Dimanche 22 décembre 2024

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« Tigisi, quoi de neuf? »

JOUR 43

03/12/2019 Commentaires fermés sur JOUR 43. « Tigisi, quoi de neuf? »
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Par Diane Uwimana, journaliste, section anglaise

Tigisi, quoi de neuf?

Près de moi, je te vois encore chère Christine, chaque matin, quelques minutes avant la conférence de rédaction. Un peu perdue dans tes pensées à la recherche d’un bon sujet. J’entends ta voix qui me dit : «Tigisi, quoi de neuf ?» « Tigisi » (mot qui signifie une personne très active ), cest le surnom quelle me donne Christine pour me taquiner. Jérémie, ton «cousin», Mariette aussi la nouvelle recrue, tous tes collègues,  nous vivons difficilement ton absence.

 Mais la vraie «Tigisi » cest vraiment toi, Christine ! « Il y a une  plénière à l’Assemblée nationale, une conférence de presse du parti CNL, il y a un match de…, etc. ». Les sujets, tu n’en manquais jamais, comme tu aimais le dire : « Ce ne sont pas les sujets qui manquent». Christine, aujourd’hui encore, surtout les lundis lors de la conférence hebdomadaire, « we are often in lull period » comme disent les Anglais. Chaque journaliste, surtout ceux qui travaillent au quotidien (Newsletter, Web Radio et Web TV) demandent le concours de tout en chacun. « Kiki », crois-moi, ton absence se fait sentir.

 

Christine, dans cette cellule, salue-moi ma petite Agnès, ton amie. Je sais combien vous êtes proches, depuis votre rencontre à Iwacu, elle en provenance des radios REMA FM, et toi de Bonesha FM, toutes les deux brûlées. Un peu « outsiders » au début, vous vous êtes très vite intégrées dans la grande famille Iwacu.

Dans la rédaction, comme chez Alima à la cantine du journal, votre «couple» suscitait des commentaires amusés, mais admiratifs. Tout le monde sait que vous êtes des grandes bosseuses. Dis à  Agnès qu’elle nous manque. Elle et son humour.   La rédaction a perdu un peu de sa chaleur. Nous avons soif des débats contradictoires d’Agnès dans la salle de rédaction.

Egide, salut.

Tu es toujours silencieux et chétif ? Bon, chétif surement dans ces conditions… Egide, tu sais, tu es parti alors que j’allais te demander ton secret. Comment t’arrangeais-tu pour toujours trouver des sujets pertinents ? Et  surtout, tes « plans B » !  Egide, tu es « le génie des plans B». Vois-tu, dans la rédaction anglaise, tu nous surprenais souvent: «Je n’ai pas pu avoir ma source pour mon sujet défendu ce matin, puis-je travailler sur ceci ? ». Et le « plan B » était encore plus pertinent que le sujet avorté. Tu me répondras dès ton retour sur ton art des « plans B ». Promis ?

Cher Egide, je suis peut-être naïve, dans mon admiration pour toi, je me disais que tu allais trouver « un plan B » pour sortir de la prison. Sorry I am dreaming.

Au secours Térence ! La photothèque te réclame. Les Webmasters sont stressés le matin quand ils ne trouvent pas de photos. Ils doivent parfois chercher longtemps. Toi tu étais rapide pour dénicher la bonne photo dans notre immense photothèque (plus de 120.000 clichés).

« Téra », ta rigueur nous manque: «Avez-vous déjà choisi votre photo de demain», nous demandais-tu souvent, à la fin de la journée. 

Enfin, chers Christine, Agnès, Egide et Térence, là où vous êtes, n’importe qui pourrait y être. Mais soyez rassurés : nous ne sommes pas découragés. Nous restons debout et déterminés à toujours donner une info bien fouillée, équilibrée. Cest dailleurs pourquoi vous étiez allés  à Musigati.

Dans l’attente de vous revoir très  bientôt « Iwacu », restez aussi debout  comme nous!   

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.