Je conteste la légitimité des guerres / La justice qui tue et la mort qui punit / Les consciences qui dorment au fond de leur lit – Georges Moustaki ((Extrait de la chanson intitulée Déclaration.))
Ce mois de mars 2014 a été riche en événements politiques. Mais le jugement des jeunes membres du parti MSD restera gravé dans les annales de la justice comme un des actes les plus crapuleux jamais commis jusqu’ici par nos magistrats. Et je mesure mes mots. Les dénis de justice dans l’histoire du pays depuis l’indépendance sont, il est vrai, fort nombreuses mais dans la majorité des cas cela se passait sous des régimes militaires et à parti unique. Aujourd’hui, nous prétendons vivre en démocratie : nous sommes, en conséquence, en droit d’exiger d’être régis et protégés par un état de droit.
En démocratie il existe, comme on sait, trois pouvoirs à la fois indépendants et interdépendants : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Ces pouvoirs se doivent de coopérer pour que tout citoyen puisse recourir à l’un ou l’autre et être protégé dans son droit et dans ses intérêts. Dans l’exercice de ses responsabilités comme gestionnaire de l’état, le pouvoir exécutif peut quelquefois verser dans l’iniquité, la corruption, voire l’oppression. C’est aux deux autres piliers du système de ramener la justice et instaurer la paix en corrigeant les dérives de l’exécutif par des sanctions légales ou judiciaires. Les instances judiciaires et légales sont en principe les garantes de la paix et de la concorde nationale face aux errances potentielles d’un exécutif confronté aux rigueurs d’une gestion quotidienne et aux critiques d’une opposition dont les équipes travaillent en faveur d’une alternance aux affaires.
Le législatif, composé d’élus, s’attèle à voter des lois qui servent l’état de droit. Il contrôle le fonctionnement de l’exécutif et peut même aller jusqu’à le démettre si nécessaire. Le judiciaire est composé, quant à lui, de magistrats de carrière dont les contrats ne dépendent pas des aléas politiques. ((Dans beaucoup de systèmes malheureusement, les hauts magistrats sont souvent nommés par le magistrat suprême qu’est le chef de l’état.)) Cela leur permet de dire le droit en toute indépendance et surtout en toute équité pour le bien de la nation.
La semaine dernière des représentants de la justice ont condamné plus d’une vingtaine de jeunes à des peines absolument hors de proportion avec les délits. Il n’est pas admissible de condamner à vingt ans une personne interpelée en train de pratiquer du sport en ville. Il est abominable, criminelle même de condamner à vie des personnes rassemblées dans la permanence d’un parti politique. Quand bien même elles se seraient saisies illégalement de représentants de la police…
Dès lors que la justice dérape de cette façon, le citoyen ne se sentira plus protégé par les instances de l’état. Au lieu de considérer les institutions nationales comme des instances de recours ou de protection, elles deviendront synonymes de machines hostiles et répressives. Cette aliénation du pouvoir risque d’entraîner une fois de plus le pays dans le chaos et la violence.
Il appartient aux autorités judiciaires qui seront immanquablement saisies en appel de nous mener vers une énième guerre civile ou de rendre ses lettres de noblesse à un système judiciaire en décomposition.
Mr Ngendahayo , je ne peux que vous donner raison et je souscris entièrement à ce que vous avez dit. C’est comme cela qu’une mauvaise justice crée la violence , qu’une mauvaise gouvernance peut détruire tout un pays .Bravo pour l’analyse.
Indépendants et interdépendants ! TU as bien bien dit. Les lecteurs a compris Qui nomme qui et pourquoi ?
Merci Mr Ngendahayo Jean marie de cette analyse tres bref qui dit bien beaucoup de ce que vivent
les burundais dans une democratie a la burundaise.
Cette meme justice sera oblige de condanmer peut etre demain ceux qui l’utilisent aujourd’hui.
Pauvre pays!!!
Merci beaucoup monsieur Ngendahayo Jean marie. Tu as le mérite d’avoir été l’un des rares tutsi qui ont risqué leur vie en accompagnant Ndadaye sur le chemin périlleux de la démocratie en 1993. Tu as même crié fort contre les putschistes qui venaient de décapiter l’Etat burundais en octobre 1993.
Tu as malheureusement été parmi les premiers tutsi à faire campagne de Nkurunziza en 2001-2005. Et j’ai l’impression que tu ne le connaissais pas puisque dès que tu as découvert la vraie personnalité de l’homme, tu lui a gentiment tourné le dos. Un dictateur portant le manteau d’un démocrate. Continue de les avertir, ces imbonerakure et leurs maîtres. Car tu as vu le pire venir en 1993. Comme Madame Kinigi Sylvie.
Uwarugwanye
Que Jean Marie soit tutsi ou ganwa ne lui ajoute rien de plus car il n’est pas l’unique a savoir bien calculer et orienter ses interets. Il a ete refugie quelque par aux USA en temps de paix. Apres lui meme de son chef il a compris ou sont ses interets et est revenu au bercail. Ca fait un bon bout de temps qu’il ecrit ses chroniques qui « malheureusement » sont destines aux gens avec une certaine formation humaine et intellectuelle d’un certain niveau. Beaucoup ne l’ont pas compris et par consequent sa voix n’a pas apporte les fruits escomptes. Maintenant il s’attaque, d’une maniere detournee, au systeme en place. Surement que il a fait son calcul et passe a l’etape de la reorientation de ses interets. Donc ici son ethnie tutsi ou ganwa compte peu.
Au contraire un dignitaire ex ou actuel devrait nous montrer sa contribution pour que le citoyen lambda puisse s’ameliorer moralement, socialement, sociologiquement et materiellement bien sur. Helas on risque encore de nous retrouver dans les memes erreurs du passe; l’interet superieur importe peu. Ceci se manifeste par les postes occupes: nos dignitaires sont des super-hommes super-intelligents. Ils peuvent etre a la defense comme a l’information sans oublier l’economie et les finances. Pourvu qu’il y ait une place au gouvernement.
Donc Mr Uwarugwanye ne t’etonne pas si demain Mr Ngendahayo est nomme president de la campagne electorale de Mr Nkurunziza!