Par Clarisse Shaka, journaliste
Chaque matin, je souffre de ne pas avoir une réponse à la question qui me trotte dans la tête : comment vont mes collègues ?
Que font-ils en ce moment ?
Je souffre d’imaginer Christine croupie sur son petit matelas à même le sol Je l’imagine privée de ses amies avec qui elle aimait tant rire…
Je souffre à l’idée de penser qu’Agnès est privée de « Dylan », la prunelle de ses yeux, son fils Dylan, ce prénom qu’elle prononçait tout le temps à la rédaction…
Je souffre de ne plus voir Egide, calme, avec son visage d’ange, innocent, fragile…
J’ai le cœur brisé en pensant à Térence, plus qu’un collègue, un ami que je taquinais tout le temps, que je prenais dans mes bras à chaque fois que je le croisais dans les escaliers… Nos blagues me manquent, Térence.
Je pense à vous quatre, chers collègues.
J’ai la chair de poule quand je pense à ce jour où je vous serrerai encore une fois dans mes bras, quand vous sortirez de prison.
La dernière fois que je l’ai fait, vous alliez passer votre première nuit en prison de Bubanza. J’ai les larmes aux yeux quand je pense à ce jour maudit.
Mais je préfère garder ces larmes en moi,
je les réserve à ce jour J prochain
Quand vous enlèverez enfin l’infâme uniforme vert des prisonniers.
Oui, je vais verser des larmes, mais ce seront des larmes de joie
Je vous attends, impatiemment !
A très bientôt
« Clacla »