Le Burundi a connu des dates sombres. Des familles ont été endeuillées. Certaines personnes peuvent sen servir socialement, politiquement ou ethniquement pour semer les divisions. Les habitants de la colline Jene en commune Kabarore, province de Kayanza sopposent à toute manipulation du passé. Pour eux, lunité et la cohabitation pacifique doivent être consolidées.
Selon Benoît Coyitungiye, 44 ans, les violences connues pendant les périodes sombres de lHistoire du Burundi ont détruit le tissu social. Dans certaines familles, les traumatismes sont encore vivaces. « Les proches des victimes pointent souvent du doigt les membres des familles considérées comme bourreaux. Ils disent, voilà ceux qui ont tué nos parents. Ils ont pillé et brûlé nos maisons »
Il déplore le fait que certains dirigeants n’ont pas joué leur rôle de rassembleurs. Ils ont été partiaux. Avec la complaisance face à un groupe ethnique donné, appeler à la haine et à l’extermination amène des conséquences fâcheuses. « La méfiance, les suspicions et les divisons sintensifient. Si rien nest fait, le pays sombre dans l’horreur ».
Même lecture chez Michel Nsengiyumva, 44 ans. Il a entendu la narration des faits historiques violents depuis son jeune âge. Il sagit des histoires sur les massacres de 1972, 1988 et 1993 qui ont emporté des vies. « Cette horreur nous a affectés. On comprenait mal comment des gens ont décidé de tuer les autres sans raison. Quand on entend que les membres dune telle famille ont été décimés, on se sent touché ».
Il fait remarquer que des formations et des séances de sensibilisation ont été organisées pour comprendre lorigine des divisions ethniques. Ils ont constaté que les divisions sont luvre des Blancs pendant la colonisation. « Les divisions ethniques ne sont basées que sur la mauvaise compréhension et interprétation des faits. On ne devrait pas se haïr sans raison ».
Dénoncer les extrémistes
De son côté, Geneviève Iradukunda, 25 ans, dit navoir jamais entendu des propos divisionnistes basés sur le passé douloureux dans son entourage. « Nous vivons dans la paix sans guerre ni violences. La région est stable. Pas de divisions dues aux événements tragiques du passé. Nous vivons dans l’harmonie. Notre commune et notre zone sont stables », témoigne-t-elle.
Elle craint que linstrumentalisation des faits violents du passé ne fasse resurgir les divisions ethniques. Elle appelle ses compatriotes à sabstenir de tout acte de méfiance, de suspicion et de violence. « J’invite mes compatriotes à dénoncer les extrémistes qui sèment la haine et la zizanie ».
Selon Josias Nsabimana, secrétaire exécutif permanent de la commune Kabarore, à l’approche des élections, les messages violents et haineux deviennent monnaie courante. Et de préciser que « les divisions basées sur le passé douloureux peuvent exister. C’est surtout lors des échéances électorales. Des gens distillent des informations divisionnistes pour atteindre leurs intérêts. Après les élections, la situation redevient normale » Les échéances électorales ne devraient pourtant pas être différentes des périodes normales.
Les politiciens, poursuit-il, sillonnent les communes et les collines pour battre campagne. « Leurs propos peuvent construire ou détruire le pays. Des efforts sont fournis pour préserver la cohésion sociale. Des réunions et des travaux de développement communautaire sont organisés pour sensibiliser la population à la cohésion sociale. Nous les appelons à la retenue, à l’unité et la préservation de la cohabitation pacifique. Ils ne doivent pas être manipulés ».
Josias Nsabimana explique que ladministration ne tolère pas les auteurs des messages haineux. Quand ces messages sont propagés et quils parviennent dans loreille de lautorité, des enquêtes sont ouvertes. Ceux qui sen rendent coupables sont jugés et punis conformément à la loi.