Vendredi 22 novembre 2024

Opinions

JOURNAL D’UN JUGE CONSTITUTIONNEL

14/09/2015 44

Sa « disparition », début mai, a eu l’effet d’une bombe. Son nom est devenu célèbre en 24 heures : Sylvère Nimpagaritse. Il était vice-président de la Cour constitutionnelle, il a quitté clandestinement le Burundi le 4 mai, le jour même où la Cour publiait son arrêt sur l’éligibilité de Pierre Nkurunziza pour un 3e mandat. Le débat a été houleux entre les 7 juges constitutionnels, le sort du président et l’avenir du pays se sont joués pendant ces jours de délibérations, du 28 avril au 4 mai.
Iwacu vous propose une exclusivité : le récit d’un grand témoin, Sylvère Nimpagaritse en personne. Réfugié à Liège, en Belgique, il nous a raconté dans les moindres détails le déroulement de cette session historique et les pressions terribles qui se sont exercées sur les juges. Son témoignage a été recueilli par notre confrère Gaston Parmentier, qui en a fait ce récit haletant, conçu comme un journal personnel, un carnet de bord écrit au jour le jour, du mardi 28 avril au lundi 4 mai.

LES PROTAGONISTES
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• Charles NDAGIJIMANA, président, hutu
• Sylvère NIMPAGARITSE, vice-président, tutsi
• Salvator NTIBAZONKIZA, membre, hutu
• Benoît SIMBARAKIYE, membre, tutsi
• Pascal NIYONGABO, membre, hutu
• Aimée Lautentine KANYANA, membre, tutsi
• Claudine KARENZO, membre, hutu
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Bujumbura, le 28 avril 2015

 

Sylvère Nimpagaritse ©Iwacu
Sylvère Nimpagaritse ©Iwacu

Cela faisait longtemps qu’on y pensait, à cette question des mandats. On se disait bien qu’elle finirait par nous être posée. Et puis, le temps passant, on n’y croyait plus, il était trop tard, on était à quelques semaines des élections, l’heure n’était plus aux juristes, ni aux juges de la cour constitutionnelle, l’heure était aux politiques. D’ailleurs le 25 avril, le CNDD-FDD avait tranché : son candidat pour les élections présidentielles serait Pierre Nkurunziza, le président sortant, déjà élu et réélu, et donc encore éligible à un troisième mandat selon les congressistes de son parti, réunis à Bujumbura en ce samedi 25. Affaire classée en quelque sorte : circulez, place aux campagnes et aux élections, pas besoin de nous, pas besoin de la cour constitutionnelle pour juger de cette troisième candidature de Pierre Nkurunziza. Les dates des prochaines élections étaient fixées depuis longtemps, coulées dans le marbre des décrets : législatives et communales le 26 mai, présidentielles le 26 juin. Aux urnes, citoyens !

Et puis il y a eu comme un flottement. D’abord avant-hier, dimanche 26 avril, au lendemain du congrès du CNDD-FDD, des manifestations ont commencé dans plusieurs quartiers de Bujumbura pour protester contre cette candidature. Et ce matin du 28, une lettre arrive au greffe de la cour constitutionnelle signée par 14 sénateurs CNDD-FDD. C’est une lettre de requête. Les sénateurs nous demandent d’interpréter les articles 96 et 302 de la constitution. Incroyable mais vrai ! On croyait l’affaire réglée au CNDD-FDD et voilà qu’ils semblent douter soudain de leur candidat : est-il vraiment éligible ? C’est à nous de trancher. Les articles 96 et 302 de la Constitution dont nous sommes les interprètes concernent en effet l’élection présidentielle. L’article 96 figure au Titre V « Du pouvoir exécutif », il tient en deux lignes : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. » L’article 302 figure au Titre XV « Des dispositions particulières pour la première période post-transition », j’en cite les premières lignes, celles qui nous concernent : « A titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post-transition est élu par l’Assemblée Nationale et le Sénat élus réunis en congrès, à la majorité des deux-tiers des membres. » Nous savons tous que le premier Président à avoir été élu dans ces circonstances en 2005 est bien Pierre Nkurunziza. Les 14 sénateurs veulent notre avis sur son éligibilité pour un troisième mandat.

Nous sommes sept juges à la Cour constitutionnelle, dont je suis le vice-président. Quand j’apprends cette requête, je comprends qu’on veut nous faire porter tout le poids de la troisième candidature. Depuis des mois, des années même, les polémiques n’ont pas cessé autour de cette affaire, mais on ne nous a jamais saisis. Et maintenant que le CNDD-FDD a désigné son candidat, maintenant que la polémique se transforme en manifestations, voilà qu’on se tourne vers nous, à quatre semaines du premier scrutin ! J’ai un sombre pressentiment, je me rappelle notre serment : « Je jure de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge avec probité et en toute impartialité et indépendance. » Je me dis qu’il sera difficile à tenir, mais c’est aussi l’occasion de manifester cette indépendance que l’on nous conteste souvent. Les journalistes notamment n’ont jamais été tendres avec nous. On se serait bien passés de cette épreuve, dans un tel climat d’extrême tension, mais comment se dérober ?

Bujumbura, le 29 avril

La délibération est fixée à demain. Je relis les textes sur lesquels nous devrons nous prononcer et nous appuyer, les fameux articles de la Constitution que l’on connaît par cœur, mais surtout l’Accord d’Arusha qui la fonde et qui va nous aider à l’interpréter. Comment dire le droit sans puiser à sa source ? Je repense à nos rares conversations entre juges, ces derniers mois, où l’on effleurait cette question des mandats, mais sans jamais aller plus loin, sans donner le moindre avis ou la moindre indication sur ce que l’on pourrait en penser. En fait, secrètement, chacun d’entre nous espérait ne jamais être interrogé sur ce point. Le Président de la République lui-même esquivait régulièrement les questions des journalistes à ce sujet, il les renvoyait aux « spécialistes ». Et dans les colloques, les ateliers de légistique que nous organisions, le problème était parfois soulevé par des participants au grand embarras des spécialistes en question. Je me souviens ainsi d’un juriste sénégalais et de Gérard Niyungeko, juge à la Cour africaine des droits de l’homme, insistant tous deux sur l’importance primordiale de l’Accord d’Arusha, et puis c’est tout. Nous sommes seuls, sommés de dire le droit, mais conscients de ce que les 14 sénateurs requérants attendent de nous…

J’ai été nommé il y a un an, en avril 2014. A l’époque le journal Iwacu m’a qualifié de « pion » du pouvoir, en citant Pierre-Claver Mbonimpa : « En tout cas, le pouvoir ne ferait pas l’erreur de nommer un vice-président dont il n’est pas sûr de sa loyauté ».J’ai mal vécu ces commentaires, mais je dois reconnaître que je n’ai jamais été aussi choyé au cours de ma carrière de magistrat que pendant ces douze mois. Jusqu’à hier, 28 avril… Je suis tutsi, d’origine paysanne, je n’ai jamais appartenu à aucun parti, même si mon oncle a toujours été un fervent uproniste. Mais tout cela ne compte pas vraiment ici : la grande majorité des Burundais considèrent que les personnes haut-placées ont partie liée avec le pouvoir, que leur liberté est factice, et je reconnais qu’ils n’ont pas toujours tort… Je dors peu cette nuit, je me demande si mes collègues parviennent à trouver le sommeil. Demain, nous serons à huis-clos, théoriquement tenus au secret de nos délibérations.

