A la veille de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA (JMS), la première Dame, Denise Nkurunziza, a visité, ce mercredi 3O novembre 2011, le Centre de médecine communautaire de Buyenzi (CMCB). Ce dernier est le site pilote dans le programme de la Prévention de la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant (PTME) à Bujumbura depuis onze ans.
<doc2218|left>Ils étaient nombreux sur place. Ce sont des hommes et des femmes, membres du CMCB et du Collectif des associations des personnes vivant avec le SIDA (CAPES). Plusieurs acteurs dans la lutte contre ce fléau étaient également présents. Parmi eux, la ministre de la Santé publique et de lutte contre le SIDA, Sabine Ntakarutimana, le Secrétaire exécutif permanent du Conseil national de lutte contre le SIDA (SEP/CNLS), Dr Jean Rirangira, la Secrétaire générale de la Mairie de Bujumbura, Thamar Sinigirira, et le médecin-directeur du CMCB, Dr Séraphine Ntizahovye.
11H00, arrivée de la Première Dame. En compagnie du médecin-directeur, Mme Denise Nkurunziza commence par visiter les différents services du centre. Une visite qui va durer environ dix minutes.
Dans son allocution, le médecin-directeur de la province sanitaire de Bujumbura-Mairie, Pascal Ndayongeje, parle du nombre croissant des patientes qui se présentent au CMCB pour différents services. Un signe, selon lui, que les services qui y sont offerts sont productifs. « Depuis que l’ouverture du site, plus de 10.835 femmes enceintes ont été dépistées. Et plus de 2757 femmes membres ou venues d’ailleurs y ont bénéficié d’autres services », ajoute Dr Ndayongeje.
Des défis
Malgré la vocation du CMCB, le médecin-directeur relève quelques contraintes: difficultés de trouver à manger pour tous les enfants nés de mères séropositives quand elles ne sont plus en mesure de les allaiter. Parmi elles, des femmes séropositives allaitantes et plus démunies. Le manque de réactifs dans tout le pays est aussi un autre défi de taille.
Dans son allocution, la ministre Sabine Ntakarutimana, rappelle le thème de la JMS : « Aucun enfant ne doit naître avec le VIH/SIDA. » Le programme PTME est aujourd’hui présent dans toutes les provinces du pays. Mais, indique-t-elle, le chemin pour atteindre l’objectif reste encore long.
En effet, sur 532 centres de santé offrant le service de consultation prénatale, seuls 261 ont déjà initié le programme PTME. Parmi les femmes enceintes séropositives sur tout le territoire national qui étaient attendues, 29,9% se sont présentées pour s’inscrire dans le programme de la PTME. De plus, le nombre de femmes enceintes séropositives qui ont été accueillies, au premier trimestre de leur grossesse, s’élève à 11,2%. Déplorable encore est le fait que seules 50% des femmes en consultation prénatale acceptent de se faire le dépister.
<doc2219|left>Le plan global de la PTME
La ministre Sabine Ntakarutimana fait remarquer que pour venir à bout de ce problème, le Burundi a lancé le plan global d’élimination de la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant depuis un mois. Elle ajoute que les 30-31 août 2011, le pays a également s’est engagé à fournir plus d’efforts pour éliminer le VIH chez les enfants qui naissent de mères séropositives.
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{ Les quatre piliers de la PTME
– D’après Dr Céline Kanyoge, point focal du plan global de la PTME, il s’agit de :
– La prévention primaire : le dépistage surtout avant le mariage et pour les femmes enceintes.
– La prévention des grossesses non désirées chez les femmes infectées par le VIH.
– Les interventions spécifiques de la PTME : là, il est question de savoir ce qu’il faut faire pour une femme infectée par le VIH afin de protéger son fœtus.
– Les soins, le soutien et le traitement de la femme, de son enfant et de sa famille (les autres enfants et son époux).}
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Objectifs de ce plan : réduire à moins de 2% le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant, d’ici 2015. Il vise aussi la diminution jusqu’à 90% du nombre d’enfants contaminés par ce fléau.
D’après la ministre, si les Burundais se mettent ensemble, il est possible que d’ici 2015, aucun enfant ne naisse avec le SIDA et que plus personne ne meure de cette maladie. « Il n’y aura plus de stigmatisation chez les personnes vivant avec le SIDA», explique Dr Sabine Ntakarutimana.
Une personne meurt toutes les dix secondes dans le monde
La première Dame Denise Nkurunziza a, dans son allocution, parlé de l’état des lieux du VIH/SIDA, tant sur le plan national qu’international. Selon elle, c’est une maladie qui prend de l’ampleur de jour en jour. « D’après des cas qui se sont déjà manifestés, le SIDA tue les parents et laisse la pauvreté dans les ménages. Ceci parce qu’ils ont tout dépensé pour se faire soigner», souligne Denise Nkurunziza avant de préciser que 30 millions de personnes sont déjà mortes du VIH depuis 1981. « Plus de 7000 sont contaminées chaque jour. Et plus de 8000 personnes meurent chaque jour. Ceci pour expliquer que toutes dix secondes, une personne meurt dans le monde. »
Au Burundi, plus de 267.300 portent le VIH/SIDA. Les hommes contaminés par cette maladie sont estimés à 2, 81% et les femmes à 2, 91%.
Préservons ces innocents
« Utilisons tous nos moyens et stratégies pour épargner ces innocents. Ils ne connaissent rien de la genèse de tous ces malheurs. Préservons-les », lance la Première Dame. Mais pour elle, cela ne sera possible que quand chaque Burundais se sera donné la peine d’aller se faire dépister. Les femmes enceintes ont été interpellées et l’idéal, selon la Mme Nkurunziza, serait de le faire avant de concevoir. Ainsi, elles pourront prévenir leurs enfants depuis la période in utero jusqu’à la naissance. « Ces enfants sont l’avenir du pays », a-t-elle souligné.
Les chiffres montrent également que les hommes ne sont pas nombreux à se faire dépister. Quant aux femmes, certaines d’entre redoutent les réactions de leurs époux en cas de résultats positifs. Denise Nkurunziza conseille à ces hommes de se soucier du dépistage : « Ainsi ils seront des modèles parmi les leurs.»