Le blogueur Kenny-Claude Nduwimana a été arrêté et condamné pour des propos jugés diffamatoires par un cadre du Service national des renseignements. Sur papier, il a déjà purgé sa peine, mais sa sortie reste problématique. Un cas qui interroge.
Le Tribunal de grande Instance de Mukaza a condamné le blogueur burundais Kenny-Claude Nduwimana à huit mois d’emprisonnement ferme et à une amende de 500 000 Fbu.
Ce jugement, rendu le 26 août 2024, fait suite à des poursuites pour ’’outrage à un dépositaire de l’autorité publique’’ et ’’atteinte à la sûreté intérieure de l’État’’.
Par ailleurs, le tribunal a ordonné à Kenny-Claude de verser cette amende à un ancien responsable de la Direction du renseignement intérieur (DDI), qui s’était constitué partie civile dans cette affaire.
Kenny-Claude Nduwimana a déjà purgé sa peine. Il a passé plus d’un an derrière les barreaux depuis octobre 2023. Les proches du dossier dénoncent ce qu’ils qualifient d’ « injustice flagrante motivée par d’autres raisons ». Pour eux, Kenny-Claude Nduwimana devrait être libéré immédiatement.
Ces proches soulignent que le blogueur a non seulement purgé sa peine, mais l’a même dépassée et évoquent un principe fondamental : « liberté est la règle et la détention l’exception ».
Ils demandent sa libération immédiate, conformément aux lois en vigueur. Le Procureur Général de Mukaza a interjeté appel et les proches du dossier estiment que, dans ce dossier sensible lié au Service National du renseignement « SNR », la justice se plie malheureusement aux exigences du pouvoir en place.
Le procureur de Mukaza l’accuse « d’outrage » en raison de ses échanges par texto avec un ami ainsi que de ses publications sur les réseaux sociaux, où il a qualifié un haut cadre du SNR de « riche propriétaire qui posséderait plus de dix camions poids lourds communément appelés ’’Actros’’».
Or, durant le procès, ce haut cadre du SNR a lui-même confirmé ses avoirs. Les accusations portées contre Kenny-Claude se sont révélées être « une sous-estimation » face aux véritables possessions du cadre en question.
Ce dernier a reconnu être propriétaire des biens, allant même jusqu’à affirmer posséder un nombre bien supérieur de véhicules, « plus de dix-neuf camions en sa possession ».
Les proches du dossier de Kenny-Claude Nduwimana soulignent que l’accusation « d’outrage envers les dépositaires publics » apparaît d’autant plus incohérente que la partie civile a non seulement confirmé ses propos mais les a même renforcés. « De plus, le cas de son co-accusé pour la même infraction, Médard Muhiza, qui bénéficie actuellement d’une liberté depuis plusieurs mois, renforce l’argument en faveur de la libération de Kenny-Claude », dénoncent-ils.
L’accusation « d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État », un classique des répressions contre les opposants au régime burundais, est également contestée. Le procureur de Mukaza n’ayant pas fourni de preuves tangibles pour étayer ses allégations.
L’affaire de Kenny-Claude Nduwimana met en lumière les dangers que courent les voix dissidentes au Burundi. Condamné pour des accusations jugées infondées, le blogueur burundais a été manifestement victime d’injustice, soulignent plusieurs observateurs.
Selon ces derniers, sa libération et l’abandon des charges portées contre lui sont essentielles pour rétablir la crédibilité du système judiciaire burundais et pour défendre la liberté d’expression dans le pays.
Ici la justice se trompe de coupable. On ne peut pas punir la personne qui a dit la vérité, cette même vérité qui a été confirmée et renforcée par la personne qui a porté plainte. En supposant bien sûr que cet article a correctement rapporté les faits.
La justice devait plutôt se poser la question: où ladite victime a-t-elle trouvé les moyens de se procurer les dix neuf camions qui sont à l’origine de tous ces palabres? Et donner soigneusement la réponse à qui de droit.