D’après la plupart des organisations de la société civile, la conduite du processus de mise en place des mécanismes de Justice de transition ne rassure pas totalement. Une correspondance y relative a été d’ailleurs envoyée au Chef de l’Etat pour lui faire part de ces inquiétudes.
<doc2669|left>Selon Gertrude Kazoviyo, vice-présidente de l’OAG (Observatoire de l’action gouvernementale), en même temps membre du Groupe de réflexion de la société civile sur la justice de transition, la société civile burundaise s’est retrouvée avec les Nations Unies, exclue, écartée ou ignorée lors de la nomination des membres du Comité technique chargé de la préparation de la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).
Pourtant lors des Consultations nationales la société civile, l’ONU et le gouvernement burundais ont mené ensemble et en toute transparence ce processus : « Ce changement d’attitude ne rassure pas », fait savoir cette activiste des droits de l’homme.Tout a changé avec ce Comité technique qui a confectionné et proposé un avant projet de loi portant création, mandat, composition, organisation et fonctionnement de la CVR, lequel s’inspire des expériences d’ailleurs», souligne avec regret Mme Kazoviyo.
Le Tribunal spécial oublié ?
Autre raison d’inquiétude soulevée par les organisations de la société civile, c’est le blackout sur le Tribunal spécial pour le Burundi. Le Comité technique n’avait même pas mandat de travailler sur ce mécanisme judiciaire. Ces organisations proposaient la mise sur pied de la CVR en même temps que ce tribunal. Elles ont envoyé au président de la République un avant projet de loi qui régirait cette institution.
« On dirait qu’il n’y a pas de prise en compte des différents apports et contributions données par la société civile. Il n’y a pas de réaction de la part du gouvernement sur les observations et les propositions formulées par les autres partenaires et cela n’est pas de nature à rassurer », s’inquiète toujours la vice-présidente de l’OAG.
Et ce n’est pas tout comme soucis : « Seuls certains groupes socioprofessionnels bénéficient de la restitution de cet avant projet de loi portant création, mandat, composition, organisation et fonctionnement de la CVR pour donner leurs points de vue. On ne connaît pas les critères de choix des groupes à consulter», s’étonne-t-elle.
Un agenda caché
Rien n’empêche de croire qu’il y a des non-dits dans la conduite de ce processus de mise en place des mécanismes de Justice de transition : « Ceci intervient au moment où il y a des tensions. Il y a maque de confiance entre partenaires sociopolitiques burundais, il y a une demande pressante et persistante de dialogue de la part de l’opposition extraparlementaire. Ce dialogue inclurait probablement cette mise en place de la CVR. Maintenant on se demande si ce processus peut être enclenché dans un tel climat et rassurer au moment où il n’est pas inclusif », s’interroge Gertrude Kazoviyo, vice-présidente de l’OAG.