Vendredi 22 novembre 2024

#JeSuisIWACU

Une triste visite

JOUR 40

01/12/2019 Commentaires fermés sur Jour 40, une triste visite
#JeSuisIWACU

Samedi, le 30 novembre 2019. Jour de visite à la prison de Bubanza. Il est 11h30. Nous attendons devant les grilles de la prison.

Agnès arrive au parloir avec Christine et nous interpelle avec son sourire.

Tous les jours, plusieurs hommes politiques que nous sommes amenés à rencontrer ne manquent jamais de demander de leurs nouvelles.

Térence et Egide arrivent. Térence n’est pas en forme. Ses collègues et compagnons d’infortune suspectent le paludisme dont étaient atteintes Christine et Agnès il y’a quelques jours.

Il va profiter du passage de l’infirmière du dispensaire de la prison pour se faire consulter.

Fiévreux, il nous dit que notre passage est aussi réconfortant que celui de l’infirmier de la prison.

D’habitude, lorsque nous allons à Bubanza en visite, nous essayons de rigoler, de faire oublier à nos amis leur situation. Ce samedi, la fièvre de Térence a refroidi l’ambiance joyeuse que nous essayons de créer.

Nous sommes repartis tristes. Eux aussi sont rentrés abattus. Triste visite, ce samedi.

Le mardi 22 octobre, vers midi, une équipe du journal Iwacu dépêchée pour couvrir des affrontements dans la région de Bubanza est arrêtée. Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi, Egide Harerimana et leur chauffeur Adolphe Masabarakiza voient leur matériel et leurs téléphones portables saisis. Ils passeront une première nuit au cachot, jusqu'au samedi 26 octobre. Jusqu'alors, aucune charge n'était retenue contre eux. Mais le couperet est tombé : "complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat". Depuis l'arrestation de notre équipe, plusieurs organisations internationales ont réclamé leur libération. Ces quatre journalistes et leur chauffeur n'ont rien fait de plus que remplir leur mission d'informer. Des lecteurs et amis d'Iwacu ont lancé une pétition, réclamant également leur libération. Suite à une décision de la Cour d'appel de Bubanza, notre chauffeur Adolphe a retrouvé sa liberté. Ces événements nous rappellent une autre période sombre d'Iwacu, celle de la disparition de Jean Bigirimana, dont vous pouvez suivre ici le déroulement du dossier, qui a, lui aussi, profondément affecté notre rédaction.