Le chômage et l’insuffisance des vivres et non-vivres sont, entre autres, les défis auxquels les réfugiés congolais vivant dans le Camp de Musasa basé dans la commune Kiremba en province Ngozi font face. Le gouvernement du Burundi promet de continuer à leur garantir l’asile dans les meilleures conditions possibles.
« C’est difficile de joindre les deux bouts du mois avec seulement 10 kg de farine, 3 kg de haricot et deux savons. C’est insuffisant. On doit aussi vendre une petite quantité de ces vivres pour acheter des vêtements, et subvenir aux autres besoins », a indiqué Mugemanyi Kabatiza, représentant des réfugiés du camp de Musasa, lors des cérémonies de la célébration de la journée mondiale du réfugié tenues dans ce même camp, ce 20 juin.
Selon lui, l’éducation des enfants est aussi difficile dans le camp de Musasa. Il confie que des familles de dix ou plus de membres vivent dans des maisonnettes avec une petite salle à manger et une chambre : « Dans certaines familles, les enfants sont obligés d’aller passer la nuit ailleurs. Cela engendre du vagabondage et violence sexuelle parmi nos jeunes adolescents ».
En ce qui concerne la scolarité des enfants dans le camp de Musasa, il se réjouit de la gratuité des études de l’école maternelle à l’école secondaire. Peu de réfugiés, poursuit-il, parviennent à poursuivre des études universitaires grâce aux bourses d’études. Néanmoins, il regrette qu’après leurs études, ils restent au camp sans emploi.
Ce représentant des réfugiés du camp de Musasa demande au gouvernement du Burundi d’octroyer des permis de travail aux réfugiés ayant les potentialités de travailler. Il recommande l’ouverture des marchés pour permettre aux réfugiés de faire des activités génératrices de revenus.
Certains réfugiés demandent aussi l’accès aux marchés dans les centres urbains proches du camp pour y faire du commerce. Pour d’autres, la réinstallation dans les pays tiers est aussi une solution durable pour surmonter ces défis. Ils interpellent le HCR à réactiver ce processus de réinstallation.
L’administrateur de ce camp de Musasa, René Bigirimana, fustige l’importation des savons du Kenya pour les réfugiés alors que ces derniers produisent des savons moins chers et de bonne qualité. Il appelle HCR à soutenir les activités artistiques des réfugiés pour qu’ils puissent s’autonomiser davantage.
Et de signaler le retard des appuis financiers de la Banque mondiale aux associations et coopératives des réfugiés, en plus du manque des briquettes pour la cuisson.
« On a tous la responsabilité de protéger les réfugiés »
Le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Burundi, Abdul Karim Ghoul, rappelle que les réfugiés doivent être traités avec dignité et respect : « Nous partageons tous la responsabilité de protéger les réfugiés, les personnes en quête de sécurité et de veiller à ce que les principes figurant dans les droits internationaux soient respectés ». Pour lui, il faut laisser les réfugiés aller à l’école, trouver le travail et avoir accès aux soins de santé.
Selon le secrétaire permanent chargé de la sécurité publique au ministère de l’Intérieur, André Ndayambaje, le gouvernement du Burundi continuera de garantir aux réfugiés l’asile dans les meilleures conditions possibles et assurer leur sécurité.
« Bientôt un sixième camp de réfugiés sera construit dans la province de Rutana afin de désengorger les cinq camps qui sont actuellement saturés », signale-t-il.
Pour bien garder le caractère civil et humanitaire des camps des réfugiés, André Ndayambaje demande particulièrement aux réfugiés et demandeurs d’asile d’éviter tout action subversive envers les pays d’origine.
Il les exhorte de respecter la loi burundaise tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des camps et de cohabiter pacifiquement avec les communautés d’accueil.
Signalons que le camp de réfugiés de Musasa a été construit en 2007 et compte 9024 réfugiés répartis dans 1528 ménages. Selon les données fournies par le ministère de l’Intérieur, le Burundi comptait, jusqu’au 31 mai de cette année, 86 049 réfugiés et 3778 demandeurs d’asile.