Proche voisine de Bujumbura Mairie, avec laquelle elle entretient des relations étroites depuis bien longtemps, cette commune semi-urbaine compte sur le dynamisme de ses habitants pour se développer.
Du haut des montagnes de Kanyosha, la vue qu’on a de la capitale est imprenable.
Et pour s’y rendre, on emprunte deux voies : par Kiriri, en passant par le campus universitaire communément appelé « Kw’i collège », on pénètre dans la zone de Muyira. Et par la RN7, on peut joindre le centre administratif Ruyaga, ou la zone Kiyenzi.
Peu de voyageurs manquent le célèbre tournant de Kora, sur la RN7, où plusieurs d’entre eux aiment s’arrêter pour s’humecter le gosier, avant de rentrer à Bujumbura. Et pour ceux qui ont la fine bouche, les produits frais vendus dans les marchés-au-bord-de-la route, comme à Basekeza, annoncent des mets succulents sur les tables des maisons bien éclairées de la capitale.
La gent féminine, pilier de la vie sociale
Les tâcherons (maçons) qui viennent construire « en ville » proviennent pour la plupart des montagnes surplombant la capitale, la région de Kanyosha par excellence.
Tandis que les hommes « descendent » travailler, les femmes s’occupent des champs, des travaux ménagers, et quelques fois de ces mêmes travaux qui font migrer les hommes. Carine Nduwimana est agricultrice, et en même temps aide-maçon. On la rencontre sur un chantier à Ruyaga. « On ne peut pas survivre grâce à l’agriculture seulement, et par ce travail, on essaie d’alléger les charges de nos maris», nous raconte-t-elle.
Jean Berchmans Munzerere, administrateur, souligne le courage des femmes de sa commune. Selon lui, « la vie s’arrêterait en l’absence de la femme de Kanyosha, vu que même le tiers des collines est administré par ces mêmes femmes »
Des temps difficiles
Cette région, qui fait partie des toutes dernières à sortir de la guerre civile, n’a pas encore fini de panser ses blessures. La crise que traverse le pays semble être un grain dans un processus de réconciliation qui commençait à porter ses fruits. Pas plus loin que le 10 janvier 2016, deux personnes sont mortes, assassinées. Un règlement de comptes sur fond de conflits politiques, entendra-t-on.
Cette situation tendue affecte beaucoup de jeunes. Certains disent vivre dans la clandestinité, tandis que d’autres ont pris la fuite. Si l’administration semble faire tout son possible pour ramener la cohésion sociale au beau fixe, les jeunes, quant à eux, espèrent voir leurs doléances prises en considération. Cette jeunesse se dit convaincue que s’ils restent écartés comme ils l’ont été par le passé, aucune solution durable ne verra le jour.
Atouts et défis majeurs
Atouts: sa proximité avec la Mairie de Bujumbura, un sol fertile,…
Défis: la démographie galopante, le chômage des jeunes, un relief escarpé, difficilement cultivable,…
Kanyosha en quelques lignes
Kanyosha est une des neuf communes de la province Bujumbura (rural). Sa superficie est de 73,6 km². Elle est composée de trois zones, à savoir Ruyaga, Kiyenzi et Muyira.
Sa population est estimée à 89 000 habitants selon le recensement de 2008, et près de 55% de ses habitants sont des jeunes ayant moins de 40 ans.
Quant à son économie, elle repose principalement sur l’agriculture et le commerce.
Dans le domaine de l’éducation, elle possède sept écoles secondaires, dont une à régime d’internat.
L’incontournable paroisse Buhonga
Elément central de la vie sociale et religieuse dans la commune Kanyosha, cette paroisse, une des plus anciennes et plus célèbres missions catholiques du Burundi, s’illustre dans l’encadrement de la population.
Les dimanches sont les jours les plus vivants de la commune Kanyosha. Dans leurs plus beaux atours, femmes, hommes et enfants se pressent pieusement sur le parvis de l’église. Certains ont même fait des kilomètres pour venir suivre la messe.
Mais pour d’autres, le dimanche est jour de business. Certains artisans profitent de ce jour pour vendre leurs produits à la sortie des messes. Corbeilles, pots,… se font remarquer sur un petit marché un peu en retrait de la chapelle. Jean Mpawenimana, potier, est un habitué. « Depuis quelques temps, on n’arrive plus à écouler nos produits dans la capitale, et la Paroisse parvient à nous désengorger», apprécie-t-il.
Une action de longue date
La paroisse Buhonga a été fondée le 08 décembre 1902. C’était d’abord une mission, avant de devenir une paroisse le 15 novembre 1959. Elle est la troisième mission la plus ancienne, après Muyaga et Mugera, et elle prend en charge plus de 100 000 chrétiens baptisés.
Son action est inscrite dans le temps, car depuis les Pères Blancs, elle s’est investie dans beaucoup de domaines, par exemple dans l’éducation de la population.
La seule école à régime d’internat de Buhonga se trouve à la paroisse, tout comme quatre écoles primaires. Et mis à part les projets de société, Romain Mapoka, curé de la paroisse, nous apprend que « la paroisse s’attèle depuis quelques temps à un défi majeur, la réconciliation entre gens de Kanyosha. »
BUHONGA : MARIENHEIM
Dans cette introduction très poétique consacrée à la monographie de la paroisse Buhonga, l’Abbé Simon Ruragaragaza traduit toute la splendeur et l’espoir qu’incarne ce temple de la foi catholique.
‘‘Appuyée sur l’imposant et majestueux Mont MBOZA, BUHONGA
Cité de l’Immaculée Conception ;
Radieuse à l’aurore,
Merveilleuse au coucher du Soleil continue, impavide, de prodiguer son charme au touriste accouru, attiré par le plongeon du soleil ;
Soit, dans le lac, soit, derrière les monts et vallons du Congo, à peine importunée, par l’idéologie récente, combien détestable, et détestée, maudite du génocide, « Oui, Vierge Immaculée, aide-nous ».
Au secours !
« Mais le Cardinal eut toujours la certitude qu’à la fin la vérité et le bien auraient triomphé et que la force de la raison aurait prévalu sur les raisons de la force». (M. Le Cardinal Re J.B. Préfet de la Congrégation des Evêques évoquant Le Cardinal Agostino CASAROLI.)’’
Kanyosha s’exprime…
Délaissement, c’est le sentiment partagé par les jeunes et les femmes de cette localité. L’assistance s’est fait rare, les jeunes manquent d’encadrement, au moment où le tissu social est mis à rude épreuve.
Ami Munezero, « même pas un terrain de football !! »
Ce jeune démobilisé du FNL évoque l’absence d’activités sportives ou culturelles qui auraient pu rassembler les jeunes de la commune Kanyosha. Pour illustrer cette situation, Ami ajoute que même les rencontres sportives de la commune Kanyosha sont souvent délocalisées dans la commune Mutimbuzi !
Pourtant, souligne-t-il, ces activités sont des événements réconciliateurs, qui permettraient aux jeunes de toutes les affiliations de transcender leurs divisions, en les réunissant autour d’un catalyseur commun.
Bernardine Nsekerabansi, « des enseignements pour cohabiter sont nécessaires. »
Agricultrice et vendeuse de charbon, cette femme faisait du ramassage de bois pour le dernier mouvement rebelle ayant opéré dans Kanyosha. Et c’est ce qui lui aurait valu une animosité de certains de ses voisins, selon elle, exacerbée par la nouvelle crise que traverse le pays.
«On a besoin d’apprendre le vivre-ensemble pour cohabiter en paix », énonce-t-elle. Cette femme entre deux âges pense que le mal qui devrait être combattu, c’est la pauvreté. « Avec neuf enfants qui sont à l’école, l’essentiel pour moi serait un capital pour développer mon petit commerce », plaide-t-elle.
Jean de Dieu Habonimana, « les ONG doivent revenir. »
Cet ancien combattant du FNL déplore l’état délétère ambiant dans leur commune. « Cela a atteint d’autres sommets au moment où les projets qui rassemblaient les jeunes de toutes les tendances ont été suspendus », avance-t-il. Et d’ajouter qu’actuellement, d’anciens camarades se regardent désormais en chiens de faïence, sur base d’appartenances politiques.
Pour lui, les ONG et l’administration devraient travailler de concert et rassembler encore une fois les jeunes, si non, « un avenir très sombre se profile à l’horizon. »
Charlotte Niyonzima, de la mitrailleuse au chaudron
De colonel dans l’ancien mouvement rebelle FNL, cette femme avoisinant la quarantaine est aujourd’hui passée restauratrice. Un parcours hors du commun, qui inspire ses proches.
Chaque midi, fonctionnaires et commerçants du centre administratif de Ruyaga se pressent au « Bon Appétit », chez Charlotte. Le petit restaurant, encastré entre deux maisons, n’est pas visible du premier abord, mais les bons effluves qui en proviennent servent de GPS infaillible.
Charlotte, Maman Sat B, pour les intimes, donc presque tous ses clients, fait la cuisine presque à l’entrée de l’établissement, accueillant chaque client avec un sourire, et une blague à l’appui. Son abord facile fait d’elle une personne exceptionnelle. Rien chez elle ne montre qu’elle a pu être une féroce guerrière par le passé, et pourtant, elle en a vu des bien dures.
Une vie tumultueuse
Née à en 1977 à Matara en commune Nyabiraba, Charlotte va grandir à Buzige après le divorce de ses parents. En 1993, alors qu’elle est élève en 8ème à l’ESTA, le président Melchior Ndadaye est assassiné. Avec quatre de ses proches parents, dont un frère, elle rejoint le maquis, dans les rangs du CNDD.
Après la mort de tous ces premiers compagnons, elle rejoint le FNL, en 1995.
«Après avoir vu que je m’illustrais au combat, on m’a rapidement promue colonel », raconte-t-elle. Entre temps, elle rencontre un homme dans le maquis, et engendre avec lui trois enfants. Son mari meurt pendant la grossesse du troisième enfant. Charlotte commence à se sentir fatiguée du maquis. Elle finit par partir définitivement en 1998, avec l’accord de ses supérieurs.
Renaissance
À son retour, Charlotte va s’installer à Rweza en commune Kanyosha. Mais elle déménage vers Ruyaga quelques temps après, pour des raisons de sécurité. « Tout le monde me craignait après avoir appris mes faits d’armes », évoque-t-elle. Et les policiers ne lui donnent pas de répit non plus. Mais cela ne l’empêche pas de s’essayer à plusieurs sortes d’activités commerciales, jusqu’à aller chercher du travail à l’administration communale, en tant que perceptrice de taxes.
Plus tard, Charlotte va investir dans la restauration, et actuellement, elle a deux restaurants à son actif, qu’elle exploite en parallèle avec d’autres activités. Sébastien, ami et client du « Bon appétit », loue le dynamisme, la détermination et l’esprit d’entrepreneuriat de Charlotte. Pour lui, « c’est le modèle réussi de la reconversion d’une énergie destructrice en une force constructrice, un exemple dont tout le monde devrait s’inspirer. »
Aho Niwacu I Buhonga!!un peuple que j`aime beaucoup..Merci iwacu kudukumbuza iwacu.Article nkizo zikanezera cane!! Ngico ikinyamakuru kinshika kumutima ..Iwacu i Burundi!!
well done iwacu the memory of our region never give up we all wait at the right time to develop our mother city viva Buhonga