Ce samedi 18 février, Inès Mbesherubusa, présentait son premier livre, Kajumbu et Kumbati face à un public d’enfants. La lecture de quelques extraits par l’auteure a suscité l’enthousiasme auprès de son très jeune public. Pour beaucoup de parents interrogés, Kajumbu et Kumbati est une histoire à laquelle leurs enfants peuvent facilement s’identifier contrairement aux autres livres écrits en français qu’ils ont l’habitude de leur faire lire.
Devant un parterre d’une vingtaine d’enfants de 3 à 12 ans accompagnés par leurs parents, Inès Mbesherubusa explique que son livre fait l’éloge de l’acceptation de soi. « Kumbati avait du mal à s’accepter tel qu’il est, il n’arrivait pas à accepter qu’il est là pour être mangé un jour et Kajumbu l’aide à accepter sa destinée. C’est aussi surtout le fait de se trouver parfait tel que l’on est, sans chercher à changer quoi que ce soit »363
Concernant les proverbes en kirundi qui apparaissent dans le petit ouvrage, l’auteure dit les avoir mis exprès « pour que l’enfant quand il lira ce livre, il ne s’arrête pas uniquement à la lecture mais qu’il aille chercher ses parents pour leur demander la signification de ces proverbes. Ça ouvrira un dialogue parents-enfants et permettra à ceux-ci d’apprendre le kirundi en dehors du cadre scolaire ».
Bineta revient ensuite sur l’origine de son inspiration qui a donné naissance au petit livre. « Mes enfants m’interpellaient souvent sur leurs difficultés à comprendre les réalités locales et leurs tiraillements entre le kirundi et le français.
Au début, j’ai pensé leur raconter sur écrit mon enfance, sur les choses que j’ai connues et qu’ils ne voient plus forcément et par après, j’ai pensé écrire sur des thématiques qui les ancrent dans l’univers burundais. Dans la maison du burundais lambda, il ne peut manquer soit la patate douce, soit le manioc à table ».
Sur le choix de Fun Park comme lieu de sa présentation, l’ingénieure de formation précise que cet endroit fournit le cadre de dialogue parents-enfants qu’elle a évoqué plus haut. « Fun Park permet aux parents et enfants de se retrouver et de jouer ensemble. Ici, il y a des jeux de toutes sortes qui permettent une interaction entre parents et enfants. Et cela cadre bien avec l’idée que je me fais du rapport parents-enfants »
Inès Mbesherubusa souligne aussi que son livre s’adresse aux enfants de tous les milieux. « Mon livre n’est pas destiné qu’aux enfants du milieu urbain, il peut aussi parler à de petits ruraux qui voient le manioc transporté à Bujumbura et ignorent la suite. De surcroît, ce livre est le début d’une longue série qui va aborder des thèmes qui vont intéresser aussi les enfants du milieu urbain que ceux du milieu rural »
Pour Mme Mbesherubusa, Kajumbu et Kumbati aidera beaucoup à l’apprentissage de la langue française en partant du contexte burundais. « Plutôt que les enfants apprennent à partir de dessins animés qui sont le miroir de réalités d’ailleurs, Kajumbu et Kumbati peut aider les enfants à apprendre en se situant dans notre contexte local. De même, il sera plus facile aux enfants du milieu rural d’apprendre le français à partir de réalités qu’ils voient au quotidien qu’ils peuvent identifier »
Enfin, ayant constaté qu’un certain nombre d’enfants s’identifient à des valeurs extérieures (européennes pour certains), Bineta fait savoir que l’histoire de Kajumbu et Kumbati est là pour aider les enfants burundais à aimer leur culture et à s’aimer en tant que burundais avec des valeurs propres à eux. « J’ai voulu atteindre les enfants dans leur langue d’apprentissage. Ce n’est pas parce qu’ils apprennent leurs leçons en français qu’ils doivent oublier leur culture »
Parents et enfants sous le charme
Tasha est mère de deux enfants âgés de 6 et 4ans. « Mes enfants viennent d’un pays anglophone et nous venons à peine d’emménager ici. Au début, c’était difficile quand je leur lisais l’histoire mais petit à petit, ils ont fini par l’intégrer. Et ce fut l’occasion de leur montrer la patate douce et le manioc pour les aider à identifier ce qu’ils lisaient.»
Selon Tasha, Kajumbu et Kumbati est une originalité dans le sens où le petit livre relate des lieux, des faits et des choses auxquels le lecteur burundais peut s’identifier contrairement à beaucoup d’autres ouvrages écrits en français.
Pour Valérie, Kajumbu et Kumbati renforce l’estime de soi des enfants. « Le livre permet à chaque enfant de comprendre qu’il est bien comme il est. De plus, de lire un livre écrit par un burundais, c’est un bonheur ! D’autant que l’histoire se passe en partie à Bujumbura où nos enfants vivent et elle parle aussi d’aliments qu’ils côtoient au quotidien »
De son côté, Torie, mère d’enfants de 11ans, 9ans et 6ans, se dit fière d’avoir entre les mains un livre qui fait la promotion des mœurs burundaises. « Quand tu lis ce genre d’histoires à ton enfant, il sera plus intéressé parce que c’est un contenu auquel il peut s’identifier. En tout cas, nous félicitons Inès pour cette idée géniale qu’elle a eue et l’encourageons »
D’après Alma, 10ans, Kajumbu et Kumbati est le portrait craché de la société burundaise. « Les personnages nous ressemblent et parlent la même langue que nous ».
Kiana, 8ans, dit avoir trouvé l’histoire drôle. « Kumbati avait peur de se faire manger et à la fin, il a quand même fini à la casserole ! J’ai trouvé ça marrant »