Les élèves bègues de l’école fondamentale Kamenge I en mairie de Bujumbura disent faire face à plusieurs contraintes en milieu scolaire. Tout en soutenant leurs préoccupations, l’association pour vaincre le bégaiement au Burundi (AVBB) les tranquillise.
« Il m’est difficile de lire en classe. Je ne peux pas bien parler. Et lorsque je suis avec mes camarades, je reste muet parce que j’ai peur que la voix ne sorte bien », dit Aristide Mugisha, un élève à l’école fondamentale Kamenge I.
Un autre élève qui a le même handicap regrette que l’enseignant ne lui donne pas du temps suffisant pour l’exercice de lecture : « Quand l’enseignant apprend que je bègue, il passe pour un autre élève ».
Et d’ajouter que ses camarades de classe se moquent de lui lorsque l’enseignant le désigne pour répondre aux questions, ce qui le dérange.
Il témoigne qu’à la maison, la communication n’est pas toujours bonne : « Je ne peux pas transmettre le message comme il faut ».
Meshak Hakizimana, aussi élève à la même école, confie qu’il lui arrive de se mettre en colère lorsqu’il lui est difficile de sortir quelques mots pour transmettre un message : « Quelques fois, je souffre de complications respiratoires suite au bégaiement ».
« Certaines de mes camarades ne croient pas au bégaiement. Ils ne me comprennent pas. Et à la maison, on me dit de frapper mes épaules pour forcer la voix à sortir chaque fois que je bégaie », regrette-t-il.
Samuel Nibayubahe, enseignant à la même école indique que les élèves bègues ont une certaine timidité : « Par peur de ne pas bien parler, ils préfèrent garder le silence. Ils n’osent pas lever le doigt pour répondre aux questions de l’enseignant ».
Il demande à chaque bègue de vaincre la peur, d’oser parler et d’avoir l’estime de soi.
Béatrice Nsabiyumva, mère d’un enfant bègue conseille les parents et les enseignants des bègues de leur donner beaucoup plus de temps pour s’exercer à parler : « Avant tout, il faut que les enfants bègues soient compris. Il faut les encourager et leur rassurer qu’ils puissent vaincre ce handicap ».
Pour Céléus Bakuzurusaku, président de l’association pour vaincre le bégaiement (AVBB), les bègues font face à une certaine discrimination en milieu scolaire.
« Par souci de perdre le temps, certains enseignants ne facilitent pas un élève bègue à participer dans une leçon comme les autres ». Et d’appeler les enseignants à comprendre les bègues et à les aider à s’améliorer.
En outre, il explique que les bègues ratent les opportunités d’emploi parce qu’ils ne peuvent pas bien s’exprimer dans les interviews d’embauche : « Et même lorsque nous parvenons à décrocher un boulot, les employeurs n’ont pas suffisamment confiance en nous ».
Il rassure ces élèves et tous les bègues en général qu’ils peuvent vaincre le bégaiement et parler comme les autres.