Après une semaine au Burundi, Michel Kafando est reparti avec l’espoir de relancer le processus du dialogue inter-burundais. Mais sa marge de manœuvre est bien petite.
Relancer le dialogue inter-burundais en panne depuis plusieurs mois. Un des objectifs de l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, en visite au Burundi. Une rencontre loin des micros et des caméras. Michel Kafando a notamment rencontré le ministre des Relations Extérieures ainsi que l’Ombudsman. La classe politique sur place n’a pas été invitée. Une démarche qui n’a pas fait l’unanimité. D’autant qu’il avait rencontré l’opposition en exil, le Cnared le 14 octobre 2017.
En tout cas, le diplomate Burkinabè avait déjà quitté le sol burundais, lorsque son bureau a sorti un communiqué de presse. Il s’est rendu dans la capitale tanzanienne, où il s’est entretenu avec le facilitateur dans la crise burundais, Benjamin Mkapa. « Les deux interlocuteurs se sont accordés sur un projet de calendrier pour la poursuite du dialogue » affirme la note, qui par ailleurs félicite la facilitation « pour ses efforts pour faire aboutir le processus. »
Un processus des pourparlers en panne depuis des mois. Pour rappel, La dernière session date du mois de février. Le facilitateur Mkapa s’était fixé une deadline de fin juin pour décrocher un accord. Sauf qu’après la 3ème session, il y a eu un silence entrecoupé par des annonces de prochain round jusqu’ici resté lettre morte. Le blocage du dialogue est imputé au gouvernement burundais « qui ne veut pas dialoguer avec ses adversaires. » Des accusations lâchées par le facilitateur, lors du sommet des chefs des Etats de l’EAC. L’ancien président tanzanien a également émis son inquiétude concernant le financement du processus qui dépend du soutien généreux de certains donateurs, principalement de l’Union européenne et de la Chine. « Je ressens toujours le besoin d’avoir un financement plus fiable du processus. Pour plus de crédibilité et d’indépendance de la facilitation.»
Michel Kafando de son côté veut pousser un coup d’accélérateur au dialogue d’Arusha. L’ONU a annoncé le 5 mai sa nomination comme son envoyé spécial au Burundi. Bujumbura et opposition s’étaient empressés d’accepter et d’applaudir sa nomination, en remplacement de Jamal Benomar, récusé par le pouvoir en place.
L’ancien président burkinabè a promis de donner son verdict le 20 novembre prochain au Conseil de sécurité.
>>Réactions
Gaston Sindimwo : «Nous avons un referendum à organiser. »
Le premier vice-président de la république, indique que le dialogue d’Arusha doit prendre fin et aboutir à des conclusions. Gaston Sindimwo assure que le Burundi ne peut pas retarder le processus électoral. Le pays doit passer à autre chose. « Nous avons une Constitution à réviser, un referendum à organiser, tout cela doit finir avec 2018 pour que tout soit mis en place pour les élections de 2020.»
Agathon Rwasa : «Le blocage vient des Burundais. »
Le premier vice-président de l’Assemblée nationale se dit dubitatif sur la tenue prochaine du dialogue. « Ca fait plusieurs mois qu’on annonce la tenue du dialogue, en vain. » Pour lui, Kafando et Mkapa peuvent être animés de bonne foi, le blocage vient des Burundais. Selon Agathon Rwasa, il revient donc à la classe politique burundaise de résoudre la crise en mettant de côté les ego des uns et des autres avec réalisme.
Tatien Sibomana : « Espoir pour le prochain calendrier. »
Cet acteur politique de l’opposition déplore que l’envoyé spécial Kafando n’ait pas rencontré la classe politique burundaise sur place. Celle-ci l’aurait éclairé et fait une autre lecture de la situation actuelle. Tatien Sibomana espère néanmoins que Kafando a intégré les recommandations émises lors de sa première visite. « Notre espoir se fonde également sur le fait qu’il a annoncé pour bientôt un prochain calendrier du dialogue. »
Kefa Nibizi : « Le prochain round serait le dernier.»
Le président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri se dit préoccupé que la rencontre avec les partis politiques ne figuraient pas sur l’agenda de Michel Kafando. Kefa Nibizi s’étonne qu’il ait annoncé un prochain calendrier, qui laisse supposer plusieurs sessions. Pour lui, le prochain round serait le dernier. « Nous espérons juste que la facilitation va annoncer les conclusions du dialogue. »
Les Nations unies sont pratiquement les seules à veiller au grain du dialogue inter-burundais. Avec un Kafando qui essaie tant bien que mal de tirer les ficelles, histoire de relancer les pourparlers pour en finir avec la crise.
Les chefs d’Etats d’EAC se sont montrés jusqu’ici démissionnaires. Chacun a ses « chats à fouetter ». Constitution à amender, Une gestion des conséquences des élections difficiles, etc. Personne pour prendre le lead pour aller s’occuper du respect de la Constitution, des droits de l’Homme et de la démocratie au Burundi. Pour le dire trivialement, tous ont à balayer devant leurs portes.
Bujumbura surfe sur cette indifférence de la sous-région et accélère son agenda. Il poursuit sa rhétorique de la sécurité retrouvée, claque la porte de la CPI et va réviser sa Constitution. Pour Bujumbura, c’est une course contre la montre. Il faut organiser les élections maintenant, et cela passe par « une contribution volontaire.»
Face à un pouvoir seul aux commandes et à une opposition en exil, faible, incapable de peser sur Bujumbura, l’envoyé spécial des Nations unies se retrouve dans une mauvaise posture. Une marge de manœuvre tout aussi réduite pour Mkapa.
Le questionnement de l’ancien président tanzanien contenu dans son rapport de mi-parcours est éloquent. « Où va la médiation par l’EAC dont je facilite le dialogue? » Bonne question.
Homme integre, qui parle a des gens qui ne comprennent ou ne veulent pas comprendre ce que c’est servir leur patrie, est perdu.
Allez voir combien gagnent M. Mkapa et son équipe! Ça lui convient que cela traîne pendant des années.
Bujumbura veut qu’on exibe les muscles! La il est sur de gagner.
Pourparlers…J’aurais prefere pourssetaires.