent depuis la colline Karera, zone Shanga en commune Musongati. Par ailleurs, poursuit-il, c’est sa commune qui s’occupe des travaux d’entretien des pistes menant aux quatre chutes depuis longtemps : « Aucune route ne donne accès aux chutes à partir de la commune Mpinga Kayove. Comment peuvent dire que ces chutes se trouvent dans leur commune ? »

Le hic, c’est qu’un décret présidentiel datant du 12 avril 2011 attribue les chutes de Karera à la commune de Mpinga Kayove. Révocate Nibigira, administrateur de la commune Mpinga Kayove, ne se prive d’ailleurs pas de le rappeler. Pour l’administrateur Nibigira, c’est sa commune qui devrait percevoir les taxes : « Nous ne pouvons pas abandonner cet argent ».

L’administrateur communal de Musongati revient à la charge et estime qu’on ne peut pas leur retirer la propriété de ces chutes parce que la source des eaux vient d’une autre commune. Elle illustre ainsi son raisonnement: « Sinon qu’en serait-il du Nil sachant que la source de ce fleuve se trouve en Afrique centrale ? »

Des chutes à cheval entre les deux communes

En 2011, l’administrateur communal de Mpinga Kayove a adressé une correspondance au directeur général de l’INCEN pour réclamer les recettes générées par les chutes de Karera. Quelques mois plus tard, l’administrateur communal de Musongati a lui aussi écrit au ministère de l’environnement pour annuler la demande de Mpinga Kayove. L’affaire se trouve actuellement au niveau de la direction générale de l’INECN.

Pour un responsable de cet institut, cette affaire a pris une ampleur qu’elle n’aurait pas du prendre car aucune commune ne devrait revendiquer la propriété de ces chutes : « Selon la cartographie à notre disposition, ces chutes se situent à cheval entre les deux communes. » Et d’ajouter qu’aucune commune ne devrait s’en approprier l’appartenance. D’autant, soutient-il, que la gestion de ces chutes revient au gouvernement. D’après lui, les chutes ont été classées parmi les patrimoines de l’Etat et la vision du gouvernement dépasse largement ces disputes entre les deux communes. Et de conclure que ce qui intéresse l’INECN c’est la gestion de ces chutes pour en faire un lieu touristique digne de ce nom.

La question reste entière quant à la perception de ces taxes communales et qui devrait en bénéficier. Les deux communes attendent toujours la réponse de l’INECN.

<quote>Les chutes de Karera : elles se trouvent au sud-est du Burundi, dans la province de Rutana, commune de Musongati, sur la colline de Shanga. Elles sont orientées du Nord au Sud et s’étendent sur 142 ha. Elles sont subdivisées en six branches et réparties sur trois paliers. Sur un premier niveau, se trouve une chute principale subdivisée en deux branches parallèles d’une longueur estimée à 80 mètres environ qui se déverse dans un bassin.  Cette chute comprend plusieurs cascades de tailles différentes entrecoupées de deux plates-formes. A l’ouest de cette chute principale se trouve une autre cascade moins importante de quelque 50 mètres. Les eaux de ces deux chutes convergent sur un deuxième palier pour former la troisième cascade qui se déverse sur la vallée. Ces eaux coulent à travers une galerie forestière entourée d’une savane à Parinari curatellifolia et Pericopsis angolensis et de grands arbres tels que le Newtonia buchananii. C’est à partir de 1980 que les chutes et la grotte de Karera ont été instituées en aires protégées. | {Source : ministère de l’Éducation Nationale et de la Culture – 2007}</quote>

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