Le colloque littéraire qui a eu lieu à Bujumbura du 23 au 24 juin laisse espérer la naissance d’un environnement viable pour la culture et la littérature dans la Région des Grands Lacs.
Après deux jours de travaux intenses et de riches échanges, les participants au colloque sont rentrés satisfaits. Leur joie vient des rencontres entre écrivains et gens du monde littéraire d’un peu partout de nombreux pays africains, des thèmes débattus lors du colloque, mais aussi des spectacles proposés tous les soirs.
Après les travaux du colloque, tous les participants aux journées littéraires étaient unanimes : Sembura à travers la plateforme des écrivains a fait un grand travail. Quatre clés, quatre moments forts, peuvent aider dans la lecture du bilan du colloque : la foire du livre, l’anthologie, le plaidoyer et les spectacles dans la soirée.
La foire du livre s’est passée à l’Institut Français du Burundi dans la soirée du 25 juin. C’était une occasion pour les écrivains de rencontrer le public, de montrer leurs livres et d’en vendre des copies. Cette foire a accueilli tous les genres littéraires et même des manuels scolaires en provenance du Rwanda. Étaient visibles aussi des brochures de clubs de slameurs et des manuscrits qui cherchent des éditeurs. Aussi, des livres en allemand du Congolais Fiston Nasser.
Pour un environnement viable du livre
Si l’avenir du livre est entre les mains des écrivains, des éditeurs, des universitaires, il est aussi entre les mains des politiques. Car sans une politique claire, le livre restera inconnu, inaccessible et le circuit impossible. Et c’est pour impliquer les politiques que la plateforme des écrivains a rédigé un plaidoyer en faveur de la politique du livre et de la promotion des lettres dans la région des Grands Lacs Africains qu’il a soumis à la lecture de l’assemblée.
Axé sur quatre volets : institutions de production, promotion et diffusion littéraire, statut de l’écrivain, la politique du livre en général tant au niveau national que régional, enseignement des langues et de la littérature, le plaidoyer dresse l’environnement dans lequel travaille l’écrivain. Sans être une kyrielle de complaintes, le plaidoyer dégage le portrait d’une littérature qui vit dans un environnement peu confortable pour sa floraison. Les mots qui le décrivent : insuffisance, faiblesse, absence.
Allant dans le même sens des recommandations proposées par le plaidoyer, la plateforme des écrivains, à la fin du colloque, a dégagé les priorités à soumettre à l’autorité compétente. Elle a aussi proposé des pistes de sorties reconnaissant que tout le monde doit apporter sa pierre pour garantir un environnement viable à la littérature.
Des soirées magnifiques
Jeudi, 23 juin, à Bora Bora, sur les rives du Tanganyika. Les comédiens d’Ishyo Arts Centre interprètent {Inabwiza}, un conte de Roland Rugero. Après, un poète Congolais passe suivi d’un poète Rwandais, Kalisa Rugano. Revient encore Ishyo Arts Centre pour interpréter Le chômeur, texte co-écrit par deux écrivains burundais. Et la soirée finit par un poème de Marie Louise Sibazuri.
Le lendemain soir, Congolais, Rwandais, et Burundais se sont fait plaisir, rivalisant de talent, si bien qu’à la fin plus personne ne voulait quitter la scène.
… yeux enfoncés dans les orbites, cravate argentée sur une chemise mauve, Faustin Muliri Mihoro a bien fait rire le public avec sa nouvelle définition du Congo, mélange de français et d’anglais « Con go » autrement dit que tous les cons s’en aillent.
Les Rwandais de Ishyo Arts Center ont présenté un spectacle original avec un décor sobre, les acteurs étaient bons dont un qui multipliait les grimaces à n’en plus finir. L’histoire portait sur le génocide et ses dérives. Et pour finir en beauté, Ketty Nivyabandi a interprété un texte « Un cri silencieux » qui en a ému plus d’un, sur l’histoire de cette mère qui a perdu son jeune fils de 27 ans suite aux élections présidentielles où concouraient les partis politiques en pleine propagande.
La soirée s’est terminée par un cocktail sur l’échiquier. La littérature a bien répondu présent en cette nuit du 24 juin.