Ce mercredi 09 Octobre 2019, à l’occasion de la Journée internationale consacrée au handicap et au respect des droits des personnes handicapées, l’Union des personnes handicapées au Burundi (UPHB), a demandé que l’appui en leur faveur soit orienté vers la recherche de leur autonomie.
Sa représentante, Mme Adelaïde Nyigina s’est confiée à Iwacu.
Quelle est votre appréciation des droits des personnes handicapées au Burundi actuellement?
La situation est difficile. Il y a peu d’infrastructures dédiées au passage des personnes handicapées au niveau des écoles, des hôpitaux, … Beaucoup de structures professionnelles disposent uniquement d’escaliers pour aller d’un service à un autre par exemple, une disposition qui n’est pas du tout adaptée aux personnes handicapées.
Les autres problèmes constatés concernent les enfants aveugles et malvoyants qui ne peuvent pas aller au bout de leur scolarité par manque d’enseignants qualifiés et formés au braille. Les personnes confrontées à l’handicap sont aussi victimes de discrimination dans l’accès à l’emploi alors qu’elles sont une force productive comme les autres.
Au Burundi, il y a également un déficit majeur en matière de compétences dans l’interprétation du langage des sourds-muets. Les personnes confrontées à ce type d’handicap sont exposées à des entraves majeures lors des séances de consultations médicales car la plupart des services de santé ne disposent pas de traducteurs pour les sourds-muets auprès du médecin.
Mais c’est grave !
Dans certains cas, les interprètes auxquels certains centres de santé font appel ne maîtrisent pas eux-mêmes assez bien le langage des signes. Les personnes atteintes de surdité se voient alors souvent prescrites des traitements des maladies dont elles ne souffrent pas.
Si on reste sur le cas des sourds-muets, on voit que les programmes audiovisuels notamment au niveau de la RTNB n’ont pas d’interprètes en langue des signes en bas de l’écran. En gros, nous proposons une meilleure représentation des personnes handicapées dans les cercles décisionnels pour une meilleure prise en compte de leurs besoins et cela afin que notre pays honore ses engagements en matière de développement durable et inclusif qu’il s’est fixé.
Est-ce qu’il y a des lois garantissant la protection des droits des personnes handicapées au Burundi ?
Le Burundi a ratifié en 2014 la Convention internationale des droits des personnes handicapées et depuis le 10 Janvier 2018, une loi-cadre a été fixée servant à la mise en place et la mise en œuvre des réformes destinées à la sauvegarde des droits et du bien-être des personnes en situation d’handicap.
Une Commission dans ce sens fut ainsi créée et à l’heure actuelle, nous attendons le début des travaux sur terrain. Nous portons un grand espoir quant à sa contribution dans l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées dans notre pays.
Que demandez-vous aux autorités et à tous ceux qui aident les personnes handicapées ?
Il faut inclure les personnes handicapées dans le processus de développement notamment au niveau des communes. Qu’il y ait participation des personnes en situation d’handicap dans la planification et l’exécution des mesures les concernant.
Il faut que l’aide apportée aux personnes handicapées s’oriente vers la recherche de leur autonomie puisque ces dernières sont des citoyens avec des aptitudes dans divers domaines, donc pouvant progresser et s’épanouir dans leur vie professionnelle et autre comme le reste de leurs concitoyens.
Donc vous plaidez pour plus d’autonomie ?
Les personnes en situation de handicap ne doivent pas être condamnées à une assistance sociale permanente alors qu’elles peuvent elles-mêmes s’en sortir. Pour cela, le gouvernement devrait accompagner financièrement le travail effectué par les associations en charge des personnes handicapées. Nous appelons les médias à couvrir nos activités afin de mieux sensibiliser l’opinion à la condition des personnes handicapées.