Bujumbura, le 30 avril

Nous sommes jeudi. Samedi dernier, le CNDD-FDD a choisi Pierre Nkurunziza comme candidat présidentiel, pour la troisième fois. Aujourd’hui nous devons dire si ce choix est vraiment constitutionnel. Étrange mission. Terrible responsabilité.

Nous nous retrouvons à 8 heures dans nos locaux de la chaussée Prince Louis Rwagasore, héros et martyr de l’indépendance. La réunion se tient dans le bureau du président, Charles Ndagijimana, nous ne sommes que sept, nous prenons place dans des fauteuils ou sur des chaises confortables, Charles un peu à l’écart, derrière son bureau, son ordinateur devant lui. Il ne va pas cesser de prendre des notes. Il ouvre la séance en insistant sur l’urgence de trancher : « Nous devons faire vite, pour éviter les pressions ». Il a l’air sincère.

La tension est très forte, même si la procédure est simple : le président doit interroger chacun d’entre nous sur les termes de la saisine. Il se tourne vers Salvator, le plus ancien, qui propose que l’on commence, selon l’usage, par le membre le moins ancien de la Cour. En l’occurrence Claudine Karenzo. Elle a été nommée en même temps que moi, il y a un an, mais je suis vice-président et son aîné dans la magistrature. Elle se lance, elle parle d’une voix blanche, ses mots tombent dans un silence à couper au couteau. Des mots simples, des phrases brèves, Claudine va à l’essentiel, elle dit que nous devons nous appuyer sur l’Accord d’Arusha pour éclairer les articles 96 et 302 et que ce texte est clair et net.Elle en cite le protocole 2, chapitre 1, article 7, point 3 : le Président « est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels. »Et pour éclairer l’article 302 de la Constitution elle cite le point 10 de l’article 20 du même chapitre et du même protocole : « Le premier Président de la période post-transition est élu par l’Assemblée nationale et le Sénat réunis, à la majorité des deux tiers. » Donc pour elle, l’article 302 qui concerne le premier mandat présidentiel traduit fidèlement l’Accord d’Arusha.

Charles l’interrompt, ne la laisse pas aller au bout de son raisonnement, il lui parle comme à une enfant, il lui fait répéter ses phrases, comme s’il espérait qu’elle s’embrouille, comme s’il voulait qu’elle change d’avis, qu’elle ne prononce pas les mots fatidiques. Mais elle finit par les dire : « Cette troisième candidature n’est pas constitutionnelle ». Son avis tombe dans un silence de mort. Je décompte mentalement : 1 voix contre, 0 pour. Nous sentons soudain, physiquement, le poids des responsabilités. La voix du président n’est plus la même quand il passe la parole à Aimée-Laurentine Kanyana. Elle est de Ngozi, elle aussi, comme Claudine, mais elles n’ont pas la même étiquette ethnique, les savants équilibrages hutu-tutsi concernent toutes les institutions, Aimée est tutsi alors que Claudine est hutu. C’est une des énigmes de ce délibéré : est-ce que ces appartenances vont jouer ? On pourrait s’attendre à ce que les Hutu penchent en faveur du troisième mandat et les Tutsi en sens inverse, il n’en est rien pour le moment.

Dès ses premiers mots, on comprend qu’Aimée n’est pas du même avis que sa collègue, mais ce qui me frappe, c’est qu’elle n’avance aucun argument juridique, elle commente les événements de ces derniers jours. Elle dit que les gens dans la rue sont de mèche avec les frondeurs du CNDD-FDD, elle insiste sur le fait que les manifestations se déroulent dans des quartiers à forte concentration tutsi, elle parle beaucoup d’ethnisme, au point que l’on est saisi de doutes sur sa réelle appartenance. Le genre de débat qui n’est pas rare au Burundi, tant les familles sont mélangées… Bref, rien sur la requête elle-même, rien sur les textes d’Arusha et de la Constitution. Mais à mon décompte, cela s’égalise : 1 voix contre, 1 voix pour.

La parole est à Pascal Niyongabo, nommé en 2012, après avoir été substitut du procureur de la république à Bujumbura. Il est hutu, de Kayanza, une province chère au président Nkurunziza. Je suis surpris par son intervention, je le pensais plus docile à l’égard du pouvoir. Il est assez bref et s’en tient à des arguments juridiques. Pour lui l’article 302 de la Constitution n’autorise pas un troisième mandat, ce n’est pas un hasard s’il figure au titre XV qui traite des « dispositions particulières pour la première période post-transition » et c’est bien d’une disposition particulière qu’il s’agit : les mots « à titre exceptionnel » ne peuvent prêter à confusion, l’exception porte clairement sur le mode d’élection du premier président de la post-transition (au suffrage universel indirect) et non sur le nombre de mandats qu’il pourrait exercer. A cet égard, l’Accord d’Arusha a tranché : « nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels » et l’article 96 de la Constitution ne dit pas autre chose. Je continue à décompter mentalement : 2 contre, 1 pour.

C’est au tour de Benoît Simbarakiye. Il est tutsi, entré à la cour en 2009.Avec lui, c’est le flou qui s’invite dans le débat. Je sens immédiatement qu’il ne veut pas s’opposer à cette troisième candidature, mais qu’il est aussi très embarrassé. Il ne parle pas de la situation générale comme l’a fait Aimée, il reste dans le cadre de la saisine, il évoque les articles de la Constitution à interpréter, il cite surtout l’article 96, mais sans qu’on sache ce qu’il en pense exactement : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. » A quels mots accorde-t-il le plus d’importance ? « Renouvelable une fois » ou « suffrage universel direct » ? Impossible de savoir, il tourne en rond, il ne recourt pas à l’article 302 qui établit une exception au 96 et encore moins à l’Accord d’Arusha qui les fonde et les explique. Salvator intervient, un peu énervé, il lui demande de s’exprimer clairement : oui ou non ? Benoît parvient à rester dans l’équivoque. A mon décompte personnel, pas de doute, je note 2 pour et 2 contre, nouvelle égalité.

Cinquième membre à se prononcer : Salvator Ntibazonkiza lui-même. Après ce sera mon tour. Salvator est hutu, il siège depuis 2009, il est entré à la cour en même temps que Benoît mais il a le privilège de l’ancienneté et ses avis sont toujours très écoutés. D’emblée il développe les arguments qui plaident contre l’éligibilité du président sortant pour un troisième mandat. On commence à les connaître : l’article 96 de la Constitution correspond à l’article 7 de l’Accord d’Arusha (protocole 2) déjà cité par Claudine ; l’article 302 correspond à l’article 20.

Tout a été prévu à Arusha, la paix a été signée au prix de ce compromis. Il est impossible de lire autrement ces articles, il faut préserver la Constitution contre ceux qui veulent la déformer, la détourner. Il suffit d’ailleurs d’en relire l’exposé des motifs pour s’en convaincre. Salvator relève aussi l’article 8 de la Constitution,cité par les requérants, stipulant que « le suffrage est universel, égal, secret, libre et transparent. Il peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la loi.»Il y voit un argument supplémentaire : pour lui, la première élection présidentielle de 2005, au suffrage universel indirect, a bien ouvert le premier mandat constitutionnel de Pierre Nkurunziza. Une conclusion qui tombe comme un verdict. Je décompte : 3 contre, 2 pour.

C’est à moi. J’ai la gorge sèche, je respire à fond, je cherche des regards qui fuient, nous sommes sept, je suis le sixième, je sais que mon avis peut faire basculer la décision. La pression est énorme. En tant que vice-président de la Cour, je tente une première synthèse, je reprends les arguments exposés par Claudine, Pascal et Salvator, en notant qu’ils ont le mérite de la cohérence juridique. J’y ajoute un autre passage de l’Accord d’Arusha, toujours à l’article 7 du protocole 2, mais au point 1.a. : « La Constitution stipule qu’à l’exception de la toute première élection présidentielle, le Président de la République est élu au suffrage universel direct ». Je souligne que les auteurs de l’Accord ont anticipé et en quelque sorte réglé notre problème : l’exception faite par l’article 302 de la Constitution était inscrite dès 2000 dans l’Accord et ne portait que sur le mode de scrutin, pas sur le nombre de mandats. Pour moi il n’y a pas la moindre contradiction entre les deux textes.

J’insiste beaucoup sur l’importance primordiale du compromis historique négocié à Arusha, sur notre droit et même notre devoir de nous en emparer. En cas de doute sur la Constitution, le texte de l’Accord est là pour le dissiper.

La requête des sénateurs à cet égard était très maladroite : « D’amblée (sic) déjà, il se trouve que l’Accord d’Arusha (…) n’est pas en soi la constitution et échappe de droit à la compétence de la Cour ». Quelle erreur ! À quoi d’autre se référer pour interpréter la Constitution qui est la mise en forme juridique de cet accord politique ? Ce n’est évidemment pas un hasard si le préambule de la Constitution commence par ces mots :« Réaffirmant notre foi dans l’idéal de paix, de réconciliation et d’unité nationale conformément à l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi du 28 août 2000 ». Voilà notre référence suprême, j’explique que nous devons baser notre arrêt sur ce texte fondateur. Il n’échappe nullement à notre compétence, au contraire il nous permet de l’exercer pleinement. Je termine sur cette affirmation, en espérant qu’elle fasse de l’effet sur mes collègues. Que va dire le président maintenant ? Sur les 6 avis émis jusqu’à présent, 4 sont négatifs ! Incroyable mais vrai.

Il est près de 10 heures. Pendant ce tour de paroles, le président Ndagijimana est resté derrière son bureau, il a surtout pris des notes, il a même utilisé son téléphone, envoyé des sms. Je pense qu’il a contacté certains d’entre nous, en tout cas Claudine. Des messages d’avertissement peut-être. Il est fébrile, il doit parler maintenant. Se dévoiler. Je comprends immédiatement qu’il va essayer de renverser la tendance, car il s’avance aussitôt sur le terrain politique : « Il faut que vous ayez conscience qu’on va prendre une décision grave pour l’avenir du pays, lourde de conséquences. Il faut faire très attention, c’est pourquoi je suis favorable à ce troisième mandat et je propose qu’on le qualifie de mandat spécial ». Voilà, il joue cartes sur table, il vient d’abattre tous ses atouts. Rien sur les articles 96 et 302, tout sur l’enjeu de cette candidature.

Normalement, l’heure est maintenant aux échanges, aux objections, aux explications, mais le cœur n’y est pas, et l’esprit encore moins. Les positions sont trop asymétriques. Il n’y a pas de rencontre possible entre les arguments juridiques et politiques, c’est un dialogue de sourds, un conflit insoluble entre la force de la loi et la loi du plus fort. Sauf que nous savons tous qu’au bout de nos débats il y aura la vérité des chiffres : 4 contre 3, pour le moment… Est-ce vraiment pensable ? J’y crois et en attendant je participe comme d’autres à ce délibéré qui n’en n’est pas vraiment un, où l’on tourne en rond, où chacun se répète et personne ne s’écoute.

Il est midi largement passé quand le président interrompt enfin la séance, au soulagement général. Il ordonne une pause, nous restons sur place, mais nous quittons son bureau où il se retranche avec son téléphone.Nous devinons qu’il veut appeler certaines personnes, mais lesquelles exactement ? Nul ne le sait, nous n’en parlons pas, mais chacun y pense : notre serment nous oblige à « toujours garder le secret des délibérations », le président le respecte-t-il ? Toujours est-il que la pause dure longtemps et lorsque Charles nous rappelle dans son bureau, l’après-midi est déjà bien avancée. Nous voyons aussitôt qu’il est profondément contrarié, même s’il essaie de faire bonne figure.

Au fond, tout a été dit. On connaît les positions de chacun. Une question nous a été soumise par les sénateurs : « Le renouvellement une fois de l’actuel mandat présidentiel de cinq ans est-il ou non conforme à la Constitution de la République du Burundi du 18 mars 2005 ? » Trois juges ont répondu oui et quatre non. Il ne reste plus qu’à rédiger la note de délibéré, ainsi le veut notre règle de fonctionnement. Et c’est là que tout s’enlise. Le président multiplie les efforts pour différer cette rédaction, il fait redire à chacun son raisonnement, il écrit encore, il propose des formulations insatisfaisantes, qui déclenchent de nouveaux débats. L’atmosphère devient malsaine, nous sommes de plus en plus fatigués, nous acceptons finalement que la réunion reprenne demain vendredi. Le président nous promet de rédiger la note ce soir et de nous la soumettre dès la reprise de nos travaux, il nous fixe rendez-vous à 8 heures demain pour lecture et signature de l’arrêt. Je me surprends à y croire, encore. Après tout, personne ne s’est dédit depuis ce matin.

Nous nous quittons à 19 heures, épuisés. Il fait nuit sur Bujumbura, je rentre chez moi en voiture, le trajet est long jusque Carama, tout au nord de la capitale. Je traverse une ville marquée par les événements de ces derniers jours, les gens sont terrés chez eux, il y a des traces de manifestations dans plusieurs quartiers : débris de barricades et de pneus brûlés. Quand j’arrive à Mutakura, mon téléphone sonne. C’est Charles qui me demande de revenir à la Cour, je proteste, il insiste, je fais demi-tour et le retrouve dans son bureau avec Aimée-Laurentine.

Il me met en garde : « Tu as commis l’irréparable, tu viens de trahir le président, cela peut te coûter très cher, je suis ton ami, je te supplie de changer d’avis ». Aimée enchaîne sur le même ton, elle essaie de me faire revenir sur ma décision. Je réfléchis vite, je leur dis que je peux reconsidérer ma position s’ils tiennent le même langage demain devant mes collègues. Je veux gagner du temps, surtout pour savoir si les autres subissent les mêmes pressions. Je repars vers 21 heures, en refusant que des policiers m’escortent.

Je suis enfin chez moi, en famille, quand le téléphone sonne à nouveau. Un appel anonyme, un homme qui dit appartenir au Service national de renseignement : « Vous jouez avec l’avenir de la nation ! » Je lui demande qui il est, il raccroche. Je reçois d’autres appels, d’abord des conseils d’ « amis » qui m’invitent à la prudence. Mais qui les a avertis ? Pourquoi s’inquiètent-ils ? Ils me font des réponses évasives. Vers 23 heures, encore un appel anonyme, très menaçant celui-là. L’homme hurle, m’injurie, je crois reconnaître sa voix, je lui dis : « Vous faites erreur, mon général ». Il réagit : « Qui vous a dit que je suis général ? » Et il raccroche. Je suis quasi certain qu’il s’agit du général Ndakugarika, un proche du Président de la République et du général Nshimirimana. Je comprends que c’est très sérieux, j’appelle Charles pour l’avertir de ces menaces, pour lui dire que le secret de nos débats a été violé, il n’a pas l’air surpris, j’ai l’impression qu’il n’est pas seul, que le général est à ses côtés. Je raccroche, bouleversé,puis décide de me coucher, mais je ne trouve pas le sommeil et à 4 heures du matin je prends une autre décision : partir, quitter la maison avec ma femme et mes cinq enfants. En pleine nuit nous roulons vers un centre communautaireà Rohero, non loin de la Présidence…

Bujumbura, le 1er mai

Oui, nous sommes le vendredi 1er mai. Mais il n’y a pas de fête aujourd’hui, pas de défilé comme chaque année au stade Prince Louis Rwagasore, à deux pas de la Cour constitutionnelle, la peur est partout, la vie s’est arrêtée, ce jour férié a un goût amer. Je retrouve mes collègues à 8 heures, aussi marqués que moi par une nuit presque blanche. Salvator et Pascal me disent qu’eux aussi ont été harcelés, menacés, Claudine semble tétanisée, nous sommes tous tendus à l’extrême. Réunis à nouveau dans le bureau du président, nous constatons d’emblée qu’il n’y a pas de texte, aucune note de délibéré à lire et à signer, comme si rien n’avait été dit hier, comme si tout était effacé. Charles prend la parole, sur un ton pressant : « Chers amis, écoutez-moi, avant d’être des juges nous sommes des frères et sœurs, des Barundi, je sais que juridiquement on ne peut pas dire oui aux trois mandats, mais nous sommes les enfants d’un même pays, nous y sommes attachés, si jamais nous décidons que le candidat du CNDD-FDD n’est pas éligible, nous risquons de plonger notre cher pays dans le chaos. Vous connaissez les Imbonerakure, ils vont descendre dans la rue, ce sera la guerre, la désolation. » C’est un discours de circonstances, adressé en fait à ceux qui ont dit non. Pascal rétorque que le risque est déjà là, que le chaos viendrait plutôt d’un troisième mandat et que nous pouvons l’empêcher. Puis il réclame la note de délibéré promise hier soir : « Où est-elle ? Présentez-la ! »

La discussion repart sur les avantages et les inconvénients de notre décision. Charles lance une question qui nous déstabilise : « Et si je ne la rédigeais pas, cette note ? » On se regarde, on entrevoit une porte de sortie.

Salvator suggère, pour préserver l’image de la Cour, qu’on fasse traîner les choses, qu’on prenne le temps de la réflexion jusqu’à ce que le délai expire, soit le 9 mai prochain, jour de clôture du dépôt des candidatures. Un mot me revient, appris lors de mes études : forclusion ! Autrement dit le risque de nous voir déchus de notre missionde dire le droit, mais je choisis de me taire. Benoît enchaîne : « Je constate que ceux qui ont conseillé au Président et aux sénateurs d’introduire cette requête les ont induits en erreur. Pourquoi nous saisir ? Ce n’est pas un problème juridique, c’est un problème politique, c’est à l’Assemblée nationale de trancher ! »Serait-il en train de virer de bord, de passer du oui au non ? Aimée-Laurentine coupe court à cette diversion : « Attention, ce serait un déni de justice, nous avons été saisis régulièrement, nous devons nous prononcer dans les plus brefs délais. »

Charles reprend les rênes du débat, mais il s’efforce encore de l’embrouiller, pour empêcher la rédaction d’une note qui entérinerait notre refus du troisième mandat, par 4 voix contre 3. Il ne cesse de sortir pour répondre à des appels téléphoniques, Aimée en fait autant. Et voilà maintenant qu’il brandit deux feuilles de papier : « C’est l’analyse des articles 96 et 302 par Stef, le grand chercheur belge, elle date de 2012, elle dit qu’un troisième mandat est possible pour Nkurunziza, je vais la photocopier. » Je connais ce chercheur, Vandeginste, que nous appelons Stef, je connais son analyse, j’en ai retenu que l’article 302 de la Constitution pourrait donner lieu à une interprétation « extensive » si l’on ignorait l’Accord d’Arusha. Pour moi, tout est dans ce « si », je ne vois pas ce que cette étude change à notre délibération.

Charles distribue les photocopies. Il a l’air soulagé maintenant, il reprend place devant son ordinateur, je réalise alors que le texte d’un arrêt est sans doute déjà là, dans cette machine, inachevé peut-être mais rédigé à notre insu puisqu’aucune note de délibéré ne nous a été soumise. Ce n’est même plus une impression, c’est une certitude maintenant : la réunion d’hier a été biffée, nos avis sont nuls et non-avenus. Mais le président doit continuer à sauver les apparences, il nous annonce qu’il a trouvé la bonne formule, qui conciliera tout le monde : « Donnant-donnant, on autorise un troisième mandat mais on défend le texte d’Arusha, ainsi on contente la rue qui manifeste pour le respect de l’Accord et on satisfait le candidat Nkurunziza qui obtient ce qu’il veut. » Pascal est le premier à réagir : « Tu nous prends pour des idiots ! C’est la Constitution OU le troisième mandat, pas les deux. Et si tu défends Arusha, tu défends le principe des deux mandats, point, c’est aussi simple que cela. »

Il est 14 heures passées. On nage en pleine confusion. Claudine demande une suspension de séance : « Cela fait deux jours qu’on discute, deux jours que je ne vois pas mon bébé, il a besoin de moi, je dois l’allaiter. » Je pense que Charles est dans le coup, il lui offre aussitôt sa jeep et lui dit d’aller retrouver son bébé. Ainsi la réunion est suspendue, on ne peut pas délibérer à six, nous sommes non seulement tenus au secret mais aussi tenus d’assister à tous les débats. Nous restons dans les parages du bureau où le président s’enferme avec Aimée-Laurentine. Ils se concertent à nouveau. Quand ils sortent, c’est pour nous proposer d’aller nous restaurer. Nous partons ensemble jusqu’au Martha Hôtel, pas loin de la Cour, un endroit chic. On commande des boissons et un repas. En attendant, Pascal m’approche discrètement, il chuchote : « Monsieur le vice-président, ne vous étonnez pas si on change de position, on est très menacés, de plus en plus, on risque nos vies, on va devoir changer de position. » Je le crois, je me dis que les pressions sur les Hutus doivent être encore plus violentes que sur nous. Je me demande si le silence de Claudine depuis ce matin ne s’explique pas ainsi. Quant à moi, je me jure de ne jamais renier ma parole.

A table, je touche à peine à ma nourriture, Charles est de plus en plus jovial, il vient encore de parler longuement au téléphone, il me glisse : « On va finaliser la note, j’ai un texte, on va conclure ce soir. » Entre-temps je m’esquive pour aller déplacer la famille, du centre communautaire où nous avons été la nuit dernière à un hôtel discret de Bwiza.

A 19 heures, nous nous retrouvons tous les sept à la Cour. Tous abattus. Le président n’a cessé de m’appeler depuis une heure, dès que j’arrive il sort un document. Est-ce, enfin, la note de délibéré ? Non bien sûr, dès les premières lignes je comprends qu’il n’en est rien, je lis : « La Cour a rendu l’arrêt suivant… Point 1… Point 2…3…4… », bref c’est l’arrêt lui-même, tel qu’il sera bientôt publié ! Et avec une conclusion contraire à celle du délibéré : le non est devenu oui…Mais l’heure n’est plus à discuter, il faut signer. Charles l’a déjà fait, il veut que je signe en second. Il prend un ton autoritaire :

« – Lisez et signez !
– Signer, moi ?Jamais !
– Vous oubliez que vous avez participé au délibéré, vous devez signer.
– Justement, ce n’est pas la conclusion du délibéré, c’est le contraire, donc je ne signe pas. »

À ce moment j’espère encore que ceux qui partageaient mon avis vont aussi résister. Il me toise d’un regard terrible : « Vous voulez savoir qui est contre, à part vous ? » Silence de mort, tous les regards sont baissés. Je comprends que le rapport de forces a changé, je suis seul maintenant, je suis en danger.

Je me lève et me dirige vers la porte, Charles se met en travers, nous sommes face à face.

« – Puis-je sortir, puisque je refuse de signer ?
– Non, je ne vous autoriserai jamais à sortir.
– Vous ne m’avez pas compris, je n’ai plus rien à faire ici, je sors. »

La situation est absurde, nous sommes là à nous défier devant cinq personnes figées et angoissées. Salvator tente une échappatoire : « Si Sylvère ne veut pas signer, vous ne pouvez pas le contraindre, reportons la signature à demain. » Le président ouvre la porte et sort avec moi.

« – Est-ce qu’on peut encore se parler ?
– Je n’ai jamais refusé. »
Nous allons dans le bureau de Claudine.
« – Tu es mon ami, Sylvère, fais attention, tu ne connais pas ces gens du maquis.
– Soyez plus clair, vous avez peur de qui ?
– Tu le sais.
– Laisse-moi réfléchir, je suis à bout de nerfs, parlons demain matin. Laisse-moi partir, je rentre à la maison .
– Tu me mens, je sais que tu n’es plus chez toi, tu as quitté ta maison… Et je te mets en garde, je pense que tu fais erreur.
– Et si c’était toi qui faisais erreur ? »

Il est près de 22 heures. Je rentre enfin à l’hôtel. Ma femme m’apprend que Charles vient de lui téléphoner : « Ton mari est à bout, il va avoir des ennuis, moi aussi d’ailleurs, tu dois le calmer, tu dois le faire changer d’avis. ». Mais quand je lui explique ma position, elle me dit que j’ai raison.Elle est juge elle-même, à la Cour d’appel de Bujumbura, son soutien a une valeur inestimable, il me va droit au cœur. Cette nuit-là je reçois encore des appels, des menaces directes, des supplications d’amis et connaissances. Mais j’ai fait mon choix et j’en suis fier, je suis en paix avec ma conscience, je ne la trahirai pas.

Bujumbura, les 2 et 3 mai

Je sais que les jours qui viennent seront très durs. Dangereux même. Je dois mettre toute ma famille à l’abri, mon épouse et les cinq enfants, je dois fuir avec eux, c’est une question de survie. Mais comment faire ? Le plus important est de ne pas être repéré, le plus urgent est de donner le change. Maintenant c’est moi qui vais tout faire pour gagner du temps. Charles n’arrête pas de me téléphoner et de m’envoyer des sms, il me demande de passer à la Cour pour signer l’arrêt. Je fais tout pour l’amadouer, lui explique que j’ai bien réfléchi, que je vais être raisonnable et que je signerai lundi. Après tout, nous sommes le samedi 2, c’est le week-end, la Cour est en congé, nous conclurons ce lundi 4. Je ne sais s’il me croit, mais que peut-il faire d’autre ?

J’ai besoin de temps pour organiser notre fuite. Personne ne sait où nous logeons mais, prudence oblige,nous déménageons encore ce samedi, j’emmène la famille dans une maison de passage à Mutanga-sud. J’envisage plusieurs plans pour nous mettre en sûreté : j’écarte l’intérieur du pays, rien n’y est vraiment sûr ; à l’extérieur, il y a un problème de passeports pour ma femme et les enfants, la direction du Rwanda s’impose. Je contacte des amis en qui j’ai une confiance absolue, on s’organise, on se prépare.

Le téléphone continue à sonner. Des avertissements, des menaces de mort envers les miens, je reconnais des voix anonymes déjà entendues, des gens que je crois capables du pire.Charles appelle encore, il change une nouvelle fois de registre : « Si tu vas dans le sens des intérêts supérieurs de la nation, le Président ne t’oubliera jamais ! »Je comprends le message : encore plus d’avantages et de primes, des cadeaux, je peux même rêver d’une carrière ministérielle… Il finit par me proposer du cash, de l’argent que je dois aller toucher ici ou là, dans un bureau de la Présidence ou chez le deuxième vice-gouverneur de la Banque centrale. C’est tout juste si je ne peux pas fixer mon prix. Tout cela sent le guet-apens, ils veulent me retrouver et me coincer. Je joue les intéressés, je ne dis pas non, surtout ne pas me découvrir, je dois tenir jusqu’à lundi.

Bujumbura, le 4 mai

Tout est prêt. Nous prenons place dans deux voitures. Moi dans la seconde, un taxi avec chauffeur. La famille dans ma propre voiture, conduite par un autre chauffeur, qui va ouvrir la marche. Nous roulons ainsi en mini-convoi vers Cibitoke, puis vers Mabayi, puis plein nord vers le Rwanda, un peu plus de deux heures de route. Au poste frontière de Ruhororo, je descends de voiture, j’ai prévu de négocier notre passage moyennant quelques billets, mais ça ne s’arrange pas, le marchandage se complique et je vois surgir des Imbonerakure soupçonneux et vite menaçants.

J’aperçois plus loin des militaires qui viennent vers nous, ça se gâte. Je saute alors au volant de ma voiture, je mets les gaz et je fonce vers la barrière en bois. Je braque au dernier moment pour qu’elle ne percute pas le pare-brise, elle éclate sous le choc, mais je ne suis pas encore au Rwanda, il reste une centaine de mètres à parcourir, il faut franchir la rivière Ruhwa qui marque la frontière. Je vois dans le rétroviseur des Imbonerakure et des soldats burundais qui tentent de me rattraper, j’accélère, je passe le pont, ils s’arrêtent à la rivière. En face, des policiers rwandais sont sortis, alertés par ce grabuge, ils lèvent la seconde barrière, nous sommes sauvés.

La suite est une litanie de formalités, de déclarations, de vérifications, ma patience est illimitée, tout me semble si simple à présent. J’éprouve un immense soulagement, mais je ne suis pas euphorique pour autant. J’y ai pensé tout au long du trajet : mon départ est un échec. En quittant le Burundi, je consomme la défaite des juges constitutionnels. Je suis au Rwanda par la force des choses, je n’ai pas l’intention de m’y attarder.

Epilogue

Liège, le 1erseptembre. J’ai quitté le Rwanda avec ma famille le 11 mai. Je vis maintenant en Belgique. Je retournerai au Burundi dès que possible, mais je sais qu’il faudra lutter longtemps encore pour que mon pays devienne vraiment un Etat de droit. Ces sept jours d’avril et de mai m’ont transformé. J’espère rester digne du courage qui m’a visité pendant cette terrible semaine.

J’ai lu l’arrêt rendu le 4 mai, le lundi de mon évasion, par la Cour constitutionnelle. Mon nom y est cité comme si j’en étais co-auteur, mais ma signature n’y figure pas évidemment. Cet arrêt, de bout en bout, est ahurissant. Je suis bien placé pour savoir qu’il a été écrit en dépit du bon sens. Je ne suis pas surpris qu’il finisse par conclure le contraire de ce qu’il a démontré longuement, implacablement. Rappelez-vous : dans leur requête, les sénateurs CNDD-FDD nous déniaient le droit de nous saisir de l’Accord d’Arusha, écrivant que l’Accord « échappe de droit à la compétence de la Cour ». Eh! bien, non seulement la Cour s’en est emparée, mais elle a basé son arrêt, pendant des pages, sur ce texte fondateur. De ce point de vue là c’est un grand événement et les premières pages de l’arrêt reprennent tous les arguments que nous avons avancés le 30 avril. On y lit que l’Accord d’Arusha est « le socle » de la Constitution, qu’il est « la véritable, obligatoire et incontournable source d’inspiration du constituant burundais », que« celui qui violerait les grands principes constitutionnels de cet Accord ne pourrait pas prétendre respecter la Constitution ! » Qui d’autre est visé par cette phrase sinon Pierre Nkurunziza ? Jamais la Cour n’a rendu un tel hommage aux négociateurs d’Arusha. Elle reprend mot à mot tous les articles de l’Accord qui fixent le nombre de mandats présidentiels à deux et prévoient de faire élire le premier président au suffrage universel indirect. Bref, jusque là, tout le raisonnement de la Cour est logique et cohérent, il ne lui reste plus qu’à dire non aux requérants…Et puis, en quelques lignes, tout s’écroule. La conclusion est contraire au raisonnement. La Cour dit soudain que le constituantà l’article 302 « a mal repris la recommandation de l’Accord d’Arusha », mais au lieu d’établir le droit en revenant au prescrit de l’Accord, en remettant la Constitution sur son « socle », elle fait exactement l’inverse ! Elle écarte Arusha, elle entérine la méprise du constituant et décrète l’existence d’un « mandat tout à fait exceptionnel et spécial » qui autorise donc le Président sortant à briguer un troisième mandat !

C’est le tour de passe-passe juridique le plus incroyable que j’aie vu en vingt ans d’études et de carrière. Pour moi cet arrêt a ridiculisé notre institution et, par delà, le droit burundais. Le 8 mai, le journal Iwacu a titré : « L’arrêt de la honte ». On ne peut mieux dire…

Sylvère Nimpagaritse
&
Gaston Parmentier

________

>>Réactions

Il n’a pas respecté le secret du délibéré

Charles Ndagijimana, le président de la Cour Constitutionnelle
Charles Ndagijimana, le président de la Cour Constitutionnelle

D’après Charles Ndagijimana, le président de la Cour Constitutionnelle, les dires de Sylvère Nimpagaritse sont une violation du secret du délibéré : « c’est une faute professionnelle sur laquelle je ne peux pas commenter. » Selon lui, si l’ancien vice-président de la Cour Constitutionnelle a dit cela, c’est pour calomnier ses anciens collègues.
« Il n’a jamais été menacé puisque je lui ai parlé jusqu’à la dernière minute avant qu’il ne parte », indique M. Ndagijimana. Sur les « allégations » de Sylvère Nimpagaritse, le président de la Cour Constitutionnelle s’en tient au secret professionnel : « Je ne peux pas réagir là-dessus, par respect du secret des délibérations. »

Je reste solidaire de ma profession

Nous avons demandé à Sylvère Nimpagaritse s’il ne craignait pas que ces révélations aient des conséquences fâcheuses pour ses anciens collègues. Il nous a répondu :« J’ai bien réfléchi à ce problème, mais dans la mesure où ils ont signé l’arrêt, ils sont inattaquables. Je suis et je reste solidaire de ma profession, très difficile à exercer, je ne pouvais pas non plus me taire indéfiniment, les Burundais ont le droit de connaître ma version des faits et j’avais le devoir de la donner. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

44 réactions
  1. BLANK ATM CARD

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  2. ntazizana

    Mr Sylvère. De ma part je te dis merci. J’ose espérer que le peuple burundais te dira lui aussi merci.
    Tu as fait honneur à ta famille et au pays! Waranse kuba umuja.
    Tu es entré dans le cercle des grands hommes! Je suis jalous de too!

  3. mahoro

    A quand débutera la construction? Quand est ce qu’on pourra ouvrir les yeux et commencer à vivre ensemble? Ne nous méprenons pas, cherchons la justice, la vérité, construisons maintenant et il n’est pas trop tard. Pensons à la génération future svp

  4. mpuzu Jerome

    Cher lecteur,
    si le long de ta lecture aucune larme n’est sorti de ton oeil que ce soit par emotion ou grand estime a ce grand Nimpagaritse le Burundi ne sura jamais sauve.
    Pourquoi en fait ce que le pouvoir fait pour brader l’honneur de ses citoyens contituepour lui l’essentiel pour sa propre malediction . Et pour qu’elle soit reelle il faut qu’il ya des saints citoyens qui pleurent devant Dieu pour y mettre fin. Mais s’il n’ya pas de saints tout le peuple perira comme Sodomme et Gomorhhe.

  5. Ntahitangiye

    « Sylvère Nimpagaritse en personne. Réfugié à Liège, en Belgique »
    J’ai porté ce titre de » réfugié » pendant des décennies, je n’étais jamais heureux malgré ma formation, mon emploi, mes investissements à l’étranger: j’étais un orphelin (apatride) . Même quand vous avez totalement raison il n’y a pas beaucoup de gens qui considèrent ce que vous dites et ceux qui vous écoutent le font en générale avec pitié et rien de plus .

    • hat

      Ntahitangiye, ba uhimba uhishe. Un réfugié instruit ,qui a un emploi et qui fait des investissements ,chapeau. Après je crois qu’il y a des éternels insatisfaits . L exil est souvent une contrainte plus qu un choix. Tout au moins on saive sa tête. La méditerranée est rempli de corps sans vie des gens qui espéraient moins que vous.

  6. aho rero

    mr evariste et iwacu,merci de nous designer de nouvelles cibles!desormais les juges reflechiront deux fois avant de deliber !

  7. Jereve

    Quand il y a manipulation, trop fortes pressions et menaces de mort sur les membres de cette illustre institution qu’est la Cour constitutionnelle, que reste-t-il de la valeur du secret ? Rien. Cet homme a bien fait de révéler ces graves anomalies. En même temps nous comprenons que pour vivre, ou plutôt survivre, ce pouvoir compte exclusivement sur des marionnettes, des yes men et des béni-oui-oui.

  8. Rufyirigufyina

    Wewe Anonyme reka kubesha. Batobisoko Tharcisse alias Burembo yari Umututsi w’indamunyu, avuga ukuri atarya umunwa. Abo biganye kuri ENA baramuzi, n’aho yaba kuri 3ème avenue N°84 mu Bwiza barahazi, yabana n’Umuhutu yitwa Gallican Nteze, un géomètre topographe devenu géologue et administrateur de la commune dont j’oublie le nom, Mivo peut-être, voisine de la commune Ngozi. Nimba Aimée -Laurentine ari umukobwa wa Batobisoko koko, nawe nyene n’Umututsikazi nka se. Cependant, uko Nimpagarise avuze ingene vyagenze muri Cour constitutionnelle concernant le 3ème mandat,nimba ari vyo, Aiméé n’est pas la fille de son père, sur le chapitre y’ukuvuga ukuri. Tel père n’est pas nécessairement telle fille…

  9. Gitega

    Tous les Burundais ne sont pas traitres,, laches. La Lachete, la traitrise, la bravoure, l’heroime, la droiture n’ont rien a avoir avec l’identite Ethnique, Raciale, Religieuse, Regionale…. ce dont je suis sur c’est que nos generations futures retiendront les noms comme Leonard Nduwayo, Ndagijimana, Rwagasore, Pierre Claver Mbonimpa, Ntare Rugamba,… Les gens qui ont un coeur, qui pensent juste et qui accepent le risque maximal pour les autres!!Il y en a aussi parmi le peuple lamda! Bravo a tous!!

  10. Verite Guess

    Bravo a Mr Nimpagaritse. Il force l’estime de toutes les personnes de bonne foi. Quant a Leontine, peu importe qu’elle soit hutu ou tutsi, cest pas le plus important. Ce que je tiens d’elle, c’ eat une lache et une traitresse. Mais elle ne l’emportera pas au Paradis. L’histoire lui demandera des competes et lle va le payer trop cher. Pauvre Leontine, tu fais pitie

    • Karundi

      Aho ababirigi bagira ngo bari n’umuntu bagirana amanama, azorimena ni barindire gato. Azobivuga ataco yisigarije. Barabura ivyo bizera

  11. John Karenzo

    J’admire le courage du Sylvère Nimpagaritse.
    Yaremeye gu risqua va vie pour respecter sa parole.. je penses que les autres membres de cette cour sont la honte pour la justice burundaise et pour le Burundi..

    Cependant j’ai un serieux reproche à lui faire : tout comme Charles Ndagijimana, Sylvère a violé le secret du vote en donnant à ce journaliste (et par là au public) le détail du vote de chacun des membres..

    Bravo mon cher Sylvère, mais vous auriez pu montrer plus de classe dans vos propos en ne citant pas de nom.

    • Dora kabingo

      Comment a t il violé le secret du vote? Qui a violé le secret en premier ? Pourquoi Mr Nimpagaritse a il été menacé avant avant même que la cour ne délibère ? C’est à ce moment que tout a commencé. C’est plutot Ndagijimana qui en porte la responsabilité.

  12. Mutana M.

    Il y a certaines vérités dans ce texte. Mais je crois aussi qu’il y a des exagérations. S’il est réellement de bonne foi, qu’il nous dise comment il a pu obtenir des visas pour la Belgique dans un délai aussi court. Qu’il nous dise aussi ses relations actuelles avec le CNARED. Qu’il nous dise ce qui se dit dans les réunions qu’il a régulièrement avec les autorités belges. Sincèrement, je pense qu’il a des ambitions politiques ce monsieur.

    • Dora kabingo

      Qu’ est ce tu racontes toi Mutana M. ? Comment obtenir des visas pour la Belgique? c’est un jeu d’enfants aujourd’hui pour une personne de son rang et qui en a besoin ? Qu’il soit membre du CNARED ou pas c’ est son droit mais ca prouve quoi ? Des ambitions politiques ? Tout le monde en a à commencer par Charles Ndagijimana et les autres membres de la cour constitutionnelle qui ont pris « une décision politique »

      • Mutana M.

        Il en avait besoin? OK. Mais il était à Kigali et il n’était plus menacé.
        Ensuite, s’il a des ambitions politiques et de surcroît membre du CNARED, son témoignage ne sera pas crédible car il a intérêt à discréditer le gouvernement en place.

        • Degeya

          C’est quel raisonnement? Il est declare refugie a Kigali, si le HCR et les autorites de Kigali l’acceptent, il peut beneficier d’un document de voyage pour refugie, puis re-installe en Belgique!
          Ibange rimenwa iyo ribaho, Njejimana niwe yarimenye we yagize politique gusumba juridique, toute la suite n’est que la consequence de son agissement. Voila pourquoi la question n’est pas ethnique: les juges amateurs tutsis sont pour, les vrais juges Hutus et les DD sont contre….

    • Pierre

      M. Mutana, un visa belge est pour vous un problème? Tout État non voyou donnerait asile à ce Monsieur. Les visas, pourquoi vous ne vous posez pas la même question pour Nyamitwe qui est à Bruxelles toutes les 2 semaines. Que vous soyez dérangé par un pays qui donne un visa à une personne en danger de mort me parait trop cynique. Et puis ses ambitions et ses rapports avec qui que ce soit ne concerne que lui et il a des droits dans ce royaume qui les reconnaît enconnait encore. C’est quoi le problème si il a des ambitions. Fallait-il entériner ce mandat pour inhiber son ambition de se faire élire à la place de P.N. Votre intervention n’a aucune substance.

    • Menard

      Avoir une ambition politique est devenu un peche pour les non DD. Turagowe!!!!!!

    • Kayuku

      Wewe Matana nibaza ko utazi ico urondera! None ko yatubwiye uko vyagenze muri Cour constitutionnelle akaba ariyo iraba abarundi bose, ikindi ushaka ni igiki? Ukaba ukeneye kumenya uko yaronse visa, uragenda umwegere umubaze en privé twebwe ntavyo dukeneye, reka kuvanga ama dossiers. Uwo muntu sinibaza ko yoba yaragize tant d’efforts kugirango abeshe abarundi n’amakungu!

  13. Karundi

    Umuntu atari bwamenye ico bita kumena ibanga NG’IKI RERO. Mana we!!!
    Dufate ko vyagenze uko abivuga, kandi birashoboka. Mugabo, nta kumena ibanga bisumba ivyo jewe nari bwabone kuva mvutse. Ku gatumba iyo mvuka, iminsi yose ku wa kane abashingantahe baba bariko baraca imanza zo ku mugina. Nta narimwe ndumva, umwiherero waheze umushingantahe avuga ngo « mu mwiherero naka yavuze uku, uwundi naka avuga uku, nanje mvuga uku, harya watsindishijwe na naka ». Uwumenye ibanga mu mwiherero nk’uko barammuca mu bashingantahe.
    N’umugore n’umugabo naho bahukana, hari akabanga bisigariza
    Twakuze batubwira ngo « imvugira kuyamara y’umugabo ikundwa na bake ».

    • Mutana M.

      Ivyo uvuze nivyo. Abe asezey kuzosubira kuba juge ou avocat n’importe où dans ce monde. Ces convictions politiques l’emportent sur la protection des intérêts de la profession.

    • Rugwe

      Ugumya ibanga iyo ari ivyubaka, nayo ari ibisambura, ubusuma, ubwicanyi, nukwamira, munyuma hakazoba des enquêtes, abakurikiranwa bagakurikiranwa. Niba Cour Constitutionnelle yari menace guco, imagine maintenant la CENI.

  14. Rugwe

    J’ai la chaire de poule en lisant tout !

  15. Kaganji

    Abarundi barayamaze ngo: ururimi ry’uwundi……, Uno mwanya ahubwo Nkurunziza n’umugabwe wiwe barakozesinon, n’ubwo benshi muri bansoma mbike biwe bari baragurishije igihugu Kubera ubunzibwinda bwabo, barahavuye babona ko ayo mahera canke ayandi maronko yose ntaco azobamarira bava ibuzimu baja ibuntu, ubu babonye ko ntaco ayo mahera azobamarira n’ibindi, baratanguye kubona ko igihugu cabo bisumba ayo maronko. Ubwo rero n’ibakore, iyo parlement ikore ,iyo sena ikore, iyo CVR ikore, barabe ko ukuri kudatsinda ikinyoma!!!! Tuve muri ayo mafuti ngo ARUSHA. Banyagihugu komera? Komera

    • Dora kabingo

      Ubu uriko wita Arusha ngo namafuti kandi yabakuye mu mafuti ? Ahubwo wewe Kaganji nta mutwe ufise

  16. Bwengebuke

    Mana y’uBurundi we. Urakoze wewe watumye tumenya uko vyagenze. Ntakindi novuga pe! Bwana Nimpagaritse ari umugabo abushitse. Twohura nogukeza pe. Ushatse uranyandikira tubivugane! None uwarenze kuri « secret des délibérations ninde ». Jewe Mbona Perezida Karoli Ndagijimana ariwe yatanguye guhemukira abandi mukuvuga ko bavyanse ngo bakoreshe iterabwoba!
    Komera Burundi wiganzure uwakuganje!

  17. Jean-Pierre Ayuhu

    Chers amis d’Iwacu,
    Chers lecteurs,
    J’espère que nos enfants pourront réécrire l’histoire autour des faits et événements qui ont marqué cette période autour de ce fameux « 2ème-3ème » mandat selon! Aujourd’hui, l’on ne peut qu’omettre des hypothèses. Lorsque l’on connait les réticences de l’OCCIDENT à octroyer un visa à un ressortissant d’un pays en guerre, l’on peut se poser des questions..Ainsi, des journalistes, activistes de la société civile, opposants ( frondeurs du CNDD-FDD et autres), il suffisait de cracher sur le pays, sur ses institutions et hop, un petit tour au Rwanda et visas pour la Belgique! Parallèlement, le monde est témoins de la position de la Belgique et plus particulièrement celle de Louis Michel par rapport au pouvoir cndd-fdd, ….à chacun de se donner son propre opinion.

    Arusha? Arusha a crée une société artificielle, un chateau de sable dont il suffit d’un coup de vent pour tout mettre à terre. Ainsi, la règle 40/60 % est trop problématique. Il ne suffit pas de décréter mais faut-il que les états d’esprit soient suffisamment prédisposé à cohabiter: Or, il s’est avéré que ce Monsieur était une brique de paille dans ce château de sable…., tutsi comme le voulait la règle des 40/60% et rappelez-vous deux autres membres de la CENI, tutsi également, ont ôté leur pierres du Château… Cherchez les mobiles. Souci de construire ou volonté de nuire ? L’histoire nous l’apprendra et espérons que nos enfants l’écriront, eux qui auront plus de recul, un esprit critique…
    Des propos de Monsieur Silvère Nimpagaritse. Pour les lecteurs d’Iwacu non informés, la notion d’exile ou d’asile politique doit se mériter dans les pays occidentaux. La personne doit démontrer personnellement ( et non collectivement) qu’elle a été menacé sous une forme ou sous une autre. Qoui d’anormale chez ce Monsieur s’elle en rajoutait une couche dans ce qu’il dit avoir subi surtout que personne d’autres à part ceux qu’il accuse, n’a été témoin de ses dires et son vécu? Iwacu avait mis en doute la moralité de cet homme au moment il fut nommé mais bon…peut-être qu’avec le temps, il a pris conscience de l’honnêteté qui devait être le sien en tant que vice-psdt de la cour constitutionnelle!

    • Rugwe

      Basta, vous êtes nus maintenant, il a tout dit, et nous ne retiendrons que l’image d’une Cour qui a été menace, et qui a manqué le Rendez-vous historique de dire NON au diktat ! Plus jamais ça !

    • Kayuku

      Oya hora muramaramaye. Il fallait qu’on sache toute la vérité!

  18. PCE

    Après la lecture de cet article je suis partagé entre deux sentiments : le désespoir le plus total que la justice burundaise ne sortira jamais de ce « trou noir » juridique et l’espoir orgasmique inspiré d’un juge- Mr Nimpagaritse- qui , jusqu’au bout , a dit le droit et tout le droit. On peut donc se permettre de rêver qu’il existe encore des gens comme lui.
    D’autre part je souhaiterais louer les garde frontières rwandais qui ont sauvé une famille en lui permettant d’entrer sur le territoire rwandais de la manière ainsi décrite , chapeau bas . Ces garde frontières ont , à leur manière , protégé la vie des innocents .
    Quant à la démocratie au Burundi , tout n’est pas perdu , il y aura un jour ou les corrompus de la république en répondront devant le tribunal de l’Histoire avec grand « H » . Merci encore Mr le juge pour votre courage . A Gaston Parmentier , vous avez autant de mérite que celui à qui vous donnez la parole.

    • Nduwayo

      Ce temoignage est important et donne espoir, il existe quand même encore des burundais honnêtes …ne désespérons pas !

  19. kindros

    Monsieur Anonyme, Aimée- Laurentine Kanyana est bel et bien Tutsi, de parents tous tutsi de la colline Muremera, commune Ngozi: son père s´appelait Tharcisse Batobisoko (anien employé de la SRD Buyenzi) et sa mère s´appelait Spès , anseignante .

    • Dora kabingo

      Nimba ari umukobwa wa Batobisoko uwo rero numututsi kazi kuko Batobisoko yari azinanye cane na mon père kandi baranywana

    • Jean

      Il n y a pas de prodecure legale pour etablir qui est qui sinon tu nous donnes les details. Si une personne se dit etre tel ou tel, c’est la fin de l’affaire.

  20. roger crettol

    Merci, IWACU, de publier ces pages que l’on peut qualifier d’historiques. Le roi est nu.

  21. alice

    Je ne sais pas si en pleurer ou en rire

  22. Musambanyangona

    Mbega ba sha ayo ma miliyoni Nkurunziza aguma aha abo bantu à sa solde, bazoyarira hehe ko ata mahoro bazopfa baronkeye muri iyi chaos bazanye?! Ikimbabaje ni uruvyaro bazosiga!!!

  23. hippo

    Des faits malheureusement inaccessible à la masse de la population, prisonnière de son ignorance et de la Coréanisation de son éducation rurale – Gloire à Pita , promoteur de la gratuite dès 5 ans …

  24. Anonyme

    Une erreur souvent répétée même par d’autres, Mme Aimée Laurentine Kanyana n’est pas »tutsi » mais elle est belle et bien « hutu ». Que le Jornal Iwacu mène bien une enquête pour éclairer l’opinion parce que cette dame a toujours été présentée comme « tutsi » alors que c’est faux!

    • Jean

      Les Burundais sont malades ou quoi? qui decide sur qui est hutu ou Tutsi? Sur quelle loi?

  25. Miandatdetrop

    Nakomere cane muzehe Sylvère Nimpagaritse. Bandanye basha mutanga uko amanyanga yagenze, kuko ntitugeza twemera ko uburundi bwacu, ibwirizwa shingiro n’amasezerano y’amahoro bihonyanrwa ku gikenye!!!!

    • Tanga

      Ng « uwo niwe mugabo w’ukuri » wamururinvyi CANCO HAMISI yaririmba .
      Je suis sûre que serez récompensé un jour par votre bravoure.

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