La commune Kabezi de la province Bujumbura vit la pénurie récurrente d’eau potable. 800 ménages en sont privés, depuis un mois. La population redoute les maladies des mains sales.
Nous sommes à l’Hôpital du district sanitaire de Kabezi. Il est 10h. Le soleil tape fort. Les patients entrent un à un. Ce mardi 6 août, une situation inhabituelle : le dispositif qui permet de se prévenir de l’Ebola par le lavage des mains avant d’entrer n’était pas fonctionnel. «L’hôpital est frappé par une pénurie d’eau. Il y a deux semaines que tous les robinets de cet hôpital sont à sec », commente un des infirmiers. « Une situation dangereuse pour la santé de la population et du personnel de l’hôpital », renchérit son collègue.
Cet établissement était jusque-là épargné. Pour les ménages et les restaurants, c’est le calvaire. Il est 11 heures au chef-lieu de la commune. Les habitants vaquent normalement à leurs activités. Les restaurants et cafétérias sont ouverts. Des clients sollicitent de l’eau à boire mais n’en trouvent pas. Seule l’eau du Lac Tanganyika est disponible. La pénurie d’eau potable reste sur toutes les lèvres.
Les habitants de la commune Kabezi, principalement la zone Kabezi, viennent de passer tout un mois sans qu’une goutte d’eau potable ne coule dans les robinets publics.
Dominique Ndabazaniye, père de cinq enfants, raconte que trouver de l’eau à boire est un casse-tête. « Nous effectuons de longues distances à la recherche de l’eau. Un bidon de 20 litres se vend actuellement à plus de 500 BIF. Cela constitue un problème pour le petit paysan qui gagne difficilement son pain quotidien », se désole-t-il. Et d’ajouter que certains commencent à se rabattre sur l’eau du Lac Tanganyika qui est impropre.
La peur des maladies est permanente
N.P. tient un restaurant en face du marché de Kabezi. Aucun bidon d’eau potable n’est disponible. Elle déplore une situation néfaste à la santé et qui met en péril son business. « La situation est devenue insupportable. L’eau potable est devenue une condition posée par le client avant de demander à manger faute de quoi il rebrousse chemin ».
Ce manque criant d’eau potable inquiète la population. « Notre commune est vulnérable car secouée de temps en temps par l’épidémie de choléra. Si rien n’est fait, nous allons vivre le même calvaire », témoigne Joseph Ndayizeye, commerçant.
Antoine Nicizanye, chef de colline Kabezi, déplore lui aussi l’ampleur du problème et redoute la résurgence du choléra. Pour lui, 800 ménages sont privés d’eau potable, ce qui constitue un danger mortel pour la population. Cette autorité précise que les sources aménagées dans les montagnes surplombant le chef-lieu de la commune ont tari. « Nous sommes en train de mener des enquêtes pour voir si il n’y aurait pas des gens qui ont détourné ces sources afin d’irriguer leurs champs ».
Cet administratif lance un appel vibrant aux hautes autorités pour trouver des solutions à ce problème « devenu chronique». Il demande au service en charge de la distribution de l’eau potable d’intervenir dans les plus brefs délais avant que les maladies liées à la saleté n’apparaissent.