Mardi 05 novembre 2024

Politique

Kamenge : recrudescence de la criminalité

18/05/2017 2

Assassinats ciblés, attaques à la grenade, vols, rackettes, des phénomènes presque oubliés, refont surface. L’administration à la base et la police se rejettent les responsabilités.

Zone Kamenge, la nuit tombée, les mouvements des gens sont limités
Zone Kamenge, la nuit tombée, les mouvements des gens sont limités

Trois attaques meurtrières se sont produites en l’espace de trois semaines. Le dernier cas en date s’est passé dans la soirée de jeudi le 4 mai. Un rabatteur du parking des bus en partance vers l’intérieur du pays, au lieu communément appelé gare du nord, a été assassiné.

Une fillette qui était tout près du lieu du meurtre, légèrement blessée. Les auteurs de ce crime restent inconnus. La police a annoncé l’ouverture d’une enquête.

Deux semaines avant, sur la 5ème avenue au quartier Heha, un couple et leurs enfants à bord d’une voiture étaient visés par une attaque à la grenade par des gens se déplaçant sur une moto. L’homme est mort sur le champ, sa femme transportée à l’hôpital dans un état critique. La police a également annoncé une ouverture d’une enquête. Depuis, les gens n’osent pas trop s’aventurer le soir dans des lieux très fréquentés.

Plusieurs facteurs expliquent l’insécurité

Selon les habitants de Kamenge, plusieurs raisons expliquent ce regain de la criminalité. « Il n’y a aucun contrôle sur le trafic des gens dans notre zone. Des personnes sans adresses, circulent la nuit comme le jour et dorment devant des restaurants ou à l’intérieur de petits kiosques en bois ou en roseaux », lâche une dame de la 11ème avenue. Ce sont ces gens qui commettent des crimes et s’en vont sans être inquiétés.

«Comment assurer la sécurité ou bien contrôler des gens la nuit dans l’obscurité totale. Nous n’avons jamais de courant le soir à Kamenge », se plaint un vieux du quartier Twinyoni. D’après lui, la Regideso devrait revoir le délestage pour qu’au moins toutes les zones soient éclairées la nuit. Sinon, prévient-il, même des policiers ou bien les comités mixtes de sécurité ne peuvent pas être efficaces s’ils ne voient rien.

Lors de la réunion de sécurité entre le maire de la ville, la police et les administratifs à la base de la commune Ntahangwa, qui a eu lieu vendredi 5 mai, à la salle de réception Kukazuba center, des chefs de quartiers et chefs de cellules ont pointé du doigt l’impunité et le laxisme de la police : « Lorsque nous arrêtons des gens qui ont racketté d’autres ou bien des malfaiteurs, ils sont aussitôt relâchés par la police. On nous explique ensuite qu’ils sont soit membres des comités mixtes de sécurité soit d’anciens démobilisés».

D’autres accusent certains propriétaires de bistrots de fonctionner 24 heures sur 24 parce qu’ils sont proches du pouvoir voire des dignitaires. D’autres encore accusent la police de fermer les yeux sur de petites fabriques de boissons prohibées. Or, soutiennent-ils, ces endroits sont devenus le terreau des malfaiteurs et des bandits de toutes sortes.

Responsabilité partagée

Bonfort Ndoreraho, commissaire municipal de police a reconnu que des pressions étaient faites sur des agents de la police pour qu’ils libèrent des criminels appréhendés. Mais pour lui, cette pratique doit cesser si les citadins veulent que la ville de Bujumbura soit sécurisée.

Concernant les cas de vols, d’assassinats et autres, le commissaire municipal de police a exhorté les administratifs à la base et la population à dénoncer les suspects : «Il n’est pas compréhensible que quelqu’un passe deux, trois jours dans une localité sans que le chef de cellule soit au courant ou sache au moins son identité».

Et d’appeler les administratifs à la base à surveiller ceux qui ont été récemment libérés de Mpimba, des mendiants chassés du centre-ville de Bujumbura qui passent leur temps à la gare du nord car il s’avère que ce soit eux qui commettent ces crimes.

Quant à Freddy Mbonimpa, le maire de la ville de Bujumbura, les habitants de Kamenge sont les premiers à causer l’insécurité car ils détiennent des armes à feu : «Nous ne pouvons pas permettre que Kamenge devienne une zone ingérable».

Bien plus, Freddy Mbonimpa a demandé que tous les endroits qui servent ou vendent des boissons prohibées soient définitivement fermés.

Concernant la gestion du traffic, le maire a demandé le respect strict de la mesure d’interdiction de circulation des motos après 18 heures. Et d promettre que la question du délestage de la Regideso sera réglée au mois de juin.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. MUBI

    « … Et de promettre que la question du délestage de la Regideso sera réglée au mois de juin. »
    Les problèmes techniques de la Regideso seront résolus au moi de juin ? Il y a de l’énergie à injecter dans le réseau électrique d’ici-là ? A quand le réveil du peuple berné ?

    • Rurihose

      Au .oins de Juun.
      Ça viendra du ciel?

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