Mardi 05 novembre 2024

Société

Kamesa : Des Imbonerakure accusés de racket

02/11/2018 Commentaires fermés sur Kamesa : Des Imbonerakure accusés de racket
Kamesa : Des Imbonerakure accusés de racket
Pour construire à Kamesa, c’est un parcours du combattant

Les jeunes militants du parti Cndd-Fdd sont accusés de rançonner les propriétaires et les acheteurs des parcelles dans le quartier de Kamesa en zone Musaga dans la mairie de Bujumbura. Les concernés réfutent ces allégations.

Construire à Kamesa, c’est une autre paire de manche. Acheter une parcelle, c’est encore plus difficile. On doit payer les Imbonerakure et les administratifs. «Après l’achat de ma parcelle, j’ai été obligé de payer 100 mille Fbu aux Imbonerakure», assure J.B., un habitant du quartier Kamesa, en commune Muha de la mairie de Bujumbura. Il ajoute que quand il a voulu construire, on lui a encore demandé de l’argent. « Pour les Imbonerakure et 200.000Fbu pour les 5 élus collinaires.» Même le vendeur n’échappe pas à cette loi non écrite. Il s’agit d’un accord tacite. « Tu ne peux pas t’y soustraire. Parfois on reste avec des miettes», témoigne un propriétaire de Kamesa.

Les habitants du quartier pointent du doigt les jeunes du parti au pouvoir et à la tête un certain Evrard, leur chef. La population accuse aussi les administratifs à la base, notamment le chef de quartier Kamesa, un dénommé Bernard. «Impossible de commencer la fondation sans payer. J’ai déjà donné 400.000Fbu, alors que je n’ai même pas encore commencé à construire», indique B.N, propriétaire d’une parcelle. Très en colère, B.N. ne sait plus où donner de la tête. Selon ces habitants, on paie suivant la manière dont on veut construire.

« On n’en peut plus!»

Le chef de quartier s’est refusé à tout commentaire. Le chef de zone, Antoine Rumenyetso, est injoignable. « Ce sont des mensonges !», fulmine le dénommé Evrard, avant de nous raccrocher au nez. Le comble de malheur, selon ces habitants, c’est qu’ils ne délivrent aucun document qui atteste ce paiement. « Quand on pose la question, ce sont les coups qui tombent», témoigne D.K.

«On n’ose pas dénoncer ces exactions», témoigne un habitant de Kamesa. «Horicubonye yararamvye ! » (Tais-toi et tu vivras longtemps », ubunwa bunwa burahanwa (L’indiscrétion est punissable). Ce sont les mots qu’ils utilisent», renchérit un autre. Et ils préfèrent se taire. «Quand on demande sur quelle loi ils se basent, les menaces tombent ».
Quand J.P. a voulu dénoncer ce racket, il a passé trois jours en prison. «On m’a accusé de vol de téléphone. » Nombre d’habitants ont préféré garder le silence. «Ils ont trouvé plusieurs manières de s’expliquer. Soit on paie pour construire leurs petits monuments ou pour construire autre chose pour le parti Cndd-Fdd. Tu ne peux pas refuser. Franchement, on n’en peut plus.»

Les habitants de Kamesa demandent l’intervention du gouvernement. «Ils disent qu’ils ne sont pas payer pour leur travail et qu’ils le font au nom du gouvernement. C’est à ce dernier de les payer au lieu de nous rançonner, alors que nous vivons dans un dénuement total.» Ces habitants demandent aussi le concours des députés élus dans la circonscription de la mairie de Bujumbura. «Eux, ils ont eu la chance d’avoir une tribune où ils peuvent s’exprimer. Ce n’est pas notre cas. Qu’ils parlent pour nous!»

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