Au moment où il s’observe un climat de méfiance entre caféiculteurs et nouveaux propriétaires de stations de lavage, à Mwakiro (Muyinga), un entrepreneur prospère et inspire confiance aux citoyens.
<doc4372|right>Il s’appelle Richard Kaderi, directeur général d’African Promotion Coffee (APROCO). Il affirme que deux raisons ont motivé l’installation de mon usine à Mwakiro. « D’abord, j’aime ma région natale. Ensuite, je veux faire du business pour gagner sa vie », indique-t-il. Et d’ajouter que le café est la deuxième commodité au monde après le carburant. "Et dans notre région, il y en a beaucoup. », précise-t-il.
Kaderi soutient que les citoyens en profitent énormément : « Pour vendre leur café, certains faisaient même trente ou quarante kilomètres à pied avant de trouver une usine. » Aussi, ajoute-t-il, le pays gagne beaucoup, car son usine transforme le café qu’on appelle « full washed » par opposition au café « washed » que l’on transforme au sein des ménages. En plus du full washed, se réjouit-il, elle transforme aussi le café de haute gamme (spécialité). Si je gagne beaucoup, dit-il, je donne un bonus aux caféiculteurs.
Cette année, APROCO a déjà acheté plus de 450 tonnes et continue à accaparer d’autres quantités. Ils ont plus de 2000 clients, et la liste n’est pas exhaustive, selon Kaderi. « Nous sommes aussi, en train de tout faire pour distribuer les engrais chimiques et intrants aux caféiculteurs. Ce qui nous est difficile à trouver, c’est le paillage », signale-t-il. Et si l’administration éradiquait le fait de brûler les herbes pour faire pousser les pâturages, ils auraient le paillage.
Les défis sont énormes
« Les uns sont liés aux mentalités, à nos banques qui ne financent pas correctement les activités de développement, qui ne collaborent pas, comme il faut, avec les hommes d’affaires (surtout ceux qui œuvrent à l’intérieur du pays) », énumère Kaderi. Par exemple, dit-il, beaucoup de banques commerciales de Bujumbura n’acceptent pas le titre de l’usine basée à l’intérieur du pays.
« C’est paradoxal d’accepter les titres des maisons de Bujumbura de 20 millions mais de rejeter celui d’une usine de café de plus d’un milliard de Fbu. » Concernant les mentalités, selon Kaderi, certains considèrent qu’un homme d’une trentaine d’années était incapable de construire une usine.
Des débuts difficiles
« J’ai commencé ce projet, il y a 5 ans. Nous avons un problème sérieux d’impraticabilité de la route. Elle nécessite des travaux dont j’implore le concours de l’administration », annonce Kaderi. Il a été aidé par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) dans son programme « Work for recovery » qui a aménagé 69 km. « On donnait des vivres aux gens qui réhabilitaient ou traçaient ces voies. Malheureusement, ces routes sont toujours presque impraticables », souligne-t-il.
Il affirme avoir saisi l’administration territoriale, laquelle évoque le manque de moyens.
Cette année, ils ont débuté la campagne café (mars) avec plus de 240 employés et l’ont clôturé avec 60 travailleurs (juin). « Nous engageons les gens des environs, qui n’ont pas d’autres occupations. Nous privilégions surtout les femmes : les unes ont été abandonnées par leurs époux, les autres sont des veuves qui sont dans le besoin, etc. »
Chaque employé, explique-t-il, touche 1500 Fbu par jour. Et de préciser qu’ils sont en train de voir comment majorer cette somme. « Les heures supplémentaires (la nuit ou après 15 h, l’heure de rentrer) sont doublement payées » affirme-t-il avec insistance.
« Il a sauvé nos familles »
Une veuve employée par Kaderi jure qu’elle n’avait jamais vu un entrepreneur qui paie aussi rapidement que Richard Kaderi. En outre, elle ne parvenait pas à nourrir sa famille. « Aujourd’hui, je paie le minerval sans difficulté. », assure-t-elle.
Un autre habitant de Mwakiro qui vend son café chez Aproco salue son accueil chaleureux quand ils viennent vendre leur café. « Dans une usine où nous vendions notre café, on nous brutalisait si nous arrivions en retard », lance-t-il. Mais, ici, explique ce citoyen, on nous accueille comme chez nous.