Mardi 26 novembre 2024

Archives

Kappa, une histoire de pain

05/05/2013 Commentaires fermés sur Kappa, une histoire de pain

-* Kappa, c’est l’histoire de trois frères Grecs, nés au Soudan et qui se retrouvent au Burundi en 1956, par le pur des hasards. Après plusieurs péripéties, ils se lancent dans la boulangerie. Un pain croustillant qui garde sa qualité depuis 40 ans.

<doc4710|left>Kappa, c’est le nom, si familier, de cette boulangerie située en plein centre de Bujumbura. « Il s’agit d’une association des initiales de deux noms : Kartionis et Papadopoulos. Ce sont eux qui ont créé cette boulangerie en 1947 », explique l’un des trois actuels propriétaires qui souhaite garder l’anonymat. « Parce que ce n’est pas à moi seul. Avec mes deux frères, nous gérons cette petite entreprise depuis 1971 », se justifie-t-il, dans la peau d’un porte-parole.

L’octogénaire grec (il fête son 81ème anniversaire en août prochain) né au Soudan, arrive à « Usumbura » en 1956. « Je venais du Congo, où j’aidais mon frère dans son commerce. J’étais accompagné d’un ami soudanais qui exploitait un garage ici et m’a engagé », indique-t-il dans un français impeccable. « Je parle couramment aussi l’arabe, l’anglais et le kiswahili », ajoute-t-il fièrement.

Un peu touche-à-tout, le jeune employé se retrouve propriétaire de bateaux, en 1963, après avoir été agent commercial à la Bralima (Brasserie, Limonaderie et Malterie basée au Congo), branche d’Usumbura, et chargé de la clientèle dans une compagnie spécialisée dans l’importation de la quincaillerie. Cinq ans plus tard, il change d’activité. « J’ai vendu mon bateau pour me lancer dans le commerce de la farine», précise-t-il.

De ce changement radical va naître une belle histoire d’amour entre lui et la pâtisserie. Selon lui, c’est un travail rude, exigeant mais exaltant. « Moi et mes frères qui m’ont rejoint plus tard, nous nous levions à 4 heures du matin. Les 40 employés commençaient après nous pour terminer à 18 heures », explique le jeune boulanger.

Nostalgique, il se souvient du coût de la vie dans les années 70. A 25 francs l’unité, un père de famille achetait trois baguettes de pain : « Une pour lui, une autre pour son épouse et la troisième pour leur enfant. Aujourd’hui, avec 1.000 francs, il en achète un qu’il découpe en trois parties », regrette le vieil homme, plusieurs fois grand père. Lui qui craignait la fermeture de la boulangerie, après la pendaison de Kageorgis, un grec, impliqué dans l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, en 1961, verra son commerce toujours prospérer. « C’était pour moi une preuve que les Burundais n’étaient et ne sont pas racistes ou xénophobes » se rappelle le Grec.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 6 808 users online