Un rapport des descentes effectuées sur le terrain par les membres de la Commission permanente de la Justice et des Droits de la personne humaine au sein de l’Assemblée nationale a été présenté le 5 juin 2024 en séance plénière. Ce document révèle des dysfonctionnements majeurs dans le système carcéral burundais. Il met en exergue la surpopulation, les détentions prolongées sans jugement et la vétusté des infrastructures pénitentiaires.
La mission de la Commission permanentes de la Justice et des Droits de la personne humaine a été réalisée entre le 22 et le 24 janvier 2024. Les députés ont constaté que plusieurs établissements pénitentiaires hébergent de trois à sept fois plus de détenus que leur capacité initiale ne le permet.
La prison de Mpimba, par exemple, était conçue pour accueillir 800 prisonniers mais, elle abrite actuellement 5 037 ; la prison de Gitega, avec une capacité de 400 détenus en compte actuellement 1 640. La situation n’est pas différente à la prison de Ngozi. Construite pour 400 détenus, elle en accueille en effet 1 771 aujourd’hui.
En plus de la surpopulation carcérale, le rapport dénonce un nombre élevé de prisonniers détenus pendant de longues périodes sans jamais comparaître devant un tribunal. La prison de Mpimba par exemple compte 3 575 détenus en attente de jugement tandis que la prison pour hommes de Ngozi en recense 579. Selon les députés, ces détentions prolongées sans procès violent non seulement les droits des prisonniers mais engorgent également davantage un système déjà saturé.
Les conditions de vie des détenus sont aggravées par l’état déplorable des infrastructures pénitentiaires. La majorité des prisons du pays datent de l’époque coloniale. La prison de Gitega, par exemple, a été construite en 1926 et celle de Mpimba en 1948. La seule prison érigée après l’indépendance est celle des hommes de Ngozi construite en 1986. Ces bâtiments vétustes ne sont plus adaptés aux normes modernes. Ce qui compromet ainsi les conditions de détention et la dignité des prisonniers.
Privilégier les travaux d’intérêt public
Face à ces défis considérables, la Commission permanente de la Justice et des Droits de la personne humaine a formulé plusieurs recommandations. Elle plaide pour l’octroi de la liberté provisoire aux prisonniers ayant déjà purgé un quart de leur peine ainsi qu’à ceux ayant commis des délits mineurs.
La Commission propose également de privilégier les travaux d’intérêt général plutôt que l’emprisonnement pour certains délits. Des mesures, selon le rapport et plusieurs députés, visant à désengorger les prisons et à instaurer un système pénitentiaire plus humain et efficace sont nécessaires